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Le "méchant", un personnage problématique

Publié le par Florian Pennanech (Source : Myriam Tsimbidy)


LE « MÉCHANT », UN PERSONNAGE PROBLÉMATIQUE

Entre identification et distanciation,

le jeu de l'exemplarité dans la littérature de jeunesse

Date limite de proposition des communications : 1 mars 2010

Journée scientifique organisée par l'IUFM de Haute-Normandie le 19 mai 2010

Responsables : Myriam Tsimbidy (IUFM de Haute-Normandie) et Aurélie Rezzouk (IUFM de Haute-Normandie)

Traditionnellement, on considère que le « méchant » correspond au faire valoir du héros. L'opposition entre ces deux personnages crée une véritable dynamique narrative qui engendre le suspense et la curiosité. Toutefois, le lecteur choisit son camp et espère que le combat s'achève par le triomphe de « vraies valeurs ». « Le repérage des valeurs est en effet un des moteurs essentiels de l'investissement du sujet : les enfants ont besoin de savoir qui sont les bons et les ‘méchants'. » écrit Vincent Jouve[i].

Le « méchant » est censé respecter une ligne de conduite en rapport avec les principes, les normes sociales et les lois. Mais que se passe-t-il lorsque le texte modifie ou brouille le système de repérage ?

Les représentations initiales sont alors bouleversées.

Le lecteur est amené à prendre une certaine distance avec ce qu'il avait pu considérer comme un modèle ou un contre-modèle. Derrière le masque du « méchant » se cacherait-il un héros incarnant des valeurs positives ? Un personnage ressenti comme inoffensif et rassurant, pourrait-il se révéler dangereux, déloyal et malfaisant ?

Nous proposons dans le cadre de cette journée de réfléchir sur le « méchant » en tant que personnage problématique :

- Le « méchant » : une catégorisation ambiguë

En fonction de quels critères se définit-il ? Existe-t-il un consensus autour de ce personnage ? En quoi cette étiquette véhicule-t-elle ou non un système de représentations esthétique, idéologique, éthique ? Cette catégorisation dépend-elle du point de vue du narrateur, d'autres personnages ou du lecteur ?

- Le « méchant » et la construction narrative

Le « méchant » en qualité de héros du récit est-il un moyen de bousculer les a priori, de construire une autre perception du monde, ou encore une anodine inversion ? Le découvrir suffirait-il à restituer la pertinence du système ? Serait-ce tout simplement une manière de le rendre inoffensif (cf. les parodies) ?

A quels signaux textuels reconnaissons-nous le « méchant » : ses caractéristiques physiques, vestimentaires, son rapport au langage, son rapport aux autres… ? Par quelles adresses au narrataire, par quels effets d'ironie l'auteur insère-t-il un jugement axiologique ?

Par quels procédés littéraires (brouillage axiologique, ambiguïté de la source énonciative, réticence voire silence du narrateur) la fiction déstabilise-t-elle nos représentations du « méchant » ?

En quoi le choix du mode de narration (focalisation, discours rapporté, monologue intérieur) influe-t-il sur la distanciation ou l'identification du lecteur avec ce personnage jouant le contre-modèle ?

- Le « méchant » dans l'histoire littéraire

Pouvons-nous repérer des étapes historiques, des oeuvres-clef dans la construction de ce portrait du « méchant » sur le plan esthétique, idéologique, éthique ?

- Le « méchant » et l'exemplarité

Le « méchant » est-il uniquement un contre-modèle, un biais pour proposer une exemplarité en creux ou un moyen de rencontrer, de découvrir « l'autre » en soi ?

En quoi la représentation du méchant lève-t-elle le voile sur les ressorts de la violence, du racisme et de la haine ? Révèle-t-elle l'origine d'un système de pensée ignoble  qui peut, comme le montrent Marie-Claire et Serge Martin, « nous traverser à notre insu »[ii] ?

Les pistes présentées sont loin d'être exhaustives. D'autres axes d'étude restent envisageables.

Les propositions de communication d'une page maximum sont à envoyer à myriam.tsimbidy-rochu@univ-rouen.fr et à aurelie.rezzouk@univ-rouen.fr avant le 1 mars 2010.


[i]Poétique des valeurs, Paris, PUF, 2001, p.10.

[ii] Marie-Claire et Serge Martin décrivent ainsi la force du « corps-langage » à propos de Fais moi peur de Malika Ferdjoukh (Quelle littérature pour la jeunesse ? » « 50 questions », Klincksieck, 2008).