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Langue et condition humaine : Gustave Guillaume et Émile Benveniste (Paris Sorbonne)

Langue et condition humaine : Gustave Guillaume et Émile Benveniste (Paris Sorbonne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Philippe Monneret)

 

Langue et condition humaine : Gustave Guillaume et Emile Benveniste

Université Paris-Sorbonne / Salle des actes /20 octobre 2016

Journée d’études organisée par Olivier Soutet et Philippe Monneret

 

La question des rapports entre Guillaume et Benveniste relève en premier lieu de l’histoire et de l’épistémologie des sciences du langage. Les deux linguistes, en dépit de la vingtaine d’années qui les sépare – Guillaume est né en 1883, Benveniste en 1902 –, ont développé leur production scientifique dans une période nettement caractérisée par le courant structuraliste, mais au sein duquel ils se sont inscrits d’une manière très singulière. Ces élèves de Meillet n’ont en effet jamais cessé de concevoir l’idée de structure, de système ou de formalisme en rapport avec la thématisation d’un sujet effectuant des opérations mentales chez Guillaume et constituant une instance énonciative chez Benveniste, avec la prise en considération du lien entre la langue et le monde extralinguistique, et plus largement avec un intérêt central pour la dimension anthropologique de l’étude des langues – autant d’orientations notoirement opposées aux thèses majeures du structuralisme, au moins du structuralisme dit « généralisé ». Or, il semble évident que les orientations énonciatives, cognitives, référentialistes ou indexicales sont aujourd’hui beaucoup plus vivantes que celles qui se réclament d’une visée strictement structurale, définie par le primat de la théorie saussurienne de la valeur, et donc que les apports de Guillaume et de Benveniste semblent avoir survécu au courant dominant de leur époque précisément parce qu’ils n’en n’étaient que marginalement redevables, en raison notamment de la dimension anthropologique de la linguistique qu’ils pratiquaient.

L’orientation directrice de cette journée d’études sera donc d’examiner comment Guillaume et Benveniste incarnent cette appréhension anthropologique de l’étude des langues, selon laquelle l’analyse linguistique est orientée par des questions fondamentales pour l’être humain dans sa globalité, comme être vivant et comme être social. Ainsi, l’analyse linguistique du système verbo-temporel engage la question du temps humain. Ou encore, l’analyse de la personne grammaticale ou du rapport entre langue et discours affronte le problème de la nature du lien qu’établit le langage entre le sujet et le monde. Ces questions, parmi bien d’autres, ont été abordées d’une manière approfondie par les deux linguistes et il sera sans doute instructif de s’interroger sur ce qui les sépare et sur ce qu’ils ont en commun. Ont-ils chacun exploré, via les langues, des facettes différentes de l’humain mais dans une perspective d’ensemble commune ? Ou bien, plus radicalement, leurs conceptions respectives de ce qu’est l’homme dans son rapport au langage sont-elles foncièrement différentes, voire incompatibles ?

Dans une période où les impératifs techniques, économiques et industriels tendent à privilégier l’instrumentalisation des recherches linguistiques et l’obtention de résultats à court terme, on espère ainsi contribuer, à partir des œuvres de deux des plus grands linguistes français, à rappeler que les sciences du langage ont aussi des horizons lointains.

 

Programme

9h30 Accueil

9h45 Philippe Monneret

Introduction de la journée d’études

10h Irène Fenoglio

« L’anthropologie linguistique d’Emile Benveniste : une épistémologie de l’interprétance »

10h30 Charles de Lamberterie

« L'œuvre scientifique de Benveniste : au-delà de l'opposition artificielle entre théorie et pratique ».

11h Jean-Claude Coquet

« Le statut de la connaissance chez Guillaume et chez Benveniste »

11h30 Francis Tollis

« La dimension anthropologique / anthropogénétique de la linguistique de Gustave Guillaume ». 

 

12h-14h Pause déjeuner

 

14h Franck Neveu

« Singulier/Pluriel - Du nombre chez Gustave Guillaume et chez Émile Benveniste ».

14h30 Marie-Christine Lala

« Les enjeux de la question des instances ».

15h Chloé Laplantine

« Gustave Guillaume, Emile Benveniste : quelle grammaire comparée ? »

15h30 Pause

16h Jeanne-Marie Barberis

« Langage et spatialité. Propositions pour une linguistique anthropologique »

16h30 André Jacob

« Temps et langage »

17h Discussion générale

18h Olivier Soutet

Bilan et clôture de la journée d’études