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Dans la zone

Dans la zone

Publié le par Marc Escola

"C’est la zone !" Voilà ce que l’on dit en français courant d’un endroit dont on veut souligner la marginalité ou le dénuement. Dans Les sauvages de la civilisation. Regards sur la zone d'hier à aujourd'hui (éd. Amsterdam), Jérôme Beauchez revient à la source de cette expression. Il exhume les mémoires de la Zone, écrite avec une majuscule, car elle a d’abord été le nom d’un territoire ceinturant les fortifications de Pari, initialement réservé aux manœuvres militaires. Au tournant du XXe siècle, la Zone réunissait tout un lumpenprolétariat exclu du centre bourgeois comme de la banlieue ouvrière. Dans les représentations collectives, ce peuple des marges agrégeait toutes sortes de "sauvages de la civilisation" dont les chroniqueurs du fantastique social – journalistes, nouvellistes ou chansonniers – ont exploité la pré tendue "dangerosité". À partir d’une analyse des histoires et des regards qui ont produit cet ensauvagement, l’essai interroge dans les lignée du  Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles les différentes façons de désigner, mépriser ou dominer les populations marginalisées. Il étudie aussi la violence qu’on leur prête, souvent pour mieux cacher celle qu’on leur fait. Fabula vous invite à lire un extrait de l'ouvrage...

Rappelons à cette occasion l'ouvrage de Filippo Zanghi, Zone indécise. Périphéries urbaines et voyage de proximité dans la littérature contemporaine (Presses Universitaires du Septentrion, 2014), qui s'attachait à la façon dont, depuis les années 1980, les périphéries urbaines sont très fortement investies par les écrivains : François Bon, François Maspero, Jacques Réda, Jean Rolin, Denis Tillinac et Philippe Vasset ont alors "voyagé" sur le pourtour parisien, parfois plus loin, là où, dit-on, la ville est moins ville que la ville, dans des espaces qui souffriraient d’un déficit d’urbanité. Ces six auteurs ont puissamment contribué à compliquer l’opposition facile entre Paris et sa banlieue, en se faisant les agents d’une requalification symbolique de la ville contemporaine. Fabula vous réinvite à feuilleter l'ouvrage…, dont Samuel Harvey et Theo Soula avaient rendu compte en 2016 pour Acta fabula dans "L'écrivain en visiteur périurbain"…

(Photo : La Zone Sud de Paris, Porte d'Ivry ou de Choisy, ca. 1940)