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L'épidémie. Regards croisés sur l'homme (Tunis)

L'épidémie. Regards croisés sur l'homme (Tunis)

Publié le par Marc Escola (Source : Senda Souabni-Jlidi)

L'épidémie. Regards croisés sur l'homme 

Colloque organisé par le laboratoire Intersignes  (LR14ES01)

Tunis, 9-11 décembre 2020

 

De tout temps, la survenue du fléau épidémique constitue un événement c’est-à-dire un fait qui se signale - à l’opposé d’autres faits banals - par son retentissement durable sur la vie individuelle et collective. Cet événement est tragique parce qu’il met l’homme face à ses multiples fragilités et, d’abord, parce qu’il le confronte de manière particulièrement insistante à sa finitude. Mais l’épidémie est aussi un événement dans le sens où elle incite à la réflexion et pousse à la création (Prestini, 2006). Le colloque « L’épidémie. Regards croisés sur l’homme » entend montrer l’épidémie comme une parenthèse dans le temps humain pendant laquelle tout ce qui concerne l’homme est nécessairement reconsidéré à l’aune de sa survie ou de sa mort.

Ce colloque se veut pluridisciplinaire et appréhendera l’épidémie comme une thématique transversale dépassant les cloisonnements traditionnels aux différents domaines d’étude. Le but sera de cerner cette question complexe aussi bien par les représentations qu’en donnent la littérature et les arts que par les réponses que tentent la philosophie, l’anthropologie, la sociologie ou la psychologie car « le mal biologique affecte aussi les entrelacs sociaux, se décline en des modes métaphysiques et moraux, suscite des représentations mentales, sociales et iconographiques, des croyances, des pratiques. » (Chevé et Signoli, 2008).

Quelques pistes sont privilégiées sans être limitatives :

- Qu’est-ce que l’épidémie dit de l’homme pour être si présente en littérature ? Quel effet de la représentation imaginaire du fléau sur la réalité tragique de l’événement ? Peut-on définir une poétique, une rhétorique, une stylistique de l’épidémie ?

- Comment expliquer la résurgence du récit d’épidémie à la fin du XXème siècle et notamment dans le genre de la science-fiction ? À quels discours spécifiques ouvre-t-il la voie en ce XXIème siècle ?

- Quelle place le corps épidémique - cholérique, pestiféré, lépreux ou autre - occupe-t-il en peinture ? Quel impact de la représentation du corps malade sur la représentation de l’homme ?  

- Quels éclairages sur l’individu et les sociétés les sciences humaines et sociales permettent-elles pour comprendre l’homme face à ce qui le dépasse ? Qu’est-ce que la Covid-19 - et notamment en Tunisie - nous apprend-elle ? 

- L’épidémie au XXIème siècle continue-t-elle à drainer la part d’irrationnel que le fléau épidémique a toujours réveillé en l’homme ? L’homme est-il toujours le même face à ses peurs ? Ou les avancées scientifiques et notamment médicales ont-elles définitivement « désenchanté le monde » en rationalisant la maladie ?

- Comment l’épidémie amène-t-elle à repenser le lien social entre peur de l’autre - devenu vecteur de contagion et donc de mort - et salut par l’autre quand une minorité œuvre, au risque de sa vie, à la survie de tous les autres et quand la responsabilité ou l’irresponsabilité de chacun aide à sauver tous les autres ou au contraire entraîne la perte de tous ? Paradoxe d’une situation dans laquelle l’incitation au repli sur soi et à l’isolement tel le confinement devient le moyen par lequel se dit la solidarité. Singularité aussi d’une situation où ce que l’homme a de plus privé, son corps, sa mort deviennent chose publique et se vivent, au-delà de la sphère individuelle et strictement familiale, comme un événement collectif. Comment l’épidémie redessine-t-elle les frontières entre l’intime et le politique quand le corps épidémique devient enjeu de santé publique ? Quels liens entre corps épidémique et corps social, entre maladie et socialité ?

- Quelles attitudes nouvelles face à l’épidémie « l’éthique du care » (Brugère, 2017) pourrait-elle préconiser ?

C’est à ces questions et à d’autres qui auront pour finalité d’analyser l’épidémie comme période de fragilisations multiples de l’homme que le colloque « L’épidémie. Regards croisés sur l’homme » tentera de répondre.

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Bibliographie indicative :

Adam Véronique, Revol-Marzouk Lise (dirs.), La Contamination. Lieux symboliques et espaces imaginaires, Paris, Classiques Garnier, coll. Rencontres n°45, 2013. 

Artaud Antonin, « Le théâtre et la peste » in Le Théâtre et son double, [1938], Paris, Gallimard, coll. Folio Essais, 1985.

Augé Marc, Herzlich Claudine, Le Sens du mal. Anthropologie, histoire, sociologie de la maladie, Paris-Montreux, Éditions des Archives contemporaines, coll. Ordres sociaux, 1983. 

Boëtsch Gilles, Chevé Dominique, « Le corps à l'épreuve du mal : Pour une lecture du corps épidémique au travers de l'iconographie picturale de la peste » in Boëtsch Gilles et Chevé Dominique (dirs.), Le corps dans tous ses étatsRegards anthropologiques, Paris, CNRS éditions, coll. Anthropologie, 2002, pp.115-133.

Brugère Fabienne, L'éthique du « care », Paris, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2017. ISBN : 9782130789222. URL : https://www.cairn.info/l-ethique-du-care--9782130789222.htm

Chevé Dominique, Signoli Michel, « Les corps de la contagion corps atteints, corps souffrants, corps inquiétants, corps exclus ? », Corps, 2008/2 (n° 5), pp. 11-14. DOI : 10.3917/corp.005.0011. URL : https://www.cairn.info/revue-corps-dilecta-2008-2-page-11.htm

Fabre Gérard, Épidémies et contagions. L’imaginaire du mal en Occident, Paris, PUF, coll. Sociologie d’aujourd’hui, 1998.

Gervais Alice, « À propos de la « Peste » d'Athènes : Thucydide et la littérature de l'épidémie », Bulletin de l'Association Guillaume Budé : Lettres d'humanité, n°31, décembre 1972. pp. 395-429. DOI : https://doi.org/10.3406/bude.1972.3490

Prestini Mireille, « La notion d'événement dans différents champs disciplinaires », Pensée plurielle, 2006/3 (no 13), p. 21-29. DOI : 10.3917/pp.013.0021. URL : https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2006-3-page-21.htm

Signoli Michel, Chevé Dominique et al. (dirs), Peste : entre épidémies et sociétés, Florence, Firenze University Press, 2007.

Vitaux Jean, « Chapitre 4. La rémanence de la peste dans l’imaginaire collectif » in Histoire de la peste, Paris, Presses Universitaires de France, coll. Hors collection, 2010, pp. 149-187. URL : https://www.cairn.info/histoire-de-la-peste--9782130584094-page-149.htm

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Merci d’envoyer votre proposition de communication (entre 200 et 300 mots) accompagnée d’un titre ainsi que d’une notice bio-bibliographique (précisant, entre autres, votre université, laboratoire et/ou unité de recherche, de rattachement) aux adresses suivantes : sendajlidi@yahoo.fr et anisno2016@gmail.com.  

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Calendrier :

Date limite de réception des propositions : 30 août 2020

Date limite de réponse : 15 septembre 2020

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Comité scientifique :

Olfa Abrougui (Université de Tunis)

Jamil Chaker (Université de Tunis)

Raja Gmir-Ezzine (Université de Tunis)

Samia Kassab-Charfi (Université de Tunis)

Anis Nouaïri (Université de Tunis)

Senda Souabni-Jlidi (Université de Tunis)

Sonia Zlitni-Fitouri (Université de Tunis)

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Partenariats scientifiques : 

Université de Tunis

École doctorale-Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis