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Kathleen Raine, poétesse du passé ou des temps à venir ?

Kathleen Raine, poétesse du passé ou des temps à venir ?

Publié le par Perrine Coudurier (Source : jessica stephens)

Colloque
24-25 mars 2022

Kathleen Raine (1908-2003) est une poétesse britannique dont la vie couvre le XXe siècle mais dont l’œuvre s’inscrit en opposition à son temps. Nourrie de nature et de poésie, mais aussi de philosophie, cette résistante de l’Imagination plongée au cœur d’un monde de conflits et d’idéologies matérialistes délivre un art et un message beaucoup plus audible aujourd’hui, semble-t-il. On peut ainsi se demander où inscrire l’œuvre de Kathleen Raine : en amont, chez les romantiques ou en aval de son époque, en une sorte d’avant-garde naturo-mystique, voire d’écopoésie ? Appartient-elle à un passé révolu, est-elle l’héritière d’une tradition obsolète, ou au contraire s’affirme-t-elle comme résolument prophète et visionnaire ? Que dire également de cette voix “bardique” de femme isolée dans un monde où celle des poètes hommes prévaut ? Et comment a-t-elle évolué parmi ces figures littéraires cotoyées tels C.S Lewis, Malcom Lowry, Gavin Maxwell, ou encore Elias Canetti ?

Ce colloque international se donne ainsi pour objectif de mettre en perspective une œuvre complexe, parfois paradoxale et d’évaluer sa portée pour le présent et le futur. Voici quelques approches envisagées : 

1/ Kathleen Raine et la France

C’est à la fin des années 70 et au cours des années 80 que son œuvre autobiographique et poétique se fait connaître grâce à l’éditeur et traducteur François-Xavier Jaujard et à la maison d’édition Granit. En 1979, Kathleen Raine reçoit le Prix du Meilleur Livre Étranger (ancêtre du Médicis) pour Adieu Prairies Heureuses, premier tome de son autobiographie. Des recueils de poésie suivent sous les titres de Pierre et Fleur et Isis errante, en 1978 et Le Premier jour, en 1980. Une traduction de 1989 de The Presence paraît chez Verdier en 2003. Férue de littérature française, Kathleen Raine s’en est aussi faite la passeuse en traduisant des ouvrages de Denis de Rougemont, Honoré de Balzac et, plus récemment, Jean Mambrino,. Au cours des années 80-90, elle se rend à Paris à plusieurs reprises, pour intervenir au British Council, à la Sorbonne ou à la Maison de la Poésie. En 2000, elle reçoit le titre de Commandeur des arts et des lettres.

2/ L’héritage du romantisme et le rapport de Raine à ses contemporains

Qualifiée par le regretté René Gallet de néoromantique, l'œuvre de Raine présente une vision résolument ancrée dans la nature. Les années d’enfance passées chez sa tante dans le Northumberland ainsi que ses études de botanique à Girton forgent sa conscience de la présence divine cosmique au sein du microcosme végétal. Cette conscience poétique holistique qui se déploie au-delà du regard ordinaire, imprègne toute son œuvre. Le Grand Livre de la Nature se donne aussi à travers le regard mystique de William Blake et des poètes romantiques anglais dont elle possède une connaissance très approfondie. William Blake, William Wordsworth, Samuel Taylor Coleridge, John Keats, Percy Bysshe Shelley sont autant d’influences prépondérantes. Raine est par ailleurs l’auteur de nombreux essais sur ces poètes avec, notamment Defending Ancient Springs (1967) Quant à son œuvre majeure, Blake and Tradition, elle obtient en 1962 la prestigieuse récompense desAndrew Mellon Lectures aux États-Unis. Kathleen Raine a également abondamment écrit sur l'œuvre de William Butler Yeats. Il faut enfin noter sa grande admiration pour certains de ses contemporains : T.S. Eliot, Edwin Muir, Vernon Watkins, David Gascoyne ou encore Herbert Read. 

Comment relier ces différentes voix entre elles ? En quoi, s’élèvent-elles comme celle de la poétesse en contradiction avec leur siècle ?


3/ Les fondements et le rayonnement philosophiques 

La poésie de K. Raine invite aussi à un questionnement sur l’arrière-plan philosophique, qu’elle nomme elle-même la « Tradition de l’Imagination ». Une tradition essentiellement platonicienne et néo-platonicienne (Plotin et Philon) qui ne rejette pas le monde naturel par opposition au monde des Idées, mais voit l’unité se déployer sans rupture dans le multiple. Cette poésie de la nature donnant accès à l’essence merveilleuse de la vie est à rapprocher d’une vision unifiée du monde, d’une forme de spiritualité très contemporaine, qui n’est pas sans analogie avec la philosophie bouddhique et la tradition indienne, mais aussi, plus familièrement, le symbolisme, l’inconscient collectif de Jung, la pensée de Bachelard ou encore celle de Gilbert Durand. 

4/ La réécriture des mythes antiques

Une autre approche possible est celle de la tradition antique gréco-romaine qui permet d’expliciter des pans entiers de l'œuvre poétique ou autobiographique. La poésie de Kathleen Raine est nourrie de plusieurs mythes antiques connus de tous, ceux de Psyché et d’Isis, mais surtout celui de Déméter et Perséphone. La relation à la déesse-mère, Demeter, se vit dans l’histoire personnelle et l’itinéraire mystique de Kathleen Raine : sa mère, Jessie, issue de la Grande Ecosse matriarcale, au-delà du Mur d’Hadrien incarne le pays de la poésie. Jessie Raine aimait réciter Paradise Lost en arpentant la lande et consignait les premiers poèmes de sa fille avant que cette dernière sache écrire. Elle voyait aussi “la lande vivante”. Le contraste entre l’Ecosse ou le Yorkshire familial et Ilford, triste banlieue londonienne, imprime chez la poétesse ce sentiment de déchéance et d’exil du paradis primordial qu’évoquent certains des poèmes de William Blake (le livre de Thel, en particulier). 

5/ Quelques thèmes de réflexion possibles

Pour finir, voici quelques thématiques possibles : 

Nature et spiritualité dans la poésie/l’autobiographie de Kathleen Raine ;
Comme les poètes du New Age se sont inspirés de William Blake, les poètes d’aujourd’hui   pourraient-ils trouver chez Kathleen Raine une résurgence de la Grande Imagination ?
L’exil et la perte dans la poésie/l’autobiographie de Kathleen Raine ; 
L’amour et la création poétique dans la poésie de Kathleen Raine ; 
Kathleen Raine : une poésie de l’incantation/performative ; 
Kathleen Raine, entre passion et sagesse ; 
Kathleen Raine : poésie philosophique ou philosophie poétique ?
Les figures d’Isis et de Perséphone dans la poésie/l’autobiographie de Kathleen Raine
Kathleen Raine, néo-romantique ou symboliste ?
Kathleen Raine et le fil d’or de la Tradition
Kathleen Raine et William Butler Yeats
Kathleen Raine et “la confrérie d’Eden”
Kathleen Raine et l’Inde
Traduire Kathleen Raine
Faire découvrir Kathleen Raine à des élèves

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