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"Voyages de la notion d'odyssée au XXe siècle : réécritures, transpositions, usages conceptuels en théorie littéraire et dans les sciences humaines"

Publié le par Marion Moreau (Source : Marie Daney de Marcillac)

Journées d’études

« Voyages de la notion d’odyssée au 20e siècle :

Réécritures, transpositions, usages conceptuels en théorie littéraire et dans les sciences humaines »

 

Mercredi 7 et jeudi 8 novembre 2012

 

École doctorale Pratiques et théories du sens (ED 31)

Équipes Littérature et histoires (EA 1579) et Recherches sur la pluralité esthétique (EA 1575)

 

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Salle D143, bâtiment D.

 

Organisées par Marie Daney de Marcillac (Paris 8)  et Céline Barral (Paris 8)

 

       Ces journées d'études se donnent comme une exploration des  voyages théoriques du mot odyssée dans les dehors et aux abords de la littérature : poétique, critique et essais littéraires, discours théoriques, réflexions critiques. Il s'agira d’observer comment la modélisation d'un mythe, celui de l'Odyssée d'Homère, dont on retient le plus souvent un voyage tourné vers le retour, ou encore le parcours et les détours d'Ulysse, a abouti à des usages multiples, voire à la constitution d'une notion théorique. Nous nous intéresserons au devenir notionnel, aux significations, aux emplois métaphoriques et aux transferts de ce mot d'odyssée en théorie littéraire, en philosophie et dans les sciences humaines.

Des pistes ont été déjà ébauchées sur l’écriture philosophique – autour du syntagme « odyssée de la conscience », « odyssée de l’esprit », « odyssée philosophique » (J.-R. Ladmiral , 2003) – et sur les réécritures et continuations littéraires réunies sous la catégorie de « seconde odyssée » (E. Stead, 2009). Il est possible d’ouvrir la recherche à d'autres disciplines des sciences humaines, comme la philologie, la géographie, l'histoire, la psychanalyse et les questions épistémocritiques. D'où l'orientation interdisciplinaire de cette journée et les trois axes retenus :

  • Il importera tout d’abord de retracer dans une approche diachronique et linguistique la généalogie du nom odyssée afin de parcourir le spectre large de ses signifiants modernes, de la référence à l’oeuvre d’Homère à l’usage métaphorique du titre Odyssée, de la réécriture d’une des aventures d’Ulysse à la conceptualisation de ce que signifie une odyssée.
  • A partir de là se déploie moins le conflit des interprétations que la souplesse imaginative et théorique offerte par le mot odyssée et par l’imaginaire de l’Odyssée. Si l’odyssée peut apparaître comme un simple mot dans certains textes (odyssée de l’espace, de l’espèce…), le texte de l’Odyssée s’offre à certaines sciences humaines contemporaines comme un véritable champ d’exploration, voire comme un paradigme critique : récit non littéraire, que certains assimilent à un récit de voyage, d’anthropologue, d’ethnographe (F. Hartog, 1996) où d’autres trouvent le paradigme d’une nouvelle forme de géographie, de spatialisation, un modèle de dépaysement (B. Westphal, 2005 et 2011). L’Odyssée comme source de connaissance sur un monde enseveli, mais aussi comme récit de nature différente de tous nos récits, constitue alors peut-être un seuil ou un paradigme neuf pour qui veut penser hors des critères positifs de scientificité les sciences humaines et leurs récits à elles.
  • Enfin l’Odyssée est un miroir à facettes critique pour les réflexions sur l’Occident, sur la mondialisation, sur la rationalité et la métis, sur un être-colonial de l’homme occidental (Greenwood, 2007, entre autres). Se pose le problème de son ancrage au sein des frontières européennes : dans quelle mesure la référence odysséenne renvoie-t-elle à une pensée européocentrée ? La traduction du nom commun, parallèle à la traduction du titre d’Homère, indique les difficultés du transfert hors d’Europe. Sans être en mesure de reprendre tous les usages souvent polémiques de ce qui est tantôt considéré comme le texte fondateur de la pensée occidentale, tantôt comme son envers, nous aimerions explorer ce que le syntagme d’odyssée dans certains de ses usages extra-européens – Amérique latine, Chine seront nos exemples – reproduit, transfère ou transforme par rapport à ses usages internes.

 

 

Programme

 

Mercredi 7 novembre 2012, 14h30 – 18h30

Salle D 143

 

Présidence de l’après-midi : Tiphaine Samoyault (Université Paris 3)

 

I. Position du problème : les devenirs d’un nom

 

14h45 – Introduction par Marie Daney de Marcillac (Université Paris 8) et Céline Barral (Université Paris 8)

 

15h15 – Frédérique Fleck (Ecole normale supérieure, Paris) et Peggy Lecaudé (Université Paris-Sorbonne) : Du nom propre au nom commun : une odyssée lexicale.

 

16h – Pause

 

II. Ouverture du champ de réflexion : de la poétique aux sciences

 

16h30 – Evanghelia Stead (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) : Seconde Odyssée : poétique de l’énigme et du feu.

 

17h15 – Christine Baron (Université de Poitiers) : Vie et mort cellulaires : une réinterprétation scientifique d’Homère.

 

18h30 – Clôture de l’après-midi.

 

Jeudi 8 novembre 2012, 10h – 18h30

Salle D143

 

II. Réécriture, traduction, transfert

 

Présidente de séance : Rachel Darmon (Université Paris 8)

 

10h – Valentina Litvan (Université de Lorraine – Paris 8) : Ithaque en Amérique latine.

 

10h45 – Céline Barral (Université Paris 8) : Peut-il y avoir une odyssée chinoise ?

 

11h30 – Marie Daney de Marcillac (Université Paris 8) : Des réécritures philosophiques de l’Odyssée à l’invention d’un concept.

 

12h30 : Déjeuner

 

III. Inspiration ou paradigme ?

 

Présidente de séance : Marie-Jeanne Zenetti (Université Paris 8)

 

14h30 – Cléopâtre Athanassiou Popesco (psychanalyste) : L’Odyssée, une perspective psychanalytique.

 

15h15 – Camille Louis (Université Paris 8) : L’Odyssée comme principe d’écriture scénique contemporaine. Transtemporalité, nomadisation et connexion archipélique.

 

16h – Pause

 

16h15 – Jacques Lévy (Ecole fédérale polytechnique de Lausanne) : L’Odyssée comme habiter.

 

17h – Sophie Rabau (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle) : Pour une géographie odysséenne.

 

17h45 – 18h30 : Discussion et conclusion.

 

 

 

Contact : Marie.demarcillac@gmail.com  /  Celine.barral@gmail.com

 

 

 

Références bibliographiques mentionnées :

Emily Greenwood, « Arriving Backwards : the Return of The Odyssey in the English-Speaking Caribbean », in Classics in Post-Colonial Worlds, éd. Lorna Hardwick et Carol Gillespie, Oxford U.P., 2007.

François Hartog, Mémoires d'Ulysse : récits sur la frontière en Grèce ancienne, Gallimard, 1996.

J.-R. Ladmiral, « L'odyssée comme paradigme philosophique » in Ulisse nel tempo, la metafora inifinita, Nicosia Salvatore (dir.), Marsilio, 2003.

Evanghelia Stead, Evanghelia Stead commente l’Odyssée d’Homère, Paris, Gallimard, 2007 ; Seconde Odyssée : Ulysse de Tennyson à Borges, J. Milon, 2009.

Bertrand Westphal, L’oeil de la Méditerranée : une odyssée littéraire, éd. de l’aube, 2005.

­—, Le Monde plausible : espace, lieu, carte, chap. II « Le fil de l’horizon », Minuit, 2011, p. 68-110.