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Images numériques : technique, esthétique et idéologie

Images numériques : technique, esthétique et idéologie

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Caroline RENARD)


Colloque Images numériques : technique, esthétique et idéologie

 

15 et 16 novembre 2012

D’abord simple moyen de codage et de conversion, “le“ numérique (l’usage répandu de l’article défini est révélateur) a envahi nombre de technologies, en particulier celles qui sont liées à la production et à la diffusion d'images fixes ou en mouvement. C’est désormais le régime le plus répandu d’existence et de circulation des données visuelles et sonores. Si son lien à l'image et à l'audiovisuel semble de fait immédiat, son action s'étend aussi aux arts plastiques, à la musique, aux pratiques des arts de la scène et de la rue. Le numérique a aussi bien trouvé sa place dans l’industrie cinématographique et photographique que dans l’expérimentation et le bricolage artistique, réduisant au passage la distance entre domaine professionnel et monde amateur.

Pour autant la situation reste complexe. D’une part, les pratiques signifiantes ou les pratiques sociales ne sont pas transformées à tout coup (en ce qui concerne le cinéma : on peut tourner, monter, diffuser “en numérique“ un documentaire héritier du cinéma direct des années 1960 ; le dispositif de la salle obscure, du point de vue du spectateur, n’est modifié qu’à la marge par l’installation d’un projecteur de DCP. De même, les photographes numérisent leurs images argentiques pour les archiver, voire les retravailler ; et un tirage sur papier peut être réalisé quelle que soit la prise de vue initiale).

D’autre part l’ontologie des images, les pratiques discursives, les approches esthétiques, les modes de réception et d’appréhension des oeuvres sont susceptibles d'être profondément affectés.

Du point de vue des théories, du cinéma comme de la photographie, de nombreuses questions se posent : cette mutation technologique ne fait-elle que confirmer ou consolider les expérimentations plastiques et figuratives des cinémas de la deuxième moitié du 20ème siècle, celles qui mirent en place, en pellicule argentique, et plus tard et secondairement sur bande vidéo, un régime d'images interrogeant les crises de la modernité ? C'était alors à l'art du montage et des mélanges d'images qu'était confiée la tâche d'inventer les formes et les figures d'un monde en mutation ; pour autant la crise annoncée de la représentation n’en finissait pas de se produire. Et du côté de la photographie, les photomontages, les pratiques de la mise en scène, l’hybridation à d’autres médiums se multipliaient, questionnant l’artificialité des images. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Après l’avènement du cinéma sonore et la révolution du direct et de la photographie instantanée, cette troisième mutation semble se développer selon deux grands axes :

D’un côté, les puissances du cinéma et de la photographie se trouvent soit portées à leur extrême (montage de très haute précision, expressivité sophistiquée de l’image et du son) soit ramenées à leur forme radicale (enregistrement brut en basse définition, diffusion sans apprêt, photographies et vidéos réalisées avec des téléphones portables …).

De l’autre, le régime mimétique qui commandait notre rapport au monde par les images est en passe de devenir régime de simulacre et de simulation. A la capture d’images vient se juxtaposer leur synthèse et, qui plus est, capture et synthèse peuvent s’hybrider. Dès lors il ne s’agit plus seulement de produire de la pensée ou de l’indécidable comme le faisaient les cinémas et photographies de la modernité, mais aussi d’éprouver le désir d’incertitude de l’image, de ressentir sa puissance d’ambiguïté. Ce deuxième axe a une portée transdisciplinaire. C'est peut-être ici que cette mutation technique croise les autres pratiques artistiques et atteint une dimension historique révélatrice en se situant du côté de l'incertitude, du trouble et de la constitution d'un nouveau sujet.

 

Les propositions de communication, basées sur des exemples précis d'oeuvres ou de pratiques, pourront concerner les ensembles de questions suivants :

  • Relecture de l'ontologie de la photographie et du cinéma : déplacement de la question du réel / nouveaux rapports entre l’indice et l’icône / renouvellement de la question du point de vue / possibilité d'un regard sans sujet / modification de la position du spectateur …. (approche théorique)

  • Conséquences esthétiques des changements techniques (surfaces, couleurs, pixellisation, mouvements de caméra, profondeur de champ, montage …) / Question du rapport à la pensée : l'oeuvre est toujours un lieu de pensée, mais l'incertitude qui porte sur ses foyers d'énonciation, sur l'origine de l'image et sur sa nature modifie la position du sujet. Ce dernier devient nettement plus incertain et plus aléatoire / Question de l'origine de l'image et du foyer d'énonciation, possibilité d'autonomie de l’image ? Inconscient du film, des images ? (approche analytique)

  • Déterminants idéologiques des mutations techniques, conséquences idéologiques des évolutions esthétiques. Les possibles renouveaux portés par ces innovations techniques dans la perspective économique du troisième capitalisme au sens de F. Jameson (approche politique et culturelle)

  • Le numérique comme un des espaces pivots des pratiques artistiques transversales : devenir des arts (approche historique et esthétique).

Les dossiers devront être envoyés au plus tard le 11 mai 2012 en fichier joint (format Word) à : jean-luc.lioult@univ-amu.fr et à caroline.renard@univ-amu.fr.

L’avis de sélection sera envoyé dans la semaine du 4 juin 2012.