Collectif
Nouvelle parution
Marcel Proust. Du côté de la mère

Marcel Proust. Du côté de la mère

Publié le par Esther Demoulin (Source : Esther Demoulin)

Marcel Proust. Du côté de la mère, dir. Isabelle Kahn et Antoine Compagnon, Paris, MahJ & RMN-GP, 2022

Le centenaire de la mort de Marcel Proust offre l’occasion d’explorer la judéité de l’écrivain, part méconnue de son identité.

Né d’un père catholique et d’une mère juive, Proust est profondément marqué par sa famille maternelle – les Weil –, son milieu et son éducation. Une judéité discrète, voire cryptée, transparaît dans son immense culture, dans son engagement dreyfusard, dans les personnages juifs d’À la recherche du temps perdu, et dans le regard acéré qu’il porte sur les salons et la société de son époque.

À travers une iconographie exceptionnelle et les analyses de treize spécialistes, cet ouvrage propose un regard renouvelé sur Proust et son œuvre, mettant en lumière les replis de sa personnalité.

Les auteurs

Mathias Auclair, conservateur général, directeur du département de la Musique de la Bibliothèque nationale de France

Jérôme Bastianelli, écrivain, président de la Société des amis de Marcel Proust

Évelyne Bloch-Dano, écrivaine

Isabelle Cahn, conservatrice générale honoraire des peintures au musée d’Orsay

Mathias Chivot, historien de l’art, responsable des archives Vuillard

Antoine Compagnon, de l’Académie française, professeur émérite au Collège de France

Sophie Duval, maître de conférences à l’université Bordeaux Montaigne

Elisabeth Ladenson, professeure de lettres à Columbia University

Nathalie Mauriac Dyer, directrice de recherche à l’ITEM (CNRS-École normale supérieure)

Yuji Murakami, maître de conférences à l’université de Kyoto

Catherine Nicault, professeur honoraire à l’université de Reims

Henri Raczymow, écrivain

Paul Salmona, directeur du mahJ

Dorota Sniezek, attachée de conservation au mahJ

L'ouvrage est le catalogue de l'exposition « Marcel Proust, du côté de la mère », visible au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme du 14 avril au 28 août 2022. Cette exposition est la première manifestation en France présentant l’écrivain à travers le prisme de sa judéité. Organisée à l’occasion du centenaire de sa mort, cette exploration met en avant un axe important de la construction de sa personnalité et de son œuvre. Peintures, dessins, gravures, ouvrages permettent de découvrir ce sujet inédit, à travers des thèmes touchant aux liens familiaux et aux « mondes » de Proust, ainsi qu’à ses engagements.

Avec près de 230 peintures, dessins, gravures, ouvrages, documents — dont des œuvres majeures de Monet (l’un de ses peintres préférés), Rodin, Bonnard ou Vuillard, ainsi que des épreuves corrigées par l’auteur de Du côté de chez Swann et de Sodome et Gomorrhe — l’exposition aborde un aspect fondamental de la personnalité et de l’œuvre de Marcel Proust (1871-1922) qui, à la disparition de sa mère, en 1905, se mit sérieusement au travail, porté par la pensée qu’il lui serait « si doux avant de mourir de faire quelque chose qui aurait plu à maman ». L’écriture de son grand œuvre, À la recherche du temps perdu, l’accaparera dès lors jusqu’à sa mort.

Après avoir mis en lumière le lien de Proust avec sa famille maternelle, les Weil — israélites parfaitement intégrés à la bourgeoisie moderne de leur temps qui jouèrent un rôle important dans l’histoire des juifs de France —, l’exposition s’articule autour de plusieurs thèmes abordant les sociabilités de l’auteur, son engagement au moment de l’affaire Dreyfus, sa vision de l’homosexuel considéré comme un alter ego du juif, l’éclosion d’une modernité portée par des intellectuels et des artistes juifs au début du 20e siècle, ainsi que la question de la mémoire comme élément central de l’identité juive et de l’écriture de la Recherche.

L’exposition évoque également les lieux qui ont marqué sa vie, sa participation à la Revue blanche, l’influence qu’eut sur lui l’écrivain anglais John Ruskin – dont Proust et sa mère traduiront Sésame et les lys –, la structure des manuscrits proustiens rappelant celle du Talmud, son intérêt pour l’histoire d’Esther ou le Zohar, les personnages juifs de laRecherche, l’antisémitisme dans la France de la fin du 19e et du début du 20e siècle, ou encore la réception critique de ses ouvrages dans les revues sionistes des années 1920.

À travers la judéité de l’écrivain, l’exposition révèle aussi cette « part juive », trop souvent ignorée, de la France du 19e siècle, où les israélites purent accéder à tous les domaines de la vie politique, économique, sociale et culturelle, dans un mouvement d’intégration sans précédent dans l’histoire et alors sans équivalent en Europe.

L’exposition « Marcel Proust, du côté de la mère », bénéficie de prêts d’une trentaine d’institutions à l’étranger et en France, parmi lesquelles la BnF, le musée du Louvre, le musée Carnavalet, le musée Marcel Proust à Illiers Combray, et de prêts exceptionnels du musée d'Orsay. Elle est accompagnée d’un riche programme (rencontres, conférences, concerts, activités pour le jeune public, visites guidées et promenades hors les murs).