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Géométrie des formes filmiques. Mathématiques et matières du cinéma

Géométrie des formes filmiques. Mathématiques et matières du cinéma

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Jean-Michel Durafour)

 

Géométrie des formes filmiques : Mathématiques et matières du cinéma

 

Journée d’études, organisée par Jean-Michel Durafour, LISAA/Université Paris-Est Marne-la-Vallée

Jeudi 6 octobre 2016

 

 

Appel à contributions

 

Les mathématiques peuvent imprégner les procédures de création et d’administrations filmiques – prise de vue réelle ou animation – à plus d’un titre, depuis le script (contexte narratif : l’intrigue met en scène des mathématiciens, par exemple) jusqu’à la plus récente algorithmicité des images numériques générées par ordinateur. L’« appareil de base » (Jean-Louis Baudry), la caméra photographique, naturalise elle-même d’emblée la géométrisation perspective inventée par la Renaissance – Alberti en tête – en en faisant désormais le résultat génétique d’un mécanisme optico-chimique. Le spectre est donc très large, et d’intérêt variable, depuis les mathématiques comme prétexte scénaristique jusqu’à leur action modélisante (que d’autres arts connaissent bien depuis plus longtemps : la composition musicale).

La présente journée d’études, pour sa part, veut examiner plus spécifiquement une autre question : celle, représentative, appliquée aux formes filmiques à partir des objets et des motifs mathématiques : figures (cercles, spirales, rectangles, mais aussi échiquiers…), courbures, plis, fibrés, topologies. La géométrie dont il est question est, on comprend aisément pourquoi, la géométrie euclidienne, celle de notre espace environnant (analogique), mais aussi, et non seulement grâce aux derniers développements technologiques, peut relever de géométries contre-intuitives encore représentationnelles (il faut pouvoir les faire voir avec les moyens d’appareils euclidiens et à un œil d’éducation euclidienne), c’est-à-dire évoluant dans un monde borné par les trois dimensions classiques – les géométries non euclidiennes différentielles, entre-dimensionnelles, où les formes difféomorphiques évoluent entre deux variétés euclidiennes par recollement ou trame métrique : surface de Riemann, objets fractals de Mandelbrot, tore de Klein, triangle de Penrose, ruban de Möbius, surface de Boy ; déjà la cartographie. Les figures non euclidiennes, détachant le mode de production du film de la stricte obédience référentielle et photographique (reproductionnelle), et le rapprochant ceteris paribus de la représentation picturale, non analogique, in abstentia, permettraient ainsi au cinéma d’intégrer dans ses régimes de figuration des géométries dont la littérature (Lovecraft, Calvino, Borges, Ballard) ou les arts visuels (Duchamp, Metzinger, LeWitt) se sont également emparés.

Si l’on s’en tient à une simple logique d’auteur, on doit d’abord faire deux constats pessimistes quant à la présence des formes géométriques dans l’image : 1/ celui de l’affaiblissement – c’est sous des formes extrêmement vulgarisées que les figures géométriques les plus complexes et les théories qui les pensent sont instrumentalisées dans les arts visuels (les peintres ou les cinéastes ne sont pas des mathématiciens de formation, et ils doivent négocier avec des contraintes matérielles qu’ignorent les géomètres) ; 2/ celui de l’aliénation – si l’on suit une intention délibérée d’avoir recours à telle ou telle figure géométrique dans un film, c’est souvent uniquement pour illustrer une autre modulation théorique (rêves, science-fiction, etc.), et généralement, en raison du premier constat, sous les aspects les plus superficiels de telles figures, ni sans se soucier vraiment des éventuelles objections rencontrées en cours de route dans la mise en images. « On discutait ferme à l’époque de la quatrième dimension et de la géométrie non euclidienne. […] Et, en dépit de tous nos malentendus, ces idées nouvelles nous aidèrent à prendre nos distances à l’égard des banales habitudes de penser » (Duchamp). L’importance artistique de la géométrie représentée dans les arts visuels, si l’on excepte l’image produite mathématiquement, est essentiellement, comme dans le cubisme, de permettre à des artistes de faire progresser imaginairement la question de la représentation en suggérant de nouveaux possibles.

Le but de cette journée d’études est autre : non seulement n’interroger que les formes filmiques géométriques, à l’intérieur de l’ensemble des champs d’intervention des mathématiques au cinéma – présupposé d’objet – mais également ne tenter de les interroger que de l’intérieur des formes elles-mêmes – présupposé de méthode –, de ne s’attacher qu’au développement de ces formes dans leur milieu fabulé (interactions, effets) et dans les instructions figuratives, de questionner les modalités à la fois formelles et matériologiques (la matière, par exemple, courbe l’espace) par lesquelles les formes géométriques ne sont pas seulement filmées mais aussi filmantes et font retour sur les images dans lesquelles elles s’inscrivent par des vectorisations d’invention figurative et des formules de métamorphoses, projectives ou non, des textures spatiales et des tissus spatialisés.

 

Comité scientifique :

  • Nicole Brenez
  • Marc Cerisuelo
  • Antoine Gaudin
  • Sophie Lécole Solnychkine
  • Barbara Le Maître
  • José Moure

 

Les propositions de communication sont à envoyer au plus tard le 30 avril 2016 à l’adresse électronique suivante : jean-michel.durafour@u-pem.fr.