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Festival D'un pays l'autre (Lille). Découvertes et aventures de la traduction littéraire

Festival D'un pays l'autre (Lille). Découvertes et aventures de la traduction littéraire

Publié le par Université de Lausanne (Source : Éditions La Contre Allée)

EN COMMUN

Festival D'un Pays l'Autre 2020, du 7 au 11 octobre 2020 à Lille*

L’histoire n’est pas écrite, son cours est incertain. (…) C’est dans la dynamique du rassemblement que le collectif émerge, prend forme, se mobilise, définit ses aspirations et ses raisons communes d’agir.
Nicole Lapierre, Faut-il se ressembler pour s’assembler ? (Seuil, 2020)

Comme une boule à facettes, la notion de « commun » reflète une multitude d'expériences et de singularités. Les polir, pour essayer d'en montrer une seule et unique facette, serait condamner l'éclat de ses reflets changeants, sans pour autant réussir à en montrer l'essentiel. Où est-il le commun, et comment le reconnaître ? Loin de fournir une réponse univoque, la programmation de cette nouvelle édition du festival laisse plutôt supposer que si le commun est quelque part, pour le dire avec les mots d'une des invitées de cette édition, Myriam Suchet,  c'est dans la prolifération des modes de relation.  Montrer et partager ces expériences collectives en donnant la parole à celles et à ceux qui, sur le terrain, écrivent, traduisent, sous-titrent, éditent, filment et travaillent pour tisser et imaginer des liens véritables et fructueux, voilà ce qui nous a guidé.e.s dans cette programmation. Si l'histoire n'est pas écrite, et si elle est plus pétrie d'incertitudes que jamais, le festival vous invite aux rassemblements, pour dégager l’essentiel de ce qui nous est commun et le défendre collectivement.

 

Au programme :

Mercredi 7 octobre

Conférence inaugurale de Nicole Lapierre
18h30-20h, Sciences Po Lille
9 rue Auguste Angellier, Lille
métro République
Inscription obligatoire à : contactlacontreallee@gmail.com

Dans un monde où la notion de vivre ensemble devient de plus en plus sensible, Nicole Lapierre déconstruit les diktats qui ont cherché soit à reconnaître et assimiler, soit à dissocier et séparer les individus. De la famille biologique à la famille nationale, de l’exclusion géographique à l’assimilation linguistique, son essai Faut-il se ressembler pour s’assembler ? (Seuil, 2020) épluche ces mouvements de société qui n’ont jamais tout à fait su comment faire rimer minorité avec égalité.
Lors de cette conférence inaugurale, elle viendra, en contrepoint à cette analyse, soutenir un comparatisme fructueux, apte à reconnaître les différences sans leur imposer de hiérarchie, un “processus de co-connaissance et de co-reconnaissance” tendant vers l’universalisme sans renier les singularités de chacun.

 

Jeudi 8 octobre

Journée d’étude
à partir de 9h30 à la Meshs
2 rue des Canonniers, Lille
métro Gare Lille Flandres
Gratuit, réservation obligatoire à contactlacontreallee@gmail.com

10h-11h Cartographier les langues par delà les frontières
Parcourir les cartes du monde pour saisir l’évolution historique de plusieurs milliers de langues et de dialectes maniés aux quatre coins du globe, voilà une entreprise ambitieuse à laquelle s’est attelé le géographe Jean Sellier dans son ouvrage Une histoire des langues et des peuples qui les parlent (La Découverte, 2019).  Comment dès lors retracer l’histoire des langues, ce fait social propre à la destinée de chaque peuple ? Des mystères des traditions orales jusqu’à la diffusion massive de textes imprimés, l’ouvrage invite le lecteur à sillonner son propre parcours entre les régions et les époques. Le géographe et son travail tentaculaire témoignent surtout des ramifications infinies entre les langues, de leurs frontières poreuses et mouvantes qui partagent autant qu’elles relient les peuples qui les parlent.
Modération : Anne-Lise Remacle

 

11h-12h  Une page dressée comme une table de convives
 «Y trouve qui veut ce qu’il veut. Ce sont des amorces, l’important c’est qu’elles promettent ». C’est sous l’égide de cette injonction à la découverte lancée par Roland Barthes que Myriam Suchet déploie L’Horizon est Ici, pour une prolifération des modes de relation (Éditions du commun, 2019), ouvrage expérimental dans lequel la littérature se révèle force créatrice de liens entre les textes, les êtres et les idées. Avec sa mise en forme empruntée au Talmud judaïque, cet horizon tenu à portée de mains fait dialoguer des fragments textuels aux quatre coins de chacune des pages. Au fil de ces échanges se tisse la possibilité d’autres modes de relations qui pourraient bien ouvrir la voie à des manières alternatives « d’être à la fois entre nous, en nous-mêmes et au monde ».
Modération : Dulia Lengema

 

14h - 15h30 La traduction comme expérience partagée
Un esprit de communauté, un “entre-deux” créatif se révèle parfois fructueux à l’activité de la traduction elle-même. La relation privilégiée et souvent unilatérale d’un auteur avec son traducteur peut ainsi s’ouvrir au travail en binôme.  Que se passe-t-il alors quand l’échange entre deux sensibilités s’invite dans la traduction de textes pétris d’idiomatismes et de jeux sur la langue ?
C’est ce dont viendront discuter, lors d’une table ronde animée par Dulia Lengema, les traducteurs Laurent Lombard, Laurence Kiefé et Jacques Jouet. Le premier s’est associé à Jean-Paul Manganaro pour traduire Bas la place y’a personne (Verdier, 2018), puissant et singulier récit d’enfance de l’autrice italienne Dolores Prato. Les deux autres travaillent ensemble à la traduction de poèmes inédits d’Henry Mathews, poète américain et membre de l’Oulipo, disparu en 2017 (P.O.L, 2021).
Modération : Dulia Lengema

 

15h30-16h30 Traduire pour régénérer les trésors
Que peut la plume d’un traducteur contemporain face à des oeuvres centenaires connues de tout lecteur et qui font, au fil des décennies, office de patrimoine partagé, de récits communs ? Qu’il s’agisse des effrayantes prophéties dystopiques de George Orwell ou des épopées insulaires de Robert Louis Stevenson, la retraduction est toujours un exercice de réécriture (ré)novatrice, un entretien de la mécanique du texte auquel il est rendu une justice adaptée à la modernité de notre époque. Josée Kamoun viendra nous éclairer sur sa retraduction plus directe et dépouillée d’un 1984 plus que jamais d’actualité (Gallimard, 2018). Elle échangera avec Jean-Jacques Greif dont la nouvelle traduction de L’Ile Au Trésor (Tristram, 2018) dépoussière le filtre linguistique qui aseptisait, dans les précédentes traductions, le parler de ses pirates et aventuriers. Son travail redonne au texte et à ses dialogues hauts en couleur, tout le sel des voix rustres et piquantes de ce classique anglo-saxon.
Modération : Anne-Lise Remacle

 

“Ce texte, il est ce qu’on a pu” : traduire un récit d’entre les genres
à 19h, Librairie L’Affranchie
6 place Sébastopol
métro République

Inscription obligatoire à : laffranchielibrairie@gmail.com

Lorsque l’engagement poétique devient indissociable de l’engagement politique, la réception, la traduction et la diffusion d’un texte se doivent d’être le fruit d’un travail collectif et militant. C’est ce dont a bénéficié le roman Stone Butch Blues de Leslie Feinberg (Hystériques et AssociéEs, 2019), véritable référence communautaire lesbienne et trans qui n’avait jusqu’ici jamais été éditée en français. Christine Aventin s’entretiendra avec l’éditrice et traductrice Noémie Grunenwald ainsi qu’avec deux des traducteurs.trices qui ont travaillé à rendre limpides les nuances politiques et émotionnelles de ce roman d’apprentissage LGBT. Cette rencontre sera donc l’occasion de mettre en lumière le liant de ces communautés solidaires qui permettent aux marginalisé-es de tenir ensemble et de survivre coute que coute à la violence de ce monde.

Vendredi 9 octobre

14h-16h Traduire à la marge atelier de sous-titrage DIY
Bibliothèque Humanités, Université de Lille
Campus Pont de bois
Bâtiment A, salle A1.727
Villeneuve-d'Ascq, métro Pont de bois
Gratuit, réservation obligatoire par mail à contactlacontreallee@gmail.com

Animé par Leeo Lebel Canto et Nino S.Dufour.

"J’ai très envie de partager ce beau film autoproduit ! Mais voilà, il n’est pas sous-titré…"
Heureusement, le Do It Yourself nous a appris que rien n’est impossible : on rassemble quelques ami.es motivé.es, on partage nos connaissances en langues, on installe un petit logiciel libre, on se retrousse les manches et on se lance !
Cet atelier vous propose de vous initier à la traduction-adaptation en partant de bandes-annonces de cinéma, notamment de films LGBTQI et féministes. Le but : devenir autonome pour sous-titrer des films sur des thématiques minoritaires qui vous concernent. Le plaisir et les contraintes qu’impose la traduction à plusieurs, la richesse de la confrontation de nos points de vue situés seront mis à l’honneur.

> Le nombre de places étant limité, la priorité sera donnée aux femmes et aux personnes LGBTQI.

Gratuit, réservation obligatoire par mail à contactlacontreallee@gmail.com

 

Quelles sont les règles qui guident la traduction ? Si l’on conçoit aisément ce que pourrait être une traduction fausse, il est plus difficile de penser une traduction vraie. On dirait plutôt juste. Mais juste pour qui ? Par rapport à quoi ?
Attention aux barbarismes, nous dit-on, ces attaques contre la langue. Mais qui sont les barbares, ces étrangers sans manières ? Et surtout, de quelle langue parle-t-on, elle qui n’existe qu’à travers ses locuteur·rices ? D’une langue à une autre, ou d’une langue à elle-même, le travail de traduction s’inscrit dans la recherche d’un sens commun qui implique de penser la communauté d’où a émergé un texte, de voir à qui il est destiné et ce qu’il cherche à transmettre. S’inspirant de leurs propres expériences de traduction de langues, de travaux de sociologie ou de linguistique ou d’explorations littéraires qu’elles ont publiées, les revues CAFÉ et Papier Machine mettent en commun leurs questionnements pour interroger dans une conférence vivante ce qui dans et par la langue nous relie. Modération: Jessica Wilker.

Samedi 10 octobre

Un conte multilingue : atelier jeune public avec Dulala

médiathèque de Wazemmes à 15h
134 Rue de l'Abbé Aerts, Lille
métro Wazemmes
gratuit, réservation obligatoire par mail à lpatte@mairie-lille.fr
médiathèque Jean Lévy à 17h
32-34 rue Edouard Delesalle, Lille
métro République
gratuit, réservation obligatoire par mail à jvermeesch@mairie-lille.fr

Savez-vous qu'il existe plus de 7000 langues dans le monde, et qu'en France on en compte plus de 600 ? C'est ce que vont découvrir les enfants qui participeront à l'atelier, en devenant détectives des langues... Leurs missions ? Comprendre un conte qui sort d'une boîte raconté dans une langue mystérieuse, résoudre des énigmes autour des langues qui les entourent, s'essayer à la calligraphie pour créer un jeu multilingue.
A vos langues, prêts ? Partagez !
Atelier animé par Coline Rosdahl, responsable du matériel pédagogique de Dulala

 

Dimanche 11 octobre

Yiddish, un film de Nurith Aviv : la vitalité poétique d’une langue engloutie
11h15-13h, cinéma Le Majestic (et non au Métropole comme précedemment annoncé !)
54 rue de Bethune, Lille
métro République
Tarif 6 euros

La cinéaste Nurith Aviv part à la rencontre de sept jeunes d’aujourd’hui, tous épris de poésie yiddish écrite dans l’entre-deux guerres. Les années 1920-30 représentent un formidable élan créatif pour la culture yiddish, en ont émané des textes poétiques à la fois universels et intimistes, branchés sur tous les courants littéraires et artistiques de l’époque. Ces poètes polyglottes parcouraient les continents, de l’Europe de l’est au nouveau monde américain : le “Yiddishland” n’avais pas de frontière mais une langue ouverte aux quatres vents des pérégrinations de ceux qui l'habitaient. Les protagonistes contemporains du film, certains Juifs, d’autres non, vivent eux aussi, dans le monde d’aujourd’hui, entre différentes langues et pays. Chacun évoque sa relation personnelle au yiddish et à un poète qu’il aime particulièrement : cette poésie n’appartient pas uniquement au passé meurtri d’une culture juive, elle insuffle au contraire un parfum singulier de rébellion, de mélancolie et de féminisme.
La projection sera suivie d’une rencontre avec la réalisatrice, animée par Frédéric Yvan.
En partenariat avec l’Aleph et Savoirs et Clinique.

*En raison de la situation sanitaire actuelle, le déroulement du festival pourrait subir des modifications. N'hésitez pas à nous écrire ou à consulter notre site internet pour être tenu.e.s au courant des changements.