Actualité
Appels à contributions

"Ecritures dramatiques et scéniques d'Amérique latine aujourd'hui: quelles émancipations?" (Toulouse)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Université Toulouse Jean Jaurès)

Appel à contribution

"Ecritures dramatiques et scéniques d'Amérique latine aujourd'hui: quelles émancipations?"

Université Toulouse Jean Jaurès, 19-20 mars 2020

***

DESCRIPTION :

Cette rencontre a vocation à fédérer un réseau de chercheureuses sur la création dramatique et scénique latino-américaine contemporaine, domaine qui n’est encore investi que de manière sporadique dans le monde académique français. Elle a lieu significativement vingt ans précisément après la création des « Roswita », réseau conçu alors afin de visibiliser la recherche concernant le théâtre espagnol contemporain. Si « Roswita » s’était par la suite ouvert à l’Amérique latine, l’Espagne est restée jusqu’à présent le centre principal de ses activités. Or, il apparaît aujourd’hui nécessaire d’accorder aux écritures dramatiques et scéniques d’Amérique latine un espace à part entière : l’appréhension de cette production théâtrale répond à des problématiques spécifiques qu’il s’agit d’aborder dans un nouveau réseau autonome. C’est pourquoi, avec le parrainage des « Roswita », et donc une collaboration entre les laboratoires du CHER de l’université de Strasbourg et de LLA-CREATIS de l’université de Toulouse, l’enjeu de ces journées d’études est d’impulser ce nouveau projet avec, pour nom provisoire « Quetzal » (Questions théâtrales sur la Zone d’Amérique Latine) et, pour premier axe, celui des émancipations. 


Cette première rencontre scientifique se propose ainsi de questionner le rapport dialogique entre l’effervescence actuelle des productions dramatiques et scéniques, et celle des mouvements d’émancipation qui se déploient en Amérique latine sous diverses modalités. En effet, alors qu’en termes de politique institutionnelle, on assiste à l’épuisement du cycle progressiste (virage libéral en Équateur, crise terminale du chavisme au Venezuela, retour au pouvoir de la droite en Argentine et au Chili ou de l’extrême droite au Brésil et en Colombie), une mosaïque diverse de mouvements et de mobilisations d’une grande vitalité continuent à porter des ambitions émancipatrices dans tout le continent : renouveau du mouvement féministe (avec la manifestation #Niunamenos ou le mouvement pour la dépénalisation de l’avortement en Argentine), occupation (le Mouvement des Travailleurs Sans Toit), Mouvements pour les Droits de l’Homme ((Madres et Abuelas de Paza de Mayo ou H.I.J.OS par exemple en Argentine), réappropriation des ressources et des moyens de production (les aqueducs communautaires en Colombie), émergence d’économies et de pédagogies alternatives (l’Escuelita d’EZLN au Mexique), de sociétés alternatives (les Mapuches au Chili, les zapatistes au Mexique), de mouvements alternatifs de pensée critique (Le groupe Modernité/Colonialité), de  perspectives alternatives théoriques (le féminisme décolonial), pour n’en citer que quelques-uns. 


Comment les scènes latino-américaines contemporaines s’articulent-elles à ces nouvelles dynamiques ?  Loin de reconduire le stéréotype d’un théâtre latino-américain circonscrit à la question politique, l’enjeu est de favoriser cet axe problématique en prenant en compte ce contexte spécifique. De plus, si le théâtre politique n’est pas entendu comme synonyme de “théâtre militant”, il ne s’agit pas non plus d’exclure ce dernier. Ce seront les « écritures théâtrales », dans leur ensemble, et dans leurs rapports (critiques, de reconduction, de co-construction, de rejet) aux mouvements d’émancipations existants qui feront l’objet d’une étude.

Les communications des participant.e.s porteront sur la manière dont ces écritures – comprises au sens large, tant en termes de texte dramatique, que de création collective, de théâtre forum, de performance, et de toutes autres formes d’« écritures du corps » –  déploient des esthétiques diverses qui convoquent, invitent, inventent, interrogent le politique. Si la perspective sera avant tout esthétique, des journées d’études sur les arts et les émancipations ne peuvent faire l’économie d’une réflexion sur les liens entre les artistes et les institutions ainsi que sur les conditions concrètes de production culturelle, ce pourquoi les propositions abordant le sujet depuis la sociologie des arts de la scène auront toute leur place. Plus largement, ce projet d’un réseau de jeunes chercheur.euse.s sur la création dramatique et scénique latino-américaine contemporaine se veut fondamentalement pluridisciplinaire.


Par ailleurs, étudier les écritures scéniques et dramatiques actuelles d’Amérique latine, qui se sont forgées dans un rapport d’attraction/répulsion avec l’Europe, implique également pour les chercheurs européens d’interroger les limites de leurs propres outils d’analyse et de catégories de pensée encore profondément marquées par l’héritage de la modernité. En cela, l’approche épistémique du corpus de pays ayant été colonisés doit être particulièrement réflexive, c’est pourquoi les propositions visant à affiner/visibiliser ou, du moins, à assumer le caractère partiel de leur perspective seront particulièrement appréciées. 


Les journées d’études répondront à un format classique essentiellement basé sur des communications théoriques et des temps d’échanges. Toutefois, en cohérence avec une démarche soucieuse de participer au renouvellement des catégories de pensée, et convaincue de la valeur cognitive des expressions artistiques, il s’agira de diversifier ensemble les moyens d’échange et cet appel reste donc ouvert à des propositions prenant des formes non conventionnelles (conférences gesticulées, tables rondes, performances, ateliers…). En outre, des représentations théâtrales et performatives ponctueront l’événement, articulées à des moments d’échanges entre universitaires et artistes, grâce à la collaboration de compagnies locales qui se fondent sur un lien avec l’Amérique latine.   
Enfin, ces journées feront l’objet d’une publication collective. 
 
Les propositions de communication d’une longueur de 300 mots environ sont attendues avant le lundi 4 novembre 2019 à l’adresse suivante : quelles.emancipations@gmail.com