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École thématique : Performance et archives (Saint-Étienne)

École thématique : Performance et archives (Saint-Étienne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Ross Louis)

Se déroulant les 6 et 7 octobre 2021, l’École thématique Performance et Archives portée par l’université Jean Monnet est co-organisée par trois établissements d’enseignement supérieur – l’université Jean Monnet, l’université Lyon III (France) et l’université de Xavier de Louisiane (États-Unis). L’École thématique est enfin soutenue par le MAMC+, l’ESADSE et l’ENSASE.

Inscrite dans un contexte scientifique qui interroge des objets tels que la ville, la mémoire et l’héritage, ou encore le temps dans les arts contemporains, l’École situe les questions liées à la performance et aux archives au cœur de ses thématiques. Il s’agira en particulier d’aborder des approches interdisciplinaires, théoriques et pratiques, spécifiques des performances studies méconnues en France, en dehors du champ des études théâtrales. Cette manifestation s’adosse enfin à un projet de recherche en cours - se rapportant à la construction sociale et esthétique d’identités plurielles à la Nouvelle-Orléans (États-Unis) -, qui est porté par deux laboratoires de l’université de Lyon (ECLLA à l’université Jean Monnet et MARGE à l’université Lyon III) et un laboratoire de l’université de Xavier en Louisiane (Performance Studies Lab).

Si les performances studies marquent actuellement le paysage des SHS et des arts, principalement aux États-Unis, si elles questionnent les méthodes et approches disciplinaires établies, il s’agira de s’intéresser plus particulièrement aux performances qui s’emparent de l’archive afin de saisir le travail des artistes qui performent l’archive, mais encore d’inviter les participants à la Recherche-Action à laquelle logiquement la performance ouvre. Réunissant chercheurs et artistes visuels, numériques et de performance, l’École thématique proposera ainsi tout à la fois des cours théoriques sur la/les théories de la Performance, ou Performances Studies, et des ateliers qui performent l’archive. Il s’agira en somme de comprendre les Performances en théorie et en acte en performant l’archive dans des projets personnels.

La performance comme action, comme méthode et comme recherche

Si la performance se définit comme « comme expérience, compétence et modèle », selon Barbara Roland, elle se trouve également aujourd’hui au croisement de l’ethnographie, de la sociologie, de la technologie, de l’art, de la communication, etc.[1] Il s’agira alors d’adopter la position des Performance Studies en utilisant la performance comme méthode de recherche (Performance as Research, PaR)[2], c'est-à-dire en la considérant autant comme pratique créative que comme méthode pour mettre l’accent sur la réciprocité entre « faire » et « savoir ».[3] In fine, cette école thématique conduira à apprécier différemment la distinction entre la production de la connaissance (de la performance, d’archive) et une production créative invitant à envisager le faire comme producteur de connaissance et à reconsidérer l’opposition faire/savoir ou pratique/théorie.

Théories de la performance et archives

Dans leur ouvrage « Performing Archives / Archives of Performance »,[4] Gunhild Borggreen et Rune Gade observent que le contrepoint entre la performance et l’archive, où l’un signifie l’impermanence et l’autre la stabilité, n’est pas si clair si l’on considère la récente profusion d’archives (ex. un lieu de préservation, la collecte numérique de data, la mémoire publique, l’archive comme instrument de pouvoir) ou que l’on tienne compte des multiples significations de la performance. Josette Féral définit cette dernière comme un concept multisignifiant et pluriel se caractérisant par « l’ambiguïté des flux de sens, d'instabilité, de glissement des formes et des significations »).[5] La performance et la théorie de la performance en effet se sont construites à l’articulation de champs disciplinaires multiples : l’anthropologie, les études théâtrales et la philosophie pragmatique, la performance devenant un paradigme de recherche à travers les mouvements sociaux des années 1960 et 1970 (manifestations pour les droits civils, manifestations contre la guerre, marches de libération des femmes, construction des identités sociales (race, ethnie, classe, sexe et sexualité, etc.)[6].

L’archive utilisée à des fins de création, notent encore Yvon Lemay, Anne Klein et Anne-Marie Lacombe, étant de plus en plus exploitée[7]l’École thématique mettra in fine le focus sur le processus performatif par lequel l’archive est construite et sur la manière dont l’archive construit elle-même l’histoire. L’archive imaginée dans cette école thématique étant toujours en mouvement, toujours juxtaposée contre une autre[8], elle témoignera aussi des créations et des possibilités de création[9].

L’École thématique proposera une série d’interventions théoriques sur les performances studies mais aussi des ateliers pour performer l’archive. Son programme entend ainsi articuler théories de la performance et pratiques de la performance sous le prisme de l’archive. En d’autres mots, il s’agit de comprendre et de reconnaître les vertus heuristiques de la performance, c'est-à-dire de l’action (Dewey, Austin, Peirce, etc.) et de concevoir la performance comme moyen de connaissance, en particulier, lorsqu’elle intègre l’archive.

Elle vise ainsi à :

introduire les performances studies dans le champ académique français, en particulier, dans les arts plastiques et les sciences de l’information et de la communication ;

comprendre et reconnaître les vertus heuristiques de la performance, c'est-à-dire de l’action (Peirce, Austin, Dewey,…) ;

comprendre la performance comme moyen de connaissance lorsqu’elle intègre l’archive ;

mettre en place les expériences artistiques et performatives dans ou sur l’archive, où la performativité « apparaît comme synonyme de fluidité, d'instabilité, d'ouverture du champ des possibles, se situant entre reconnaissance et ambiguïté des significations. » (Féral, 2013, p. 212) ;

analyser les discours de sources écrites et d’archives (textes historiques, entretiens, documents d’archives, images photographiques, captations vidéos, partitions musicales, mais aussi traces numériques etc. ) comme modalité d’accès à la compréhension des processus de constitution d’une performance ou de l’art corporel ;

interroger le rapport entre traces et attitudes performatives et questionner l’emploi et la fonction de l’archive dans le processus artistique et la mise en histoire de la performance ;

contribuer à la réflexion sur les pratiques de réappropriation de la trace et leurs enjeux créateurs : la reprise comme enjeu pour la mémoire collective, l’archive comme objet du projet artistique (Roux, 2015).

L’École thématique s’adresse logiquement aux étudiant.es, aux doctorant.es et aux enseignant.es-chercheur.es de diverses disciplines universitaires (Arts Plastiques, SIC, Littératures,… ) et aux Ecoles d’art, de design et d’architecture. Son public s’élargit aux acteurs du monde culturel régional et au-delà, avec la participation du MAMC+, en particulier les acteurs qui sont issus du domaine patrimonial et muséal ou de celui des festivals et qui s’intéressent à la question de la valorisation en expérimentant l'interaction entre archives et performances.

 

ROLAND, Barbara. « Performance, représentation, événement. » Hybrid. N°4, 2017. p. 1-16. KERSHAW, Baz. « Performance as Research : Live events and documents. » The Cambridge Companion to Performance Studies. Cambridge University Press, 2008. p. 23-45. BORGGREEN Gunhild et GADE Rune. Performing Archives / Archives of Performance, Museum Tusculanum Press, 2013, p. 12. BORGGREEN et GADE, Performing Archives / Archives of Performance. FÉRAL Josette. « De la performance à la performativité. » Communications, N°92, 2013, p. 205-218. McKENZIE Jon. Performe or else: from discipline to Performance, London: Routledge, 2001. LEMAY Yvon, KLEIN Anne et LACOMBE Anne-Marie. « Archives et création : perspectives archivistiques. » Arxius i Indústries Culturals, 2014. p. 1-22. CASSENS STOIAN Linda. « Learning Performance by Archiving Performance. » Performance Research, N°7, 2002, p. 128-134. LEMAY Yvon et KLEIN Anne, « Mémoire, archives et art contemporain. » Archivaria, N°73, 2012. p. 105-1.

 

INFOS PRATIQUES

Lieu(x)

POUR LES CONFÉRENCES : 
Musée d'art moderne et contemporain
Saint-Etienne Métropole
Rue Fernand Léger
Saint-Priest-en-Jarez

Université Jean Monnet
Bâtiment des Forges,
11 rue du Docteur Annino
Saint-Etienne

POUR LES WORKSHOPS :
Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Saint-Etienne (ENSASE )
1 rue Buisson
Saint-Étienne
 
Ecole supérieure d’art et design de Saint-Etienne (ESADSE)
3 rue Javelin Pagnon
Saint-Etienne

Pour inscrire, contact :

Frédérique Lozanorios (frederique.lozanorios@univ-lyon3.fr)

Martine Patsalis (martine.patsalis@univ-st-etienne.fr)

 

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Anolga Rodionoff, Professeure des universités en Philosophie et sciences de l’art – ECLLA, UDL- UJM (France)
Vincent Ciciliato, Maître de conférences en Arts des nouveaux médias et artiste - ECLLA, UJM (France)
Catherine Dessinges, Maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication – MARGE EA 3712, UDL - Lyon III (France)
Ross Louis, Professeur et chercheur, Performance Studies Lab, Xavier University of Louisiana (États-Unis)
Julie Morel, artiste et enseignante, École supérieure d'art et de design, Tours (France)

COMITÉ D’ORGANISATION

Anolga Rodionoff, Professeure des universités en Philosophie et sciences de l’art – unité de recherche ECLLA, UDL- UJM (France)
Catherine Dessinges, Maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication – MARGE EA 3712, UDL - Lyon III (France)
Frédérique Lozanorios, gestionnaire du centre de recherche Marge
Mickaël Froppier, chargé de communication du centre de recherche Marge
Martine Patsalis, gestionnaire du centre de recherche ECCLA
Julie Morel, artiste et enseignante, École supérieure d'art et de design, Tours (France)
Ross Louis, Professeur et chercheur, Performance Studies Lab, Xavier University of Louisiana (États-Unis)

Ce travail a été́ réalisé́ grâce au soutien financier du Projet IDEXLYON de l’Université́ de Lyon dans le cadre du Programme Investissements d’Avenir (ANR-16-IDEX- 0005).