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Du postmodernisme au posthumanisme. Littérature et cinéma (Paris)

Du postmodernisme au posthumanisme. Littérature et cinéma (Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Carlos Tello)

Colloque international

Du postmodernisme au posthumanisme. Littérature et cinéma

Date limite pour les propositions : 15 septembre 2020

Organisé par Université de Paris

En partenariat avec l'Association Image et Parole

Date du colloque : 27 et 28 novembre 2020

Université de Paris (5 rue Thomas Mann, 75013)

 

Responsable

Carlos Tello, Cerilac, Université de Paris /

Ater Université Paris-Est Créteil, Département des Langues romanes

 

Comité scientifique (par ordre alphabétique)

Karim Benmiloud, professeur en Littérature latino-américaine, Université Paul Valéry, Montpellier 3 - Recteur de l’Académie de Clermont-Ferrand

Catherine Coquio, professeure en Littérature comparée, Université de Paris

 

APPEL À COMMUNICATIONS

Initialement programmée le 4 juin de cette année, la journée consacrée à la question « Du postmodernisme au posthumanisme. Littérature et cinéma latino-américains » est reportée et sera accompagnée par une autre journée sur le même sujet mais sans les limites géographiques et chronologiques. Le présent appel concerne cette dernière journée. Le colloque aura lieu les 27 et 28 novembre 2020.

I.                  

Si comme l’affirmait en 1997 l’écrivain américain John Updike, commentant le roman Night Train de l’anglais Martin Amis, « les jeunes ne parlent plus de postmoderne mais de posthumain »[i], la notion du posthumain pourrait être ce qui remplace ou qui succède le postmoderne. Il semble donc pertinent d’étudier l’entrée des discours du posthumanisme dans le champ épistémologique, leurs représentations dans la littérature et le cinéma, ainsi que leurs rapports avec le postmodernisme.

Le posthumanisme prend forme à travers un système de discours – développés principalement à partir des années 1950 – de types et genres différents, idéologique, technoscientifique, politique et littéraire. Il est possible d’en distinguer six, qui se croisent parfois ou se superposent :

Transhumanisme : idéologie qui annonce une « amélioration » physique et psychique de l’être humain par la technologie, voire la suppression du corps et la fin de la mort.

Singularité technologique : discours qui annonce un développement de l’intelligence artificielle et son dépassement de l’intelligence humaine.

Cyberpunk : sous-genre de la science-fiction qui représente une dystopie sociale, politique et technologique dans un futur proche.

Transgression des frontières : entre l’humain et l’animal, entre l’humain et la machine, de la perception du réel et du virtuel, ou bien mise en question de l’identité et du rôle de l’être humain dans sa relation avec l’autre non-humain.

Abhumanisme, antihumanisme hiérarchique, antihumanisme pessimiste : discours critiques de l’humanisme qui proposent :

- pour l’abhumanisme : une communauté élargie et non-hiérarchique entre humains et non-humains (le véganisme, l’écologisme radical, etc.) ;

- pour l’antihumanisme hiérarchique : l’égalité politique et matérielle au sein de la communauté humaine par la critique d’un humanisme euro-centré et masculin (discours antiracistes, post-colonialistes, féministes, etc.) ;

- pour l’antihumanisme pessimiste : une opposition du pessimisme comme alternative critique à l’espoir et la foi humanistes (voir, par exemple, la Lettre sur l’humanisme de Martin Heidegger, ou la critique d’un « humanisme de la marchandise » de Guy Debord dans « Le Déclin et la chute de l’économie spectaculaire-marchande »).

Post-apocalypse : discours sur la possibilité d’un « après » à la fin de l’humanité comme espèce qui vit sur Terre (par la destruction du monde due à des causes religieuses, surnaturelles, des accidents ou des erreurs humaines), ou bien à « la fin de l’homme » ou d’un humanisme comme modèle d’organisation sociale.

Ces discours interrogent une sorte d’état actuel de l’humanité à l’horizon de ce qu’elle pourrait devenir – où est en train de devenir – en conséquence, d’une part, des transformations produites par les avancées technoscientifiques, mais également, d’autre part, des mouvances sociales et politiques.

II.

Deux discours du posthumanisme (le transhumanisme et la singularité technologique) sont fortement inspirés par une littérature de science-fiction, un autre en est clairement issu (le cyberpunk). Mais au-delà de ce genre, dans les dernières décennies, des auteurs de « littérature générale » se sont intéressés d’avantage au non-humain, aux limites et frontières de l’humanité, aux atmosphères et contextes apocalyptiques et post-apocalyptiques, à la critique du projet transhumaniste, ainsi qu’aux critiques frontales ou voilées d’un humanisme qui impose ou qui soutient une forme de hiérarchie (anthropomorphe, masculine, etc.). Le développement technoscientifique, la perspective d’une crise planétaire (sociale, économique, écologique, etc.), les possibilités ouvertes par les nouveaux réseaux de communication et d’information sont les principaux éléments déclencheurs dans ces ouvrages. Quelques uns de ces auteurs sont Antoine Bello, Don Delillo, Michel Houellebecq, Ian McEwan, Wajdi Moauwad.

III.

Le rôle du cinéma est indéniable dans la divulgation et l’assimilation par le plus grand nombre des discours du posthumanisme. Mais il s’agit, au-delà d’une constatation de la présence de ces discours dans des films, de considérer le posthumanisme dans sa dimension épistémologique, de le concevoir moins comme un filtre que comme un horizon de visionnage et un outil de réflexion.

Dans l’histoire du cinéma, ces représentations datent des premiers jours du xxe siècle (Homunculus d’Otto Rippert, 1916 ; L’Uomo meccanico d’André Deed, 1921 ; Metropolis de Fritz Lang, 1927 ; Frankenstein de James Whale, 1931, etc.). Elles connaissent une apogée dans les années 1950 grâce au développement de la science-fiction aux États-Unis (The Day the Earth Stood Still de Robert Wise, 1951 ; Forbidden Planet de Fred M. Wilcox, 1953, etc.) et depuis n’ont pas cessé de se multiplier (David Cronenberg), et cela dans un intérêt qui dépasse largement le cas d’un genre précis comme celui de la science-fiction (Alphaville de Jean-Luc Godard, 1965 ; Seconds de John Frankenheimer, 1966 ; Le Sacrifice d’Andreï Tarkovski, 1986 ; Le Temps du loup de Michael Haneke, 2003 ; Le Cheval de Turin de Béla Tarr, 2011 ; Holy Motors de Leos Carax, 2012 ; Il est difficile d’être un dieu d’Alexeï Guerman, 2013 ; Sayōnara de Kōji Fukada, 2015, etc. Voir également : Carlos Tello, « Images du posthumain. Un cinéma posthumaniste »).

On voudrait poser le problème en distinguant quatre approches :

1. Représentations des discours ou des thématiques du posthumanisme dans la littérature.

2. Représentations des discours ou des thématiques du posthumanisme dans le cinéma.

3. Rapports entre la littérature et le cinéma à travers une perspective posthumaniste.

4. Éléments théoriques du « passage » (ou non passage) du postmodernisme au posthumanisme.

Les propositions de communication (500 mots max., en français), et une bio-bibliographie doivent être envoyées à l’organisateur (carlosetello@gmail.com) avant le 15 septembre 2020.    

*            

Bibliographie indicative : 

Adams Mark B. (ed.), The Wellborn Science. Eugenics in Germany, France, Brazil and Russia, New York, Oxford University Press, 1990.


Anders Günther, L’Obsolescence de l’Homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle, 1956 [traduit de l’allemand (Die Antiquiertheit des Menschen 1. Über die Seele im Zeitalter der zweiten industriellen Revolution) par Christophe David], Paris, Éd. de l’Encyclopédie des nuisances, 2002.

Audiberti Jacques, L’Abhumanisme, Paris, Gallimard, 1955.


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Besnier Jean-Michel, L’Humanisme déchiré, Paris, Descartes et Cie, 1993.


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Bessière Jean, Le Roman contemporain ou la problématicité du monde, Paris, Presses Universitaires de France, 2010.

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________, Ainsi parlait Zarathoustra. Un livre qui est pour tous et qui n’est pour personne, [traduit de l’allemand (Also Sprach Zarathoustra. Ein Buch für Alle und Keinen) par Maurice de Gandillac], Paris, Gallimard, 1971 [1885].


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Tello Carlos, « Images du posthumain. Un cinéma posthumaniste », Fabula / Les colloques, Le Temps du posthumain ?, URL : http://www.fabula.org/colloques/document5466.php, page consultée le 24 juin 2020.

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