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Histoire du récit, histoire du roman. Rencontre avec Dominique Rabaté (Paris Diderot)

Histoire du récit, histoire du roman. Rencontre avec Dominique Rabaté (Paris Diderot)

Publié le par Laurent Zimmermann

Dans le cadre du programme « Penser le contemporain »

du Centre Roland Barthes (dir. Laurent Zimmermann)

aura lieu le lundi 10 février

de 18h à 20h

une rencontre avec Dominique Rabaté

Histoire du récit, histoire du roman

à propos de ses deux derniers livres :

La passion de l’impossible. Une histoire du récit au XXe siècle, Corti, 2018

Petite physique du roman, Corti 2019

 

Discutants : Eric Marty, Pierre Zaoui

 

Lieu :

Université Paris Diderot-Paris 7         

5 rue Thomas Mann         

Paris 13e

Bâtiment les Grands Moulins

Salle 783 C

Accès :

métro ligne 14 ou R.E.R. C (arrêt Bibliothèque François-Mitterrand)

*

La passion de l’impossible. Une histoire du récit au 20e siècle, Corti, 2018, présentation de l’éditeur :

L'objectif de ce livre est de comprendre pourquoi et comment une certaine histoire de la modernité littéraire s'est jouée en France dans un rapport paradoxal mais fécond avec l'idée d'une littérature impossible. Amorcée par Mallarmé et Rimbaud du côté de la poésie, c'est dans la prose narrative que cette recherche se poursuit selon le double patronage de Monsieur Teste de Valéry et de Paludes de Gide. Dans ce sillage,c'est une histoire du « récit » qui se dessine puisque nombre d'écrivains de premier plan se détournent bien du roman, dont ils aggravent la crise, mais sans renoncer à une forme de relation de ce qui interdit une narration classique ou heureuse. C'est cette relation à l'impossible, qui se fait même relation de l'impossible, que cet essai envisage sur l'ensemble du vingtième siècle.Il s'agit donc de dégager un paradigme de ce qu'on nommera « récit » (anagramme révélateur du mot « écrit »), d'en suivre les formes riches et différentes – à travers le surréalisme, selon l'inflexion que lui imposent Bataille et Blanchot, ou dans les vertigesde la voix du côté de Beckett – jusqu'à une sorte d'épuisement de cette recherche qui aura marqué le vingtième siècle, quand le poncif et le pathos de l'impossible se font clichés d'une modernité absorbée par son miroir réflexif. Nous sortons sans doute d'une certaine manière de cette époque dont il faut alors justement mesurer le chemin, les impasses comme les extraordinaires ambitions, pour comprendre le legs dont hérite notre temps.Après avoir posé l'hypothèse du récit, j'en retrace, dans la première partie, le parcours dans une histoire qui en propose les scansions essentielles et les éléments de définition négative. La deuxième partie s'attache à une suite d'études de cas (Bataille, Thomas, Blanchot et Beckett) qui s'intéressent à l'espace paradoxal de l'énonciation de ces textes.

 

Petite physique du roman, Corti 2019, présentation de l’éditeur :

Ce livre cherche à faire entendre une énergétique du roman. Car la forme romanesque doit se lire comme une négociation des forces qui mobilisent l'écriture, dans une transaction incessante où l'écrivain suit le mouvement qui le porte selon un vouloir-dire qui est autant celui de l'auteur que celui du livre. Cette dialectique sans résolution de la force et de la forme interdit de produire une typologie du roman. Elle ouvre plutôt à un plaisir du commentaire que l'on suivra sur une vingtaine de romans écrits en France entre 1930 et aujourd'hui. Ce sont ces tensions irréductibles que je désigne sous le terme de physique du roman. Pour chaque commentaire, c'est donc la tension plus ou moins grande du fil narratif que je voudrais faire éprouver, en restant attentif à ce qui donne à ce fil son tranchant et son allant. Envisager ainsi la création romanesque, c'est rappeler qu'on n'écrit et qu'on ne lit que poussés par une impulsion dont les ressorts demeurent largement obscurs, et que la poursuite du récit a pour mission d'éclairer. Restituer au roman ses dynamiques plurielles, c'est affirmer un principe critique, plutôt qu'une véritable méthode. Le parcours que j'ai voulu dessiner témoigne aussi, contre une certaine doxa, que l'art du roman reste bien vivant et qu'il faut justement le mettre dans une perspective assez longue. C'est une série de solutions romanesques inédites et originales que j'ai voulu rassembler, depuis le trop méconnu Jim Click de Fleuret jusqu'à des tentatives très récentes, en ouvrant le spectre au roman d'aventure ou au roman policier. Organisé de façon chronologique, de Guilloux et Bataille à Houellebecq, Mauvignier ou Kerangal, en passant par Camus, Simon, Duras, Perec, Manchette, Modiano, Quignard et NDiaye, ce livre dessine un continuum qui réintègre le Nouveau Roman dans le mouvement d'une réinvention permanente, où je vois le gage de la vitalité de l'art romanesque.