Actualité
Appels à contributions
Des Collections de Mémoires à Saint-Simon : réception des Mémoires au XIXe siècle (Château de Versailles)

Des Collections de Mémoires à Saint-Simon : réception des Mémoires au XIXe siècle (Château de Versailles)

Publié le par Marc Escola (Source : François Raviez & Damien Crelier)

Des Collections de Mémoires à Saint-Simon : réception des Mémoires au xixe siècle

Journée d’études organisée au Château de Versailles par la Société Saint-Simon

Samedi 14 mars 2020

par François Raviez (Université d’Artois) et Damien Crelier (Sorbonne Université)

 

Les vingt volumes de la première édition complète des Mémoires de Saint-Simon paraissent en 1829-1830. Dans les dix années qui ont précédé, la Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, publiée par Petitot et Monmerqué, a réuni en cent-trente volumes les textes les plus divers, de Philippe-Auguste au xviiie siècle. Plus qu’un phénomène d’édition, il s’agit là d’un trait de civilisation : la Restauration se penche sur le passé du royaume et demande à ses témoins de lui raconter la France. Les trente-deux volumes de la Nouvelle collection de mémoires (1836-1839) de Michaud et Poujoulat confirmeront sous la monarchie de Juillet cet intérêt, ou plutôt cette passion, qu’illustrera, dans la fiction, le succès des romans d’Alexandre Dumas. La découverte de Saint-Simon par le xixe siècle s’inscrit ainsi dans un mouvement d’ensemble qui associe curiosité et érudition, enracinement et nostalgie, le savoir et la saveur d’un Ancien Régime encore très proche.

Les Mémoires de Saint-Simon n’apparaissent donc pas de façon inattendue, d’autant que des textes ont déjà circulé, des extraits ont déjà été publiés qui ont pu mettre en appétit un lectorat affamé d’histoire de France et qui, sous le règne de Charles X, va pouvoir découvrir celui de Louis XIV. Lorsque le général de Saint-Simon, descendant indirect du duc et pair, récupère aux Affaires étrangères le manuscrit des Mémoires et annonce sa publication, il le fait assurément par fidélité familiale, mais aussi parce que l’époque est propice au succès de ce genre de texte. Comment l’expliquer ? Comment l’interpréter ? L’objectif de cette journée d’étude est de mesurer, dans la presse, dans la littérature, mais aussi auprès des historiens, l’influence des mémoires d’Ancien Régime sur un siècle qui, tout en se tournant vers le passé, invente la modernité.

L’introduction de Sainte-Beuve à l’édition Chéruel des Mémoires de Saint-Simon (1856-1858) est, à ce titre, éclairante : « au sortir de sa lecture, écrit le critique, lorsqu’on ouvre un livre d’histoire ou même de Mémoires, on court le risque de trouver tout maigre et pâle, et pauvre : toute époque qui n’a pas eu son Saint-Simon paraît d’abord comme déserte et muette, et décolorée ; elle a je ne sais quoi d’inhabité ». L’histoire qui se devine et se dessine ici n’est pas seulement celle des faits, mais celle des hommes : les noms prennent chair, l’événement s’y déploie en spectacle. Tous les Mémoires publiés dans la première moitié du xixe siècle ne peuvent rivaliser en intensité avec ceux du duc et pair, mais de volume en volume, c’est une mémoire nationale qui se révèle, un témoignage multiple, inégal, inattendu dont Saint-Simon serait le fleuron. Comment, dans cette perspective, ne pas songer à Michelet, à son don de placer le lecteur de plain-pied avec le passé, Michelet qui habite l’histoire et nous en ouvre la porte, comme Saint-Simon, hanté par la cour, nous y introduit la plume à la main ? Cette histoire vivante et vibrante, à l’âge du romantisme, conditionne encore pour une part notre lecture de Saint-Simon.

On pourra dès lors s’interroger, au cours de cette journée, sur la signification et la portée de la publication des mémoires d’Ancien Régime, en particulier ceux de Saint-Simon, dans les premières décennies du xixe siècle : portée littéraire, tout d’abord, tant la langue libre et spectaculaire de ce dernier avait tout pour séduire les romantiques ; portée historiographique, qui inaugure un rapport au passé qui ne soit pas que factuel, mais prenne en compte les hommes et leurs passions ; portée politique enfin, comme si après la parenthèse révolutionnaire, voire impériale, un monde ancien reprenait forme et sens.

Les propositions de communications doivent être envoyées aux deux adresses suivantes : francois.raviez@univ-artois.fr et damien.crelier@gmail.com au plus tard le 15 octobre 2019, sous la forme de présentations de 3000 signes environ.