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Dédicaces (colloque)

Dédicaces (colloque)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Gérard Farasse)

NOUVELLES RENCONTRES DU LITTORAL (V)
UNIVERSITÉ DU LITTORAL, REVUE DES SCIENCES HUMAINES
Centre de Recherche « Modalités du fictionnel »
(HLLI, UR sur l'Histoire, les Langues, les Littératures et l'Interculturel, EA 4030)
Amphithéâtre de visio-conférence (Dunkerque)
Jeudi 27 et vendredi 28 novembre 2008

DÉDICACES
La critique de notre temps, depuis les années soixante, a attiré notre attention sur les marges de l'oeuvre littéraire ou sur ses « seuils », pour reprendre le titre de l'ouvrage qui leur a consacré Gérard Genette. Si la signature et le titre ont fait l'objet de nombreux travaux, la dédicace et plus encore l'envoi restent pour une large part à explorer. C'est ce chantier que se propose d'ouvrir, sous le titre Dédicaces, cette « Nouvelle Rencontre du Littoral ».
Ce qui caractérise cette dernière est peut-être l'ambiguïté.
Ambiguïté, de ce parergon, aurait dit Jacques Derrida, dont on ne sait trop s'il fait partie de l'oeuvre ou s'il n'en est qu'un ornement indifférent. Exerce-t-il une pression sur son sens ou ne pèse-t-il pas sur lui ? Peut-être parle-t-on trop vite en affirmant, qu'il lui est subordonné quand on sait que tel poème n'a été écrit que pour permettre d'inscrire le nom de la bien-aimée à son fronton.
Ambiguïté, pour l'exprimer d'autre façon, sur son caractère circonstanciel, puisque certaines oeuvres adoptent ce titre : tel est le cas de Dédicaces de Verlaine ou de Cartolines et Dédicaces de Mandiargues. Mallarmé n'a pas jugé vain de rassembler et de publier sept de ses envois de L'Après-midi d'un faune. Voilà la dédicace, si insignifiante en apparence, promue à la dignité de genre littéraire.
La seconde de ces ambiguïtés porte moins sur son statut d'oeuvre ou de hors- d'oeuvre que sur le trouble qu'elle induit sur le destinataire de l'ouvrage. La dédicace, en effet, élit une seule personne quand le livre s'adresse en principe à tous car toute oeuvre porte cette dédicace à l'encre sympathique : « Au lecteur ». Adressée à la fois à un seul et à tous, elle suppose toujours la présence d'un tiers dont le dédicataire cherche à éviter le regard ou qu'il recherche. C'est une parole à la fois intime et spectaculaire, précaire et exposée.
Sa forme la plus ancienne est la « dédicace d'oeuvre », le plus souvent imprimée, qu'elle soit brève (mention du dédicataire) ou longue (épître dédicatoire), cette dernière ayant peu à peu, au cours de l'histoire, pris valeur de préface.
Parmi ces dédicaces imprimées, il convient peut-être d'accorder un statut particulier à la dédicace clandestine, qui s'affiche pourtant mais de façon telle qu'elle demeure indéchiffrable, à l'exception de son destinataire, comme c'est le cas parfois de la dédicace amoureuse qui rappelle alors l'obligation du senhal pour désigner la Dame dans la poésie des troubadours.
La deuxième forme de dédicace, plus récente, est la « dédicace d'exemplaire », l'envoi manuscrit ou ex-dono. Cette pratique, encore peu étudiée, sauf par les bibliophiles, s'est développée au XIXe et XXe siècles avec l'augmentation des tirages. Elle mérite qu'on s'y arrête, ne serait-ce que parce qu'il semble souhaitable d'élaborer une stylistique de l'envoi ; chaque écrivain a peut-être ici sa manière : brièveté ou non, volonté de banalité ou d'originalité, jeu avec le titre, disposition graphique, recours au dessin. Elle facilite de surcroît l'étude de son imaginaire  – c'est-à-dire de ses illusions  –, quant à son livre, à lui-même ou à son dédicataire. Elle permet enfin d'affiner la connaissance du milieu que fréquente l'auteur : du cercle le plus intime – de la famille et des amis – au cercle le plus public – celui des lecteurs – en passant par ceux que constituent les écrivains, les critiques ou les détenteurs d'un pouvoir éditorial.
La psychanalyse nous a appris, entre autres choses, que rien, dans les phénomènes de la pensée, n'est insignifiant, qu'il n'existe pas, en somme, de déchets psychiques. Rien, non plus, dans une oeuvre, n'est à rebuter, pas plus les envois manuscrits que les dédicaces imprimées. L'envoi vaut-il par ce qu'il dit ou comme trace de la présence réelle de l'auteur ? Question parmi beaucoup d'autres qui tiennent à la nature spécifique de la dédicace auxquelles cette Nouvelle Rencontre du Littoral s'efforcera de répondre.
Gérard Farasse

PROGRAMME


AMPHITHÉÂTRE DE VISIO-CONFÉRENCE
Place des Nations – Dunkerque



Jeudi 27 novembre

Matin : Panorama

9 h 30 Ouverture

9 h 45 Bref traité des envois
accompagné  d'exemples choisis chez les meilleurs auteurs

Gérard Farasse, Université du Littoral Côte d'Opale

10 h 30 Architecture, littérature et dédicace
Pierre Hyppolite, Université de Limoges

11 h 15 Pause

11 h 30 Offrandes et dédicaces chez Jean-Sébastien Bach
Pierre Charvet, Musicien

Après-midi : Figures

14 h 30 Écrire à la cantonade
ou Comment les dédicaces ricochent chez Cendrars, Soupault et Mandiargues

Claude Leroy, Université de Paris X-Nanterre

15 h 15 Fins mots
Myriam Boucharenc, Université de Paris X-Nanterre

16 h Pause

16 h 15 La dédicace en paralittérature
Natacha Levet, Université de Limoges

17 h Public et protection dans les deux épîtres « Au lecteur » de Théophile de Viau
Frédéric Briot, Université de Lille III-Charles de Gaulle


Vendredi 28 novembre

Matin : Duos

9 h 30 « De vous à moi », Louis Guilloux
Michèle Touret, Université de Rennes

10 h 15 Dédicaces au dédicateur : Montherlant
Michel Arouimi, Université du Littoral Côte d'Opale

11 h Pause

11 h 15 Hors les marges (Guy Goffette)
Pascale Rougé, Université du Littoral Côte d'Opale

12 h Lecture : Autour de Verlaine
Guy Goffette, Écrivain

Après-midi : À  rebours

14 h 30 La dédicace subvertie (Voltaire)
Jean-Michel  Raynaud, Université du Littoral Côte d'Opale

15 h 15 Dédicaces empoisonnées (Baudelaire)
François Berquin, Université du Littoral Côte d'Opale

16 h Pause

16 h 15 Cela vaudra-t-il la peine d'être lu ? Cela sera-t-il lu ? (Hugo)
Anita Lavernhe-Grosset, Université du Littoral Côte d'Opale