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L’empathie en question

L’empathie en question

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Alexandre Gefen)

L’empathie en question

 

Journée d’études autour de l’ouvrage de Dominique Rabaté, Limites de l’empathie, Corti, 2025 organisée par Alexandre Gefen

Vendredi 16 janvier, en Sorbonne salle F007, escalier C, 2 étage, entrée par le 17 rue de la Sorbonne. 

10h00 Dominique Rabaté, « La vertu des limites »

10h30 Samah Karaki « Le tri empathique : qui mérite notre attention ? »

11h00 Hadas Zahavi « Enn-amis : les revers de l’empathie dans le tourisme des champs de bataille »

11h30 Sandra Laugier « Avec ou sans empathie »

12h00 Alexandre Gefen : « L’empathie artificielle : les machines peuvent-elles compatir ? Et devons-nous éprouver de la compassion à leur égard ? »

12h30-13h30 repas

13H30 Cloé Korman, entretien avec Diana Filippova

14h30 Bernard Vouilloux « … et Empathie tombe à l’eau »

15h00 Pauline Hachette « Peut-on être écocentré.e ? Questionner l'empathie d'un point de vue écopoétique »

15h30-16h00 Pause

16h00-17h00 Eva Illouz, entretien avec Marie Misset

Si notre âge est celui de l’empathie, pour reprendre le titre de Frans de Waal, le succès dans tous les domaines du mot demande à être interrogé. Faut-il y voir une dilution de la notion ou le triomphe d’une nouvelle valeur ? L’extension du mot masquerait-elle son déficit réel dans nos sociétés ? On peut ainsi se demander si l’empathie mérite vraiment la confiance aveugle que lui accorde notre époque : peut-on croire qu’elle conduit mécaniquement à des comportements moraux, comme si la compréhension affective suffisait à produire justice et solidarité ? Ne risque-t-elle pas, lorsqu’elle devient injonction culturelle, d’encourager une émotivité stéréotypée qui enferme la souffrance d’autrui dans un pathos réducteur et appauvrit la littérature elle-même ? Et jusqu’à quel point cette empathie, exaltée par les discours de la résilience et du trauma, ne participe-t-elle pas à une dépolitisation du malheur en substituant la compassion individuelle à l’analyse des structures sociales ? La littérature doit-elle vraiment se laisser assigner une mission thérapeutique qui l’enrôle au service d’un développement personnel généralisé, au risque de perdre sa force critique ? Plus largement, cette culture empathique, devenue norme et valeur, ne masque-t-elle pas les causes collectives de la vulnérabilité en transformant la réparation du monde en simple travail émotionnel sur soi ? À l’heure d’une épidémie de solastalgie conduisant à recourir à des chatbots comme machines empathiques et dans le prolongement de l’essai de Dominique Rabaté, cette journée se propose comme une discussion critique de la notion, du mot et de ses usages aujourd’hui.