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La main en littérature (Sfax, Tunisie)

La main en littérature (Sfax, Tunisie)

Appel à communication 

Colloque international (25, 26 et 27 février 2016- Sfax/Tunisie)

Le Département de Français de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax organise un colloque les 25, 26 et 27février 2016 sur :

La Main en Littérature

« L’homme a fait la main, je veux dire qu’il l’a dégagée peu à peu du monde animal, qu’il l’a libérée d’une antique et naturelle servitude, mais la main a fait l’homme » (H. Focillon)[1]

« Instrument des instruments » comme le dit Aristote, la main est associée au travail, à l’action, au faire ; elle est l’outil de toute activité productrice, qu’elle soit manuelle ou intellectuelle, artistique ou industrielle. Instrument de maîtrise, la main élève et construit mais elle brise et détruit. Instrument de communication, la main est capable de signifier sans dire, de désigner sans nommer. La main émeut et caresse mais elle agresse et blesse. Aussi, la main se conjugue-t-elle avec de très nombreux verbes : la main fait et défait, donne et reprend, trace et efface. La main agit, dessine, modèle, cisèle,…et écrit : la main est action et création. LA MAIN est ŒUVRE.

 De l’Antiquité à nos jours, la main n’est pas considérée uniquement comme un outil de préhension, elle est surtout une appréhension de la pensée ; elle nourrit l’imaginaire et hante l’esprit des philosophes et des écrivains : Le Chiron d’Homère est un centaure civilisateur aux mains habiles (Kheiron dérivé du grec kheir : main) ; en revanche, les mains d’Œdipe Roi ou celles d’Antigone sont violentes sanglantes et meurtrières.

Avec Ronsard,  la main fait l’objet d’un éloge :

« La Main fait tout : les murailles sont fermes

Par nostre main, la main forge les armes,

Et fait tourner en coutres bien tranchans

Le rouge fer laboureur de noz champs »[2]

 

            Au XIXe siècle,  la main participe à la création d’un univers fantasmagorique : Nerval écrit en 1832  La main de gloire, histoire macaronique puis reprend le même thème en 1852 en modifiant le titre La main enchantée. De son côté, Maupassant fera de la main le sujet de son récit La main d’écorché en 1875, qu’il intitulera plus tard La Main.

Au XXe siècle, la sémiotique de la main s’enrichit en fonction des approches et des affinités. Valéry est fasciné par la main si bien qu’il ne cesse de la dessiner dans ses Cahiers : « On considère une main sur la table et il en résulte toujours une stupeur philosophique »[3].  L’expérience surréaliste donne à la main une signification singulière : avec l’écriture automatique, la main est autonomisée et le message, soumis à l’automatisme, remet en question la corrélation traditionnelle entre la main et le cerveau. Quel que soit le genre littéraire (roman, théâtre, poésie, essai,…), la main joue un rôle crucial dans le processus de création littéraire  Il suffit pour s’en convaincre de citer quelques titres : La Main coupée de Blaise Cendrars,  Les Mains sales de Sartre, Les Mains libres d’Eluard ou encore La seconde Main d’Antoine Compagnon.

Ainsi, entre le corps littéraire et le corps de chair, des liens se tissent. Relativement au texte, la main est sujet : c’est elle qui l’écrit et qui se constitue donc en auteur; mais elle peut devenir objet et fonctionner comme figure (métaphore ou métonymie : par rapport au bras, par exemple, la main est partie ; par rapport au doigt, elle est un tout).

D’une grande richesse fonctionnelle, cette partie du corps se trouve, d’ailleurs, au centre de nombreuses approches et convoque diverses disciplines : sociologique, philosophique, phénoménologique, esthétique, etc. « La Main en Littérature» se veut une réflexion pluridisciplinaire qui interroge le motif de la main dans le texte littéraire.

Le colloque, qui sera organisé au sein de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax par le Département de Français, tournera autour de la main et prendra, donc, une orientation pluridisciplinaire. Fédérant de multiples perspectives, ce colloque permettra d’assurer le dialogue entre littérature, philosophie, esthétique, arts plastiques et visuels et accueillera des communications ouvertes à toutes les approches (thématique, stylistique, génétique, …)

Sans prétendre à l’exhaustivité, quelques axes de recherche peuvent être suggérés :

  • Les différentes formes d’inscription, de représentation et d’exploitation de la main dans le texte littéraire.
  • La main, l’amour et l’érotisme.
  • La main et la « fragmentation métonymique ».
  • La main : de la poïétique à la poétique.
  • La main et les genres littéraires : le récit, le théâtre et la poésie.
  • La main dans les œuvres réalistes, romantiques, surréalistes, fantastiques, policières, etc.
  • La main et le manu-scrit.
  • L’imaginaire de la main dans la littérature et les arts.
  • La main et les styles (écriture, peinture, musique,…)
  • La main en danger à l’ère du numérique et d’internet (l’acte d’écrire transféré à l’ordinateur).

 

 

Quelques repères bibliographiques:

- A la gloire de la main, Textes par Gaston Bachelard, Paul Éluard, Jean Lescure, Henri Mondor, Francis Ponge, René de Solier, Tristan Tzara et Paul Valéry. Gravures par Christine Boumeester, R. Chastel, P. Courtin, Sylvain Durand, Jean Fautrier, M. Fiorini, A. Flocon, H. Goetz, Prébandier, Germaine Richier, J. Signovert, R. Ubac, R. Vieillard, Jacques Villon, G. Vulliamy, A.-E. Yersin, Paris, Éd. Graphis, 1949.

-BARTHES Roland, Le grain de la voix. Entretiens 1962-1980. Le Seuil / Point, 1981.

-BRUN Jean, La main et l'esprit, Paris, P.U.F, 1963.

-BRUN Jean, La Main, Paris, Éd. R. Delpire, 1967.

- CHAUCHARD Paul, Le cerveau et la main créatrice. Paris, Delachaux et Niestlé, 1963.

- CHIRON, Éliane (dir.), La main en procès dans les arts plastiques. Volume IV, Paris, Éd. De la Sorbonne, 2001.

- FOCILLON Henri, La vie des formes, Paris, P.U.F., (3° édition) 1947.

- MIGUELEZ, Roberto (dir.), Le sort de la main, Ottawa, Éd. Carrefour 14, 1992.

- THIEFFRY Stéphane, La main de l'homme, Paris, Hachette, 1973. VALÉRY Paul, Cahiers, Tomes I et II, édition présentée et annotée par Judith Robinson, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1973 et 1974.

-WOLFF Charlotte, La main humaine. Paris, PUF, 1952.  

 

Ce colloque se tiendra les 25, 26 et 27 février 2016 à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax. La durée de communication est de 20 minutes. Les propositions  doivent comporter : titre, résumé en 300 mots et coordonnées ; elles seront envoyées par courrier électronique aux responsables de ce colloque allraoudha@yahoo.fr, sameh.benlakhal@gmail.com

Calendrier :

Date limite d’envoi des propositions de communication : le 30 septembre 2015.

Réponse du comité scientifique : 30 novembre 2015.

Comité d’organisation : Arselène Ben Farhat, Dorra Abida, Raoudha Allouche, Sameh Ben Lakhal, Wafa Loumi Nasri, Saâdia Yahia Khabou, Emna Henchi.

Comité scientifique : Mohamed Bouattour, Jean Pierre Dubost, Pierre Garrigues, Lassaâd Jamoussi, Philippe Jousset, Fadhila Laouani, Alain Montandon, Kamel Skander, Mustapha Trabelsi, Sonia Fitouri Zlitni.

 

 

 

[1] - H. Focillon, Vie des formes, suivi d’Eloge de la main, Paris, PUF, 1981, p.103.

[2] - Ronsard, Œuvres, cité par Philippe Desan, « Ronsard et le travail poétique » in L’imaginaire économique de la Renaissance, Presses de l’Université de Paris Sorbonne, p.242

[3] - Paul Valéry, Philosophie, Cahiers, CI, p.606