
Les stéréotypes à l’épreuve de la Lecture et de l’Ecriture
Colloque international
L’École Normale Supérieure de Fès, le Laboratoire des Sciences Humaines Appliquées, l’Equipe de Recherche « Arts, Littérature et Etudes culturelles » organisent un colloque international sous le thème : Les stéréotypes à l’épreuve de la Lecture et de l’Ecriture.
Dans la continuité de ses travaux pour le perfectionnement de la Didactique des langues, des littératures et des cultures au Maroc, le Laboratoire des Sciences Humaines Appliquées (LSHA) de l’École Normale Supérieure de Fès et l’équipe de recherche « Arts, Littérature et Études culturelles » organisent un Colloque International sous le thème : « la stéréotypie littéraire », considéré comme concept-phare dans le champ de la Didactique de la littérature.
Il s’agit de consolider la maîtrise des principaux concepts et références contemporains des théories de la littérature et des outils conceptuels générés par les recherches en didactique de la littérature en s’assurant de la qualité scientifique du débat qu’impose leur mise à l’épreuve dans le contexte de l’enseignement, de la recherche et de la formation au Maroc.
Jean- Louis Dufays (1994), affirme que le concept de « stéréotypie littéraire » permet de concevoir la littérarité comme une valeur graduelle et relationnelle, qui se construit dans l’expérience du lecteur telle qu’elle varie entre attente du familier et désir de nouveauté. Ce rapport dialectique – conforme/subversif, sens/significations, participation/distanciation – met en lumière la fonction critique et transformatrice de la lecture littéraire. Il souligne cette dimension opératoire en définissant les stéréotypes comme un « socle de compétences » : un réservoir culturel et cognitif qui permet à l’individu d’entrer dans l’univers d’un texte, d’en saisir les codes, mais aussi d’en moduler les interprétations. Cette double fonction révèle la nature fondamentalement ambivalente du stéréotype : d’une part, il réduit, schématise, et peut conduire à des erreurs d’analyse, à des représentations biaisées, voire à la cristallisation de préjugés, d’autre part, il constitue un outil heuristique, un mode de structuration de la pensée indispensable à toute appréhension du réel.
Dans plusieurs domaines des sciences humaines, le stéréotype est perçu comme un phénomène plutôt péjoratif, source d’aliénation. Homi K. Bhabha (2007) conçoit le stéréotype comme une forme d’essentialisation discursive, rigidifiée et close sur elle-même, qui refuse le jeu des différences que permet l’altérité. Il devient alors un dispositif de fixation de l’identité, neutralisant toute dynamique de déconstruction ou de réinterprétation. Charlotte Schapira (1999), pour sa part, l’analyse comme une matrice cognitive, stylistique et lexicale qui, à travers des schémas préétablis, informe notre manière de percevoir le monde, d’en lire les textes, et de produire du sens. Le stéréotype n’est donc pas seulement une représentation partagée : il agit en profondeur comme une structure invisible, souvent intériorisée, qui régule nos mécanismes de compréhension.
Dans le domaine des théories de la lecture, notamment chez Jean -Louis Dufays, le stéréotype est valorisé comme un outil didactique susceptible d’aider les élèves et les étudiants à intégrer la discipline « littérature », c’est-à-dire à reconnaître les motifs et les structure d’où elle puise sa matière et que, sans cesse elle enrichit. Il distingue trois régimes : une littérature classique, qui s’appuie sur les stéréotypes pour asseoir sa lisibilité ; une littérature moderne, qui les déconstruit par la rupture et la subversion ; et une littérature postmoderne, qui oscille entre ces deux pôles. Cette dernière, en assumant la double face du stéréotype (conformité et subversion), s’avère particulièrement féconde, car elle ouvre l’espace d’une pluralité interprétative. Ce jeu d’équilibre entre reproduction et transformation s’avère fondamental dans la pédagogie littéraire contemporaine.
Dans un contexte éducatif marqué par la diversité culturelle, sociale et linguistique, cette conception permet de repenser les pratiques d’enseignement de la littérature. Plutôt que de s’enfermer dans des lectures figées ou des refus dogmatiques des stéréotypes, il s’agit de donner aux élèves les outils pour identifier, comprendre, détourner et réinventer les représentations dominantes. Le stéréotype devient alors non plus un ennemi à abattre, mais un point d’appui critique et créatif.
Ainsi, dans le champ littéraire, les tensions inhérentes à l’ambivalence constitutive du stéréotype – selon la formule d’Amossy et Herschberg-Pierrot (Stéréotypes et clichés, 1997) – se manifestent et s’exacerbent à travers les multiples actualisations du concept, au gré de leur interaction. Qu’il s’agisse de plans linguistiques, thématico-narratifs ou idéologiques – tels que les identifie J.-L. Dufays dans Stéréotypie et littérature. L’inéluctable va-et-vient (1994) –le stéréotype demeure un objet de réflexion central tant pour les créateurs de fiction que pour les critiques. Ces derniers s’emploient soit à en déconstruire les usages convenus et à en révéler les limites (« les mettre à mal », selon Alain Goulet dans Le Stéréotype : crise et transformation, 1994), soit à en valoriser les fonctions heuristiques et la fécondité esthétique potentielle.
Les théories contemporaines de la réception s’intéressent également aux modalités selon lesquelles les stéréotypes participent à la structuration des régimes de lecture (cf. Dufays, Stéréotype et lecture, 1994). Par ailleurs, le stéréotype s’inscrit pleinement dans l’imaginaire social, en tant que vecteur de la représentation de l’Autre, révélant, dans notre rapport à l’Étranger, une image souvent préconstruite qui informe nos attitudes et nos discours.
Dans le domaine de la didactique des langues, l’étude et l’exploitation des stéréotypes – qu’il s’agisse d’expressions idiomatiques, de parémies, de phraséologismes ou de toute autre structure figée – reposent sur des fondements psycholinguistiques. Ces derniers considèrent que l’acquisition du lexique ne saurait se réduire à une simple accumulation lexicale, mais qu’elle engage un processus dynamique de construction de réseaux de relations complexes : phonétiques, graphiques, sémantiques, morphologiques, syntaxiques, encyclopédiques ou encore personnelles (González Rey, La didactique du français idiomatique, 2007). Dans cette perspective, l’appropriation des formes figées conduit fréquemment les apprenants à mobiliser leur langue maternelle – stratégie à double tranchant, génératrice d’interférences et de malentendus, mais aussi propice à la prise de conscience des contrastes linguistiques et culturels entre les systèmes en présence, tant sur le plan syntaxique qu’idéologique.
Il en résulte alors que le stéréotype est un outil ambivalent : il permet de penser par soi-même en usant du passage par la pensée de l’autre, en se l’appropriant. C’est cette dualité essentielle qui en fait un objet d’analyse si fécond.
Ce Colloque International se propose d’étudier la question de la stéréotypie littéraire comme piste pour le renouvellement des dispositifs d’enseignement et de formation au Maroc. Chercheurs, enseignants, écrivains et praticiens sont invités à mettre au clair les enjeux liés à la représentation et à l’interprétation stéréotypée dans les textes et les pratiques éducatives.
Les axes de réflexion proposés sont :
La plasticité du stéréotype : transformations, historicité et actualisation
Stéréotypes et cognition : entre outil heuristique et réduction du réel
Fonctions discursives et rhétoriques du stéréotype
Stéréotype, fiction et esthétique : représentations, détournements, critiques
Stéréotypes et réception : lectures, interprétations, imaginaires
Stéréotypes linguistiques et didactiques : formes figées, acquisition, interférences
Stéréotypie et altérité : représentations de l’Autre et enjeux éthiques.
—
Calendrier
Date limite de soumission des propositions de communication : 15 septembre 2025
Retour aux auteurs : 30 Septembre 2025
Date limite d’inscription : 16 octobre 2025
Date limite de soumission des textes définitifs : 12 novembre 2025
La tenue du Colloque : 26- 27 novembre 2025(Au Centre des Études Doctorales (CED) Dhar El Mahraz– Fès).
—
Frais de participation :
Types de participants
Frais d’inscription au colloque en MAD
Enseignants chercheurs
500,00 MAD (50 €)
Doctorants
300,00 MAD (30 €)
Le code SWIFT : BKAMMAMR
Relevé d’Identité Bancaire
Ecole Normale Supérieure
TP FES
FES
Références bancaires
Code banque Code ville Numéro de compte Clé RIB
310 270 1005024700508501 53
Les frais couvrent :
- Les repas de midi du 26 et du 27 novembre 2025
-Les pauses café
-La documentation du colloque
-La publication des actes après évaluation
—
Soumissions des propositions
Nous invitons les chercheurs et les chercheuses intéressé(e)s à nous soumettre leurs propositions de communication qui, rédigées en anglais, en français ou en arabe, devront contenir les informations suivantes :
- Titre de la communication
- Nom et prénom de l'auteur(e)
- Affiliation institutionnelle
- Résumé de la communication (300 mots)
- Mots clefs : (3-5 mots)
Les envois doivent être accompagnés d'une brève biobibliographie, à envoyer à l'adresse électronique suivante : stereotypescongres@gmail.com
—
ORGANISATION DU COllOQUE
Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès
Laboratoire des Sciences Humaines Appliquées
Equipe de recherche : Arts, Littérature et Etudes culturelles
Ecole Normale Supérieure de Fès
COORDINATION
- Pr. KARRA Anouar (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)
- Pr. Touzani Idrissi Habiba (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)
Comité scientifique:
Adam Jamila Oueslati, Mickiewicz University, Poznań, Poland
Ait Zemzami Driss, Université Moulay Ismaïl Meknès, Maroc
Assermouh Jalal, USMBA Fès, Maroc
Babalahcen Rajaa, Université Cadi Ayyad Marrakech, Maroc
Belarbi Mokhtar, Université Moulay Ismaïl Meknès, Maroc
Belhaj Hicham, USMBA Fès, Maroc
Boutahar Youssef, USMBA Fès, Maroc
Tazi Chakib, USMBA Fès, Maroc
Hajar Dahma,USMBA Fès, Maroc
Danze François, Université Jean Moulin, Lyon III, France
Dkhissi Abderrafiâ, USMBA Fès, Maroc
Jean-Louis Dufays, Université catholique de Louvain, Belgique
El Bouazaoui Mohamed, USMBA Fès, Maroc
El Harmassi Soumya, Université Mohamed V de Rabat, Maroc
Fathi Adil, Université CaddiAyyad Marrekech, Maroc
Gougil Rachida, USMBA Fès, Maroc
Hodzi Ahmed Aziz, Université Caddi Ayyad Marrekech, Maroc
Hamid Jaafar, Université Hassan II, Casablanca, Maroc
Idbrahim Hassan, USMBA Fès, Maroc
Lazrak Mohammed, USMBA Fès, Maroc
Karra Abdelkader, USMBA Fès, Maroc
Karra Anouar, USMBA Fès, Maroc
Kervyn Bernadette, Université de Bordeaux , France
Khattari Salima, Université Mohamed V de Rabat, Maroc
Othmane Zakaria, USMBA Fès, Maroc
Mabrour Abdelouahad, Université Chouaïb Doukkali El Jadida, Maroc
Marfouq Assia, Université Hassan Premier de Settat Maroc
Najih Abdelaziz, USMBA Fès, Maroc
Ouallaf Abdelhak, CRMEF Fès, Maroc
Rabie Abdelaziz, USMBA Fès, Maroc
Seddik Lahcen, USMBA Fès, Maroc
Senhaji Asmae, USMBA Fès, Maroc
Souidi Rachid, Université Ibn Tofaïl Kénitra, Maroc
Zekri Khalid, Université Moulay Ismaïl Meknès, Maroc
Zerriq Abdelkader, USMBA Fès, Maroc
Comité d’organisation
Ait Zemzami Driss, Université Moulay Ismaïl Meknès, Maroc
Assermouh Jalal, USMBA Fès, Maroc
Babalahcen Rajaa, Université Cadi Ayyad Marrakech, Maroc
Belarbi Mokhtar, Université Moulay Ismaïl Meknès, Maroc
Belhaj Hicham, USMBA Fès, Maroc
Boutahar Youssef, USMBA Fès, Maroc
Hajar Dahma,USMBA Fès, Maroc
Dkhissi Abderrafiâ, USMBA Fès, Maroc
Fathi Adil, Université Caddi Ayyad Marrekech, Maroc
Gougil Rachida, USMBA Fès, Maroc
Hodzi Ahmed Aziz, Université Caddi Ayyad Marrekech, Maroc
Idrissi Touzani Habiba, USMBA Fès, Maroc
Lazrak Mohammed, USMBA Fès, Maroc
Karra Abdelkader, USMBA Fès, Maroc
Karra Anouar, USMBA Fès, Maroc
Khattari Salima, Université Mohamed V de Rabat, Maroc
Othmane Zakaria, USMBA Fès, Maroc
Marfouq Assia, Université Hassan Premier de Settat Maroc
Najih Abdelaziz, USMBA Fès, Maroc
Ouallaf Abdelhak, CRMEF Fès, Maroc
Rabie Abdelaziz, USMBA Fès, Maroc
Seddik Lahcen, USMBA Fès, Maroc
Souidi Rachid, Université Ibn Tofaïl Kénitra, Maroc
Zerriq Abdelkader, USMBA Fès, Maroc.