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"L’inimitié dans les correspondances d’écrivains" (Mulhouse)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Nikol Dziub)

Colloque international et interdisciplinaire

L’inimitié dans les correspondances d’écrivains

25-26 novembre 2021

Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes (ILLE – UR 4363)

Université de Haute-Alsace, Mulhouse

Appel à communications 

Dans le cadre des recherches menées au sein de l’ILLE (Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes, UR 4363, Université de Haute-Alsace) sur les relations entre littérature et amitié, et dans la continuité du colloque « “Amitiés vives” : l’amitié dans les correspondances d’écrivains » (Mulhouse, novembre 2020), nous souhaitons initier une réflexion collective sur les inimitiés d’écrivains telles qu’elles s’expriment dans les lettres qu’ils échangent.

Dans leur Histoire des haines d’écrivains, de Chateaubriand à Proust (Flammarion, 2009), Anne Boquel et Étienne Kern rappellent cet échange épistolaire entre Balzac et Sue : le premier demande au second : « Avez-vous bien des ennemis ? » – à quoi son collègue en littérature répond : « Les ennemis ; oh ! très bien, parfaits et en quantité. » Or, derrière la boutade se cache une vérité profonde : l’histoire (esthétique comme politique) de la littérature se construit à coups de haines et d’animadversions. Et ce pas uniquement parce qu’un ennemi puissant est un gage de publicité (fût-elle en apparence peu flatteuse) ; ou parce que toute œuvre saillante fait de son auteur la cible de mille jalousies (« Chaque effet que vous produisez vous crée un ennemi. Pour être populaire, il faut être médiocre », écrit Oscar Wilde dans The Picture of Dorian Gray, 1890/1891) ; mais aussi parce que les personnalités d’écrivains se forgent volontiers par réaction, selon une logique presque apophatique (l’écrivain se définit souvent, pour lui-même comme pour ses lecteurs et pour la postérité, par ce qu’il n’est pas).

Freud n’écrivait-il pas d’ailleurs dans Malaise dans la civilisation que le « penchant à l’agression » est « une prédisposition pulsionnelle originaire et autonome de l’être humain » ? Mais, si la haine est une passion essentielle à l’humanité, elle ne se confond ni avec l’agressivité pure, ni avec la violence brute. Et si son iris est composé de mille nuances (dont l’hostilité, la jalousie, la détestation, la rivalité, l’aversion, l’animadversion, l’inimitié, la malveillance, la rancune, l’antipathie ou encore la suspicion), elle semble avoir pour trait caractéristique d’être toujours personnelle : certes, le besoin de haïr peut être parfois vicariant, mais il est en permanence à la recherche d’un objet incarné – lequel peut être un « ennemi particulier » (« inimicus ») comme un « ennemi public » (« hostis »). D’où la nécessité, pour l’homme en général, et plus spécifiquement pour l’homme de mots qu’est l’écrivain, de manifester sa haine dans le dispositif d’énonciation frontal qu’est la lettre.

Ainsi, du mépris (on songera par exemple à la condescendance que montre Nabokov quand il parle de Thomas Mann) à l’envie (on pensera à Robert Musil, qui trépignait de rage devant les succès de ses contemporains), les sentiments les moins nobles travaillent les âmes des plus grands écrivains. L’objet de ce colloque, toutefois, n’est pas de revenir sur l’histoire déjà bien documentée des haines d’écrivains, mais plutôt – ce qui en soi semble constituer un paradoxe – d’étudier comment ces inimitiés s’expriment dans leurs correspondances. Il peut certes paraître étonnant que deux hommes qui ne s’aiment pas échangent des lettres – et pourtant le cas n’est pas rare, tant s’en faut. Prenons l’exemple de l’un des épistoliers les plus abondants du XXe siècle : André Gide. Plusieurs de ses amitiés tournent mal, sans pour autant qu’il cesse d’écrire à ceux qui sont devenus ses adversaires, voire ses ennemis. Paul Claudel comme Francis Jammes le honnissent pour avoir avoué publiquement son homosexualité : et pourtant il reste en contact épistolaire avec l’un comme avec l’autre, auxquels il garde (au moins en partie) son estime littéraire. Igor Stravinski se vexe de ce que Gide n’ait pas assisté à la première de la Perséphone qu’ils ont conçue à quatre mains – mais l’auteur des Nourritures n’en tente pas moins de maintenir ouvert le dialogue avec le compositeur du Sacre du printemps. Pierre Louÿs, de son côté, après avoir été l’un des plus proches amis du jeune Gide, se décide à le mépriser et à l’appeler « Ali Gaga » : Gide n’ignore pas les insultes, mais il ne s’interdit pas pour autant d’écrire de temps à autre à son ancien camarade. D’autres correspondances sont ainsi placées sous le signe de l’intermittence : que penser, par exemple, des relations entre Francis Ponge et son disciple Christian Prigent, qui, après quelques années d’admiration sans complaisance, « tue le père » – avant de tenter un rapprochement in extremis, hélas empêché par le décès de l’auteur du Parti pris des choses ?

Pourquoi tant de fiel ? Et qu’apporte la haine à l’épistolier ? Écrire une lettre haineuse, est-ce simplement répondre aux ordres de la passion/pulsion ? N’est-ce pas aussi, pour l’écrivain, cultiver, de façon quelque peu incongrue, la posture dialogique et l’ouverture sur l’altérité (fût-ce une altérité agressive voire malveillante) qui semblent indissociables de tout acte créateur ? Voici les axes (non exclusifs) autour desquels nous proposons de bâtir notre réflexion :

-L’ennemi littéraire comme alter ego ou comme evil twinL’ennemi littéraire ne serait-il pas le moi que donc je ne suis pas – d’où le besoin de maintenir vivant le lien avec cette autre figure de soi ? Comment ne pas citer ici le Zola de Mes haines : « Si je vaux quelque chose aujourd’hui, c’est que je suis seul et que je hais » ? Et comment ne pas convoquer aussi un homme qui méprisait absolument Zola, à savoir (à nouveau) Oscar Wilde, qui fait dire au Lord Henry du Portrait de Dorian Gray : « Un homme ne saurait apporter trop de soin au choix de ses ennemis » ? Ce rôle spécifique de l’adversaire littéraire est particulièrement évident dans certaines correspondances. On pensera notamment à telle lettre de D. H. Lawrence à Bertrand Russel envoyée le 14 septembre 1915, où le romancier, qui reproche au philosophe de ne savoir assumer son identité réelle, peint son portrait en « anti-ego » : « J’aime mieux encore les soldats allemands avec leurs rapines et leur cruauté, que vous et vos bonnes paroles. C’est l’inauthenticité que je ne peux pas supporter. Je me moquerais que vous soyez six fois meurtrier, si vous étiez capable de vous dire à vous-même : “C’est cela que je suis.” […] Redevenons étrangers l’un à l’autre. Je pense que cela vaut mieux ». Un autre exemple intéressant est celui de la lettre ouverte adressée par William S. Burroughs à Truman Capote le 23 juillet 1970 à propos de In Cold Blood (1966). De celui qui estimait que les écrivains de la Beat Generation n’écrivaient pas, mais « tapaient à la machine », Burroughs se venge en ces termes : « Vous avez écrit un livre ennuyeux et illisible qui aurait pu être écrit par n’importe quel rédacteur du New Yorker. […] Profitez de votre argent sale. Vous n’aurez jamais plus rien d’autre. Vous n’écrirez plus jamais une phrase meilleure que celles de De sang-froid. Comme écrivain, vous êtes fini. ». Bel exemple de retour de manivelle épistolaire, Capote et Burroughs s’accusant mutuellement d’être ce que ni l’un ni l’autre ne veut être, et d’incarner la figure qui semble en l’occurrence constituer à leurs yeux le repoussoir par excellence : un journaliste.

-L’invective comme engrais poétique et comme moteur esthétique. Prendre son adversaire à partie, n’est-ce pas un moyen particulièrement efficace de travailler son style ? Car il faut faire mouche quand on s’en prend à un ennemi, sous peine d’avoir le dessous, ou de tomber dans le ridicule. Il n’est que de feuilleter le livre d’Anne Boquel et Étienne Kern cité plus haut, ou le volume sur les Colères d’écrivains édité par Martine Boyer-Weinmann et Jean-Pierre Martin (2009), pour se convaincre que la haine inspire les écrivains – et en particulier les épistoliers. Francis Scott Fitzgerald, ainsi, n’a jamais si bien défendu la littérature et son esprit d’insoumission que dans ses réponses aux hate letters qu’il reçut après la publication de This Side of Paradise (1920), roman jugé par beaucoup irrespectueux à l’égard des « gens en place ». Le 9 février 1920, par exemple, il envoie à un certain Robert D. Clark une lettre féroce où il fait le portrait des hommes d’affaires en criminels, et où il fait l’éloge de l’écrivain méprisé par les « marchands et les politiciens mesquins » : « Cher Bob, Votre lettre m’a à ce point énervé, que je vous réponds immédiatement […]. Je ne peux pas ouvrir un journal sans y apprendre que des “vraies personnes” [i.e des hommes d’affaires ou des hommes politiques] […] viennent de partir pour Sing Sing. […] Qui diable a jamais respecté Shelley, Whitman, Poe, O. Henry, Verlaine, Swinburne, Villon, Shakespeare, etc ? Shelley et Swinburne ont été renvoyés de l’université ; Verlaine et O Henry ont été en prison. Les autres sont des ivrognes ou des misérables. »

-De la haine à l’œuvre. Que reste-t-il des inimitiés épistolaires des écrivains dans leurs œuvres ? Si la lettre est souvent décrite, à juste titre, comme le laboratoire de l’œuvre, en va-t-il de même quand elle se fait le creuset d’une hostilité ou d’une aversion ? On se souviendra à ce propos des traces que l’antipathie entre André Gide et Jules Romains laissent non seulement dans leur correspondance, mais aussi dans l’œuvre du second, qui, persuadé que son aîné a emprunté à ses Copains (1913) l’idée du crime gratuit exploitée dans Les Caves du Vatican (1914), fait dire à l’un de ses personnages des Hommes de bonne volonté (Vorge contre Quinette, t. 17, 1939) : « André Gide. Il m’amuse, mais il m’agace. Je suis sûr que l’idée d’un commissaire de police le fait trembler ». Et l’on pourra penser aussi au terrible Boon (1915) de H. G. Wells, dont le chapitre 4 constitue une caricature assassine du style et de la conception de l’art du dernier Henry James… lequel, parodiant la rhétorique malveillante du héros éponyme du livre de Wells, écrira à ce dernier (qu’il avait pourtant longtemps considéré comme son ami) le 10 juin 1915 : « C’est l’art qui fait la vie, […] et je ne connais pas de substitut à la force et à la beauté de cette démarche. Si j’étais Boon, je dirais que tout simulacre d’un tel substitut n’est que méprisable et vaine billevesée ; mais pour rien au monde je ne voudrais être Boon, et ne suis que votre fidèle Henry James. »

Bien entendu, les projets apportant d’autres éclairages sur la question seront les bienvenus.

Porteurs du projet : Régine Battiston (Professeure, ILLE/UHA), Nikol Dziub (Docteure en littératures française, générale et comparée, ingénieure de recherche, ILLE) et Augustin Voegele (Docteur en littérature française, professeur agrégé de Lettres modernes, ILLE).

Les propositions (1/2 page) sont à envoyer, accompagnées d’une brève notice biobibliographique (1/2 page), à Augustin Voegele (augustinvoegele@yahoo.fr) avant le 31 mars 2021. Le colloque donnera lieu à une publication avec évaluation en double-aveugle.

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International and Interdisciplinary Symposium

Enmity in writers’ correspondence

November 25-26, 2021

Research Institute for European Languages and Literatures (ILLE – UR 4363)

University of Haute-Alsace, Mulhouse, France

Call for papers

Within the framework of the research carried out within the ILLE (Research Institute for European Languages and Literatures, UR 4363, University of Haute-Alsace, Mulhouse, France) on the relationship between literature and friendship, and in the continuity of the symposium « “Amitiés vives” : l’amitié dans les correspondances d’écrivains » (Mulhouse, November 2020), we would like to initiate a collective project on the hostility between writers as expressed in their letters.

In their Histoire des haines d’écrivains, de Chateaubriand à Proust (Flammarion, 2009), Anne Boquel and Étienne Kern recall this epistolary exchange between Balzac and Sue : the former asks the latter : « Do you have any enemies ? », to which his literary colleague replies : « The enemies ; oh ! very good, perfect and in quantity. » But behind the joke lies a profound truth : the (aesthetic and political) history of literature is built on hatred and animadversion. And not only because a powerful enemy is a guarantee of publicity (however unflattering it may seem) ; or because every outstanding work makes its author the target of a thousand jealousies (« Every effect that one produces gives one an enemy. To be popular one must be a mediocrity », wrote Oscar Wilde in The Picture of Dorian Gray, 1890/1891) ; but also because writers’ personalities are often formed by reaction, according to an almost apophatic logic (writers often define themselves, for themselves, for their readers and for posterity, by what they are not).

Didn’t Freud also write in Civilization and its Discontents that the « inclination to aggression » is « an original and autonomous impulsive predisposition of the human being » ? But, if hatred is an essential passion for humanity, it is not to be confused with pure aggression, nor with brute violence. And if its spectrum is composed of a thousand nuances (including hostility, jealousy, detestation, rivalry, aversion, animadversion, enmity, malevolence, resentment, antipathy or suspicion), it seems to have the characteristic trait of always being personal : certainly, the need to hate can sometimes be vicarious, but it is constantly in search of an embodied object – which can be a « particular enemy » (« inimicus ») as well as a « public enemy » (« hostis »). Hence the need for man in general, and more specifically for the man of words that is the writer, to manifest his hatred in the frontal enunciation device that is the letter.

Thus, from contempt (one thinks, for example, of the condescension shown by Nabokov when he speaks of Thomas Mann) to envy (one thinks of Robert Musil, who trembled with rage at the successes of his contemporaries), the least noble feelings inhabit the souls of the greatest writers. The purpose of this symposium, however, is not to revisit the already well-documented history of writers’ hatreds, but rather – which in itself seems to be a paradox – to study how these enmities are expressed in their letters. It may indeed seem surprising that two men who do not like each other should exchange letters – and yet the case is not uncommon, far from it. Let us take the example of one of the most abundant epistoliers of the 20th century : André Gide. Many of his friendships go badly wrong, yet he never stops writing to those who have become his adversaries, or even his enemies. Both Paul Claudel and Francis Jammes hated him for publicly confessing his homosexuality : and yet he remained in epistolary contact with both of them. Igor Stravinsky is offended that Gide did not attend the premiere of Persephone, which they conceived with four hands – but the author of the Nourritures terrestres nonetheless tries to keep the dialogue with the composer of The Rite of Spring open. Pierre Louÿs, for his part, having been one of the young Gide’s closest friends, decided to despise him and to call him « Ali Gaga » : Gide was not unaware of the insults, but he did not refrain from writing to his former comrade from time to time. Other correspondences are placed under the sign of intermittency : one thinks, for example, of the relationship between Francis Ponge and his disciple Christian Prigent, who, after a few years of admiration, « kills the father » – before attempting a rapprochement in extremis, unfortunately prevented by the death of the author of Le Parti-pris des choses.

Why so much bile ? And what does hatred bring to the epistolier ? Is writing a hateful letter simply a response to the orders of passion/pulsion ? Is it not also, for the writer, a means of cultivating, in a somewhat incongruous way, the dialogical posture and the openness to otherness (even if it is an aggressive or even malevolent otherness) which seem inseparable from any creative act ? Here are the (non-exclusive) axes around which we propose to build our reflection :

The literary enemy as alter ego or as evil twin. Is the literary enemy not the self that I am not – hence the need to keep alive the link with this other figure of myself ? How can we not quote here the Zola from Mes haines : « If I am worth anything today, it is that I am alone and that I hate » ? And how could we not also quote a man who absolutely despised Zola, namely (again) Oscar Wilde, who made Lord Henry say in the Portrait of Dorian Gray : « A man cannot be too careful in his choice of enemies » ? This specific role of the literary adversary is particularly evident in certain correspondence. One thinks in particular of a letter from D. H. Lawrence to Bertrand Russel sent on 14 September 1915, in which the novelist, who reproaches the philosopher for not knowing how to assume his real identity, paints his portrait as an « anti-ego » : « I would rather have the German soldiers with rapine and cruelty, than you with your words of goodness. It is the falsity I can’t bear. I wouldn’t care if you were six times a murderer, so long as you said to yourself, “I am this.” […] Let us become strangers again, I think it is better. » Another interesting example is William S. Burroughs’ open letter to Truman Capote on July 23, 1970 about In Cold Blood (1966). Of the man who believed that Beat Generation writers did not write, but « typed », Burroughs takes revenge : « You have written a dull unreadable book which could have been written by any staff writer on the New Yorker [...].Enjoy your dirty money. You will never have anything else. You will never write another sentence above the level of In Cold Blood. As a writer you are finished. ». Capote and Burroughs are a good example of the return of the epistolary crank, accusing each other of being what neither of them wants to be, and of embodying the figure that seems to them to be the repellent par excellence : a journalist. The invective as poetic fertilizer and aesthetic motor. Isn’t insulting your opponent a particularly effective way of working on your style ? You have to hit the nail on the head when you attack an enemy, otherwise you’ll be underhanded or fall into ridicule… One only has to leaf through the book by Anne Boquel and Étienne Kern cited above, or the volume on the Colères d’écrivains published by Martine Boyer-Weinmann and Jean-Pierre Martin (2009), to be convinced that hatred inspires writers – and particularly in their letters. Francis Scott Fitzgerald, for example, never defended literature and its spirit of insubordination so well as in his responses to the hate letters he received after the publication of This Side of Paradise (1920), a novel that many considered disrespectful to « people in power ». On February 9, 1920, for example, he sent a ferocious letter to Robert D. Clark, portraying businessmen as criminals and praising the writers despised by « merchants and petty politicians » : « Dear Bob, Your letter riled me to such an extent that I’m answering immediatly. […] I can’t pick up a paper here without finding that some of these “real people” [i.e. businessmen or politicians] [...] have just gone up to Sing Sing. […] Who in hell ever respected Shelley, Whitman, Poe, O. Henry, Verlaine, Swinburne, Villon, Shakespeare ect when they were alive. Shelley + Swinburne were fired from college ; Verlaine + O Henry were in jail. The rest were drunkards or wasters ». Hatred at work. What remains of the writers’ epistolary enmities in their works ? If the letter is often rightly described as the laboratory of the work, is it the same when it becomes the crucible of hostility or aversion ? In this connection, we may recall the traces that the antipathy between André Gide and Jules Romains left not only in their correspondence, but also in the work of the latter, who, convinced that the former borrowed from Les Copains (1913) the idea of gratuitous crime exploited in Les Caves du Vatican (1914), had one of his characters in Les Hommes de bonne volonté (Vorge contre Quinette, t. 17, 1939) say : « André Gide. He amuses me, but he annoys me. I’m sure the idea of a police commissioner makes him tremble. » Then there is the terrible Boon (1915), by H. G. Wells, whose chapter 4 is a murderous caricature of the style and conception of art of the last Henry James… who, parodying the malicious rhetoric of the eponymous hero in Wells’ book, wrote to the latter (whom he had long considered his friend) on June 10, 1915: « It is art that makes life, […] and I know of no substitute whatever for the force and beauty of its process. If I were Boon I should say that any pretence of such a substitute is helpless and hopeless humbug ; but I wouldn’t be Boon for the world, and am only yours faithfully, Henry James. »

Of course, projects that shed further light on the issue will be welcome.

Project leaders : Régine Battiston (Professor, ILLE/UHA), Nikol Dziub (PhD and Research engineer, ILLE) and Augustin Voegele (PhD and Professeur agrégé of French Literature, ILLE).

Proposals (1/2 page) should be sent, together with a short biobibliographical note (1/2 page), to Augustin Voegele (augustinvoegele@yahoo.fr) before 31 March 2021. The symposium’s proceedings will be published after a double-blind review process.