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Avatars de l'objet culturel underground

Avatars de l'objet culturel underground

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Matthieu Rémy)

« Avatars de l’objet culturel underground »

Colloque international

 

1-2 avril 2020

Université de Lorraine – Site de Nancy

Laboratoire LIS (Littérature, Imaginaire, Société - EA 7305)

Laboratoire CERCLE (EA 4372)

Appel a communications

 

Il y a cinquante ans paraissait le mensuel Actuel, lancé par Jean-François Bizot et de nombreux journalistes soucieux d’inventer une presse d’un nouveau genre. Ce support inédit, dans le droit-fil de la contre-culture américaine et de sa free press, voulait être une caisse de résonance pour tout objet culturel auquel pouvait être prêté l’étiquette underground.

 

De 1970 jusqu’à nos jours, cette étiquette est restée vivace mais sa définition – malgré les efforts de Bizot et ses collaborateurs pour résoudre l’équation – est restée relativement floue, faisant osciller l’objet culturel underground entre la construction refusant les codes académiques de sa discipline et le projet intensément subversif, volontairement abrasif.

Appartenant au champ des cultures marginales sans pour autant rallier l’instinct communautaire des « sous-cultures » définies par Dick Hebdige, l’objet underground cherche à promouvoir un « vivre ensemble » alternatif, où pourrait naître une « contre-culture », orée d’une nouvelle civilisation. Il est donc politique par nature, même s’il refuse la plupart du temps de se reconnaître dans les combats politiciens qui lui sont contemporains, leur préférant les luttes de libération morale.

Comme le terme « contre-culture », problématique lorsqu’il n’est envisagé que comme l’envers d’une culture jugée comme dominante, le terme « underground » pose question, à la fois parce qu’il désigne l’endroit réel où naît une culture déviante (la cave) mais aussi le lieu symbolique (le souterrain de Dostoïevski ou Ralph Ellison) d’où provient la voix qui l’anime. Serge Loupien le remarque dans son livre La France underground : le terme « underground » s’avère parfois pluriel, selon ce que ses utilisateurs veulent en faire. Du Velvet Underground à Curtis Mayfield, il est pourtant, selon le journaliste, « indissociablement lié à un désir de changement sociétal radical s’appuyant à la fois sur une situation sociale bien particulière et sur un conflit des génération »[1]. Cette tentative de définition a le mérite de proposer une essence commune à toutes les productions underground : une part d'utopie rassemblant des individus rejetant la culture établie refusant les valeurs et les normes de la société dans laquelle elles se meuvent au nom d’autres valeurs. Surtout elles revendiquent leur positionnement en marge de la société. Dans le souterrain, au propre comme au figuré.

Si l’histoire de ces objets culturels si particuliers nous intéressera particulièrement (Léon Mercadet évoque à propos du terme underground un clin d’œil des Américains à la Résistance française, surnommée The French Underground durant la Deuxième Guerre mondiale), nous ne négligerons surtout pas la géographie de leur production : quelles sont les conditions socio-économiques particulières qui font que, sur un territoire donné, s’épanouit plus facilement qu’ailleurs une culture alternative ?

Nous souhaiterions donc, dans le champ des études culturelles et à l’aune d’une méthodologie empruntant à la fois à l’herméneutique et à l’histoire culturelle, observer durant ce colloque international quelles furent les différentes formes prises par l’objet culturel underground à l’ère contemporaine.

En nous concentrant sur les productions européennes – de l’est à l’ouest – mais en nous permettant un regard indispensable vers d’autres continents, nous tenterons de dresser un panorama des propositions artistiques underground, de la littérature à la presse, du cinéma aux musiques actuelles.

Ce colloque international sera co-organisé par le laboratoire CERCLE et le laboratoire LIS, s’inscrivant dans l’axe PROPIS de ce dernier, porteur des problématiques concernant l’histoire culturelle et ses enjeux socio-historiques.

Un titre et un résumé d’environ 200 mots (10 à 15 lignes), en français ou en anglais, accompagnés d’une brève notice bio-bibliographique, devront être envoyés aux deux organisateurs avant le 20 décembre 2019 : matthieu.remy@univ-lorraine.fr; dider.francfort@univ-lorraine.fr

Lieu du colloque :

Université de Lorraine

Campus Lettres et Sciences Humaines de Nancy (les lieux exacts seront communiqués aux participant•e•s début 2020)

 

 

 

Comité scientifique

 

Agnès Callu (IAAC, CNRS/EHESS)

François Cusset (Université Paris Ouest)

Florent Coste (Université de Lorraine, LIS)

Anaïs Fléchet (Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines, CHCSC)

Didier Francfort (Université de Lorraine, CERCLE)

Pascale Goetschel (Université Paris I Panthéon Sorbonne/CHS UMR 8058)

Myrtille Picaud (Sciences Po, CEE, CESSP)

Matthieu Rémy (Université de Lorraine, LIS)

Cyril Vettorato (Université Paris Diderot)

 

 

Bibliographie sélective

 

 

ANGER Kenneth, Hollywood Babylone, Auch, Tristram, 2013.

BANGS Lester, Psychotic Reactions et autres carburateurs flingués, Auch, Tristram, 2013.

BECKER Howard, Outsiders, Paris, Métaillié, 1985.

BENNETT Andy, GUERRA Paula, DIY cultures and Underground Music Scenes, Londres Routledge, 2018

BENDERSON Bruce, Concentré de contre-culture, Paris, Scali, 2007.

Bizot Jean-François, Free Press. La contre-culture vue par la presse underground, Paris, Actuel/Nova éditions, 2010.

BIZOT Jean-François, Underground : l’histoire, Paris, Denoël, 2001.

BOUYXOU Jean-Pierre, DELANNOY Pierre, L’Aventure hippie, Paris, Editions du Lézard, 1995.

BOYD Joe, White Bicycles, Paris, Allia, 2006.

CARLES Philippe, COMOLLI Jean-Louis, Free Jazz, Black Power, Paris, Champ Libre, 1971.

Collectif, C’est demain la veille, Seuil/Actuel, 1973.

FREMION Yves, Les Orgasmes de l’histoire, Paris, Encre, 1980.

GROGAN Emmett, Ringolevio, Gallimard, 1998.

GUEGAN Gérard, Ascendant Sagittaire, Paris, Editions Parenthèses, 2001.

HEBDIGE Dick, Sous-culture, Paris, Zones, 2008.

HEIN Fabien, Do It Yourself, Paris, Le Passager Clandestin, 2012.

HOSKYNS Barney, San Francisco : 1965-1970, les années psychédéliques, Le Castor Astral, 2006.

JEZO-VANNIER Steven, Contre-culture(s) : des Anonymous à Prométhée, Marseille, Le Mot et le reste, 2013.

Kervran Perrine, Kien Anaïs, Les années Actuel, Marseille, Le Mot et le Reste, 2010.

LABRY Manon, Riot Grrrls, Paris, Zones, 2016

LANCELOT Michel, Je veux regarder Dieu en face, Paris, Albin Michel, 1972.

LASCH Christopher, Culture de masse ou culture populaire ?, Climats, 2001.

LEBEL Jean-Jacques, Happenings, interventions et actions directes (1962-1982), Cahiers Loques, 1982.

LEBEL Jean-Jacques, Soulèvements, Paris, Fage/La Maison Rouge, 2009.

LOUPIEN Serge, La France underground. Free Jazz et Rock Pop, 1965-1979, Le temps des utopies, Paris, Payot & Rivages, 2018.

MARCUS Greil, Lipstick Traces, Paris, Allia, 1998.

MEMETEAU Richard, Pop culture, Paris, Zones, 2015.

MILES Barry, Ici Londres, Paris, Payot & Rivages, 2014.

MORIN Edgar, Journal de Californie, Paris, Seuil, 1970.

Neveux Olivier, Théâtres en lutte. Le théâtre militant en France des années 1960 à aujourd’hui, Paris, La Découverte, 2007.

NEVILLE Richard, Hippie Hippie Shake, Paris, Payot & Rivages, 2009.

ROSZAK Theodore, Vers une contre-culture, Paris, Stock, 1970.

ROUZAUD Jean, Contre-culture, Paris, Nova éditions, 2018.

RUBIN Jerry, Do It !, Paris, Le Seuil, 1971.

THORNTON Sarah, Club Cultures, Wesleyan University Press, 1995.

TURNER Fred, Aux sources de l’utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d’influence, Paris, C&F éditions, 2013.

 

 

[1] Serge Loupien, La France underground. Free jazz et Rock pop, 1965-1979, Paris, Payot et Rivages, 2018, p. 14.

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