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Ecriture et hérésie à travers l'histoire

Ecriture et hérésie à travers l'histoire

Publié le par Perrine Coudurier (Source : M. Florent Rouillé)

COLLOQUE

« ECRITURE ET HERESIE A TRAVERS L’HISTOIRE »

7-8 décembre 2012

Organisation Florent Rouillé avec la collaboration de Perrine Galand

 

Ecole pratique des Hautes Etudes (Sciences historiques et philologiques)

Salle Delisle (H 627), à la Sorbonne, 1 rue Victor Cousin, 75005 Paris

Galerie Claude Bernard, escalier U, 4eme étage

(métro Saint-Michel ou Luxembourg)

***

Comité scientifique : Vincent Zarini, professeur à l’Université de Paris IV, directeur de l’Institut d’Etudes Augustiniennes, pour le domaine antique ; Danièle James-Raoul, professeur à l’Université de Bordeaux III, pour le domaine médiéval ; Perrine Galand, directeur d’études à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, et Florent Rouillé (docteur, HDR EPHE) pour la période moderne.

E io : « Maestro, quai son quelle genti

Che, seppellite dentro da quell’arche,

Si fan sentir coi sospiri dolenti ? »

E quelli a me : « Qui son li eresïarche

Con lor seguaci, d’ogne setta, e molto

Piu che non credi son le tombe carche.

Simile qui con simile è sepolto,

E i monimenti son piu e men caldi. »[1]

Le présent colloque, qui réunit quinze intervenants durant deux journées, porte sur un sujet complexe et polymorphe, il appelle donc un dialogue entre chercheurs d’horizons différents. Nous avons souhaité la collaboration de spécialistes du champ littéraire aussi bien que de l’histoire des idées (science, philosophie, religion). Nous avons également voulu couvrir un très vaste spectre temporel (Antiquité, Moyen Âge, temps modernes), sans restriction d’ordre linguistique (grec, latin ou toute autre langue), même si la notion d’hérésie est d’abord prise dans son acception la plus courante depuis les premiers Pères de l’Eglise, celle de sédition contre l’orthodoxie de la foi chrétienne.

            Il s’agit d’explorer les diverses interactions possibles entre écriture et hérésie, considérant que l’une constitue pour l’autre un enjeu majeur : si l’hérésie s’écrit, si l’on écrit sur l’hérésie, si un écrit est lu et reconnu comme hérétique sans pourtant qu’il ne le revendique ouvertement, c’est que l’hérésie se révèle dans et par l’écriture. A l’inverse, concevoir l’hérésie comme matière écrite pose la question de savoir dans quelle mesure l’écriture contribue à produire l’hérésie, quelle est la part d’hérésie inhérente à l’écriture même, comme si l’une pouvait naître des procédés de l’autre, autant que d’un pur processus intellectuel, bref, en quoi la question du langage s’immisce dans la pensée de et sur l’hérésie. On se demandera donc s’il existe une poétique de l’hérésie, au confluent de la rhétorique et de la théologie, faisant d’elle un domaine proprement littéraire.

            Plusieurs pistes d’investigation seront envisagées et combinées. En ce qui concerne le genre et la typologie des écrits, on se demandera dans quelle mesure la composition d’un traité (théologique, philosophique, scientifique) intègre la notion même d’hérésie ; sur le plan thématique, en quoi l’hérésie est une source d’inspiration littéraire singulière, stimulant l’imaginaire des écrivains et leur créativité ; du point de vue rhétorique et stylistique, on cherchera si l’hérésie induit un rapport particulier à l’écriture, selon qu’on la manifeste ou qu’on la cache dans les mots, pour la défendre ou la combattre ; enfin, sur les plans métapoétique et anthropologique, on verra si l’hérésie constitue une métaphore privilégiée du littéraire, susceptible d’en révéler le fonctionnement souterrain et la dynamique de développement, et si l’on peut légitimement parler aussi d’« hérésie littéraire ».

Programme

VENDREDI 7 décembre

Vendredi matin

9 h 00 - 9 h 10 : accueil des participants et ouverture du colloque par Florent Rouillé (docteur ; HDR EPHE) et Perrine Galand (EPHE)

Présidence : Perrine Galand

I - Les noces houleuses d’Ecriture et Hérésie 

L’hérésie entre état de fait et fait de langue.

9 h 10  - 9 h 40 : Luce Albert (Université d’Angers), « La figure de l’hérétique chez Calvin, de l’archétype au libertin ».

9 h 40 -10 h 10 : Peter Kuon (Université de Salzbourg) « Va, impie, hors d’ici !’ L’expulsion du paradis ou la rhétorique de l’hérésie dans Les Etats et Empire de la lune de Cyrano de Bergerac ».

10h 10 - 10 h 30 : discussion.

10h 30 - 10 h 40 : pause.

L’hérésiologie entre grossièreté et subtilité.

10 h 40 - 11 h 10 : Elsa Marguin-Hamon (Archives Nationales), « Entre antihaeresis et miroir inversé : Jean de Garlande, les lettres et l’hérésie ».

11 h 10 - 11 h 40 : Florent Rouillé (EPHE), « Le dédalisme est-il une hérésie ? Une lecture du Contra Quatuor Labyrinthos Franciae de Gautier de Saint Victor ».

11 h 40 - 12 h 00 : discussion.

12 h 00 - 14 h 00 : déjeuner.

Vendredi après-midi

Présidence : Vincent Zarini

II – L’écriture comme terrain de lutte contre l’hérésie 

L’écriture de l’hérétique sous la critique  de l’hérésiologue.

14 h 00 - 14 h 30 : Alain le Boulluec (EPHE), « Les recours polémiques des Pères Grecs aux écrits hérétiques, d’Irénée à Epiphane ».

14 h 30 - 15 h 00 : Géraldine Hertz (Université de Toulouse), "L’hérétique : un mauvais lecteur. Examen du rapport des hérétiques à l’écriture selon la Réfutation de toutes les hérésies".

15 h 00 - 15 h 30 : Mickaël Ribreau (Université de Paris III), « Les hérétiques savent-ils écrire ? Les hérésiologues, critiques littéraires de leurs adversaires ».

15h 30 - 15 h 50 :  discussion.

15h 50 - 16 h 00 : pause.

L’écriture de l’hérésiologue et sa mise en forme.

16 h 00 - 16 h 30 : Jérémy Delmulle (Université de Paris IV), « L’hérésiologue face au texte, de la critique  à la censure. Le cas du Contra collatorem de Prosper d’Aquitaine ».

16 h 30 - 17 h 00 : Pierre Descotes (Université de Paris IV), « De l’art d’écrire à un hérétique, d’après la correspondance de saint Augustin ».

17 h 00 - 17 h 30 : Laëtitia Ciccolini (Université de Paris IV), « Tractatu longo atque argumentis opus non est (Cyprien, Vnit., 4). Simplicité et puissance démonstrative comme vertus du discours contre les hérétiques (IIe-IVe s.) ».

17 h30 - 17 h 50 : discussion.

SAMEDI 8 decembre

Présidence : Danièle James-Raoul

Samedi matin

III – L’hérésie dans l’écriture, un processus de littérarisation 

Philosophie nouvelle et hérésie.

9 h 00  - 9 h 30 : Gilbert Fournier (EPHE), « D’une mise en garde l’autre, Maître Eckhart et les gens simples ».

9 h 30 -10 h 00 : Laurence Boulègue (Université d’Amiens), « A propos de la beatitudo perfecta. Stratégies argumentatives, détours du discours et enjeux idéologiques dans le De Solitudine d’Agostino Nifo (1535) ».

10 h 00 - 10 h 20 : discussion.

10 h 20 - 10 h 30 : pause.

Genres littéraires et hérésie.

10 h 30 - 11 h 00 : Olivier Szerwiniack (Université d’Amiens), « Le rôle de l'hérésie dans l'écriture de l'Histoire ecclésiastique du peuple anglais de Bède le vénérable ».

11 h 00 - 11 h 30 : Jean-René Valette (Université de Bordeaux III), « Ecriture et hérésie dans l’oeuvre de Robert de Boron ».

11 h30 - 12 h 00 : Guillaume Oriol (Université de Bordeaux III), « Anticléricalisme et lyrisme, aspects du  
catharisme au miroir de la poésie des troubadours ».

12 h 00 - 12 h 20 : discussion.

12 h 20 - 12 h 30 : clôture du colloque.

 

 

[1] Dante, L’Enfer, IX, 124-131, traduction Jacqueline Risset : « Et moi : «Maître, quels sont ces gens, / Ensevelis dans ces tombeaux, / Qui poussent des soupirs si douloureux ? / Et lui à moi : «’Ce sont les hérésiarques / Avec leurs disciples de toutes sectes, / Et leurs tombeaux sont plus remplis que tu ne vois. / Ici gît le semblable avec le semblable, / Et les sépulcres sont plus ou moins brûlants.»