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"Game of Thrones, nouveau modèle pour la fantasy ? " (Epinal)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Anne Besson)

"Game of Thrones, nouveau modèle pour la fantasy ?"

Colloque des Imaginales, 14-15 mai 2020

à Epinal dans le cadre du Festival des Imaginales

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Direction scientifique : Anne Besson (Université d’Artois), Christian Chelebourg (Université de Lorraine), Stéphanie Nicot (directrice artistique des Imaginales), Natacha Vas-Deyres (Université de Bordeaux-Montaigne)

Comité d’organisation : Stéphane Wieser (directeur du Festival des Imaginales d’Epinal), en association avec le Comité d’Histoire régionale – Région Grand Est (Vianney Muller) et les IME (Jacques Oréfice)

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PRESENTATION :

Un an après la diffusion des derniers épisodes de Game of Thrones (David Benioff et D.B. Weiss, HBO, 2011-2019), ce colloque se veut l’occasion d’un premier bilan collectif sur ce que le succès médiatique et la réussite esthétique de la série télévisée mais aussi du cycle romanesque inachevé de George Martin dont elle est l’adaptation, A Song of Ice and Fire (Le Trône de fer), ont pu apporter à la manière dont la fantasy est perçue – dans quelle mesure le phénomène GoT a-t-il transformé la façon dont la fantasy se crée, se diffuse et se vit ?

L’œuvre de Martin s’est en effet imposée, aux côtés de celles de Tolkien et de J.K. Rowling, comme nouveau « monument » de la fantasy, au sommet de son panthéon : connue d’un très large public, suscitant des appropriations nombreuses et variées, du champ de la publicité à celui de la politique, son influence la constitue en modèle de ce que peut être, aujourd’hui, la culture populaire – son impact, mais aussi ses limites.

Voici quelques pistes qu’on propose en particulier à l’exploration :

- un nouveau modèle pour le genre et ses sous-genres : Game of Thrones/ Le Trône de Fer a proposé des réorientations fortes par rapport aux modèles antérieurs du genre – la fantasy depuis lors se fait plus sombre, plus historique, plus « adulte ». Si elle n’était pas une nouveauté au milieu des années 90 quand Martin publie son premier volume (La Compagnie Noire de Glen Cook débute en 1984), la dark fantasy, volontairement sanglante et amorale, est arrivée sur le devant de la scène avec GoT ; les expressions de « gritty fantasy » ou de « grimdark » ont été proposées pour repérer ce courant, illustré par exemple par les œuvres de Mark Lawrence, Joe Abercrombie ou en France par les dernières productions de Lionel Davoust et Pierre Pevel. Autre apport de Martin au genre, l’accent mis sur les sources historiques et sur une volonté de vraisemblance « boueuse » a également une très belle et rapide postérité, au point de constituer aujourd’hui l’élément le plus étudié à son sujet.

- un nouveau modèle pour une fantasy multi ou transmédiatique : première série télévisée de fantasy médiévale-fantastique à dépasser un public de « niche », GoT a braqué sur le genre les projecteurs de l’actualité médiatique. La diffusion des saisons successives a été accompagnée chaque fois par des campagnes de promotion transmedia remarquées, jeux de plateau et jeux vidéo développant pour leur part toute une gamme d’accès ludiques à l’univers de Westeros. Depuis, les adaptations en séries télévisées de grands succès de la fantasy anglophones n’ont cessé de se multiplier – Les Chroniques de Shannara d’après Terry Brooks (2016-2017), The Magicians d’après Lev Grossman (2015-en cours), American Gods d’après Neil Gaiman (2018-en cours), Good Omens (Gaiman et Pratchett, 2019), A la croisée des mondes (Pullman, 2019)… – et les annonces de projets sont tout aussi nombreuses, à commencer par la série qu’Amazon compte consacrer à l’œuvre de Tolkien. Quels peuvent être les atouts de la fantasy pour de tels déploiements médiatiques ? Comment le modèle du worldbuilding en particulier, popularisé par GoT, trouve-t-il à se diffuser largement dans l’écosystème culturel ?

- un nouveau modèle de public actif : la constitution de communautés de fans actifs autour du cycle littéraire et de la série télévisée peut manifestement être identifiée comme une des évolutions décisives ayant permis leur succès spectaculaire. Produit des réseaux sociaux et des communications numériques, la participation des publics est désormais recherchée, scrutée, crainte parfois. Certains fans se consacrent à la fiction, d’autres à collecter et partager les données d’une érudition dont ils sont les meilleurs gardiens – Martin lui-même le reconnait en co-signant avec Elio M. García Jr. et Linda Antonsson, du site Westeros.org, son World of Ice and Fire ; en France, La Garde de Nuit voit son expertise reconnue par une collection d’ouvrages chez Pygmalion, l’éditeur des traductions de Martin. Certains s’emparent des messages qu’ils lisent dans l’œuvre pour les transposer dans une actualité politique – le slogan « Winter is coming » a ainsi pu être largement détourné pour alerter sur le changement climat.

- un modèle à prendre en exemple ? Les controverses ont également accompagné le succès de GoT, qu’il s’agisse de la question de la représentation des rôles genrés ou des populations racisées, ou lors de la dernière saison, des options scénaristiques choisies, violemment rejetées par une part du public. La fin semble doublement impossible pour cet ensemble – fin piégée pour une série télévisée aux évolutions inacceptables pour certains, fin toujours repoussée pour le cycle littéraire, dont les volumes annoncés par Martin connaissent sans cesse de nouveaux délais tandis que les projets annexes (Fire and Blood actuellement) semblent davantage inspirer l’auteur… Une œuvre à succès, ainsi adorée sur le long terme, est-elle condamnée à mal finir ou à ne pas finir ? Que peut nous apprendre le cas de GoT sur cette difficulté spécifique à la sérialité, et peut-être plus encore aux univers tentaculaires de la fantasy ?

Les propositions de communications, d’une demi-page environ, sont à faire parvenir aux directeurs scientifiques, accompagnées d’une présentation biobibliographique, pour le 31 janvier 2020 au plus tard.

anne.besson@univ-artois.fr ; natvd@cegetel.net ; chelebourg@gmail.com ; sn@imaginales.com

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Comité scientifique :

Victor Battaggion (rédacteur en chef du magazine Historia)

Mélanie Bourdaa (université de Bordeaux)

Claire Cornillon (université de Nîmes)

Florent Favard (université de Nancy-Lorraine)

Matthieu Letourneux (Université Paris-Nanterre)

Sandra Provini (U. Rouen)

Stéphane Rolet (Université Paris 8)

Sarah Sépulchre (Université de Louvain-la-Neuve)

Myriam White-Le Goff (U. Artois)

  • Responsable :
    Anne Besson
  • Adresse :
    Epinal (festival des Imaginales)