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"B. Cyrulnik face à l'énigme Maurras" (entretien, lefigaro.fr, 9/11/11)

Publié le par Marc Escola

ENTRETIEN - Le célèbre neuropsychiatre s'est intéressé à la pensée du fondateur du quotidien L'Action française qui a fasciné tant d'intellectuels jusqu'à Jacques Lacan.

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Boris Cyrulnik a rédigé la préface de La Bonne Mort, ouvrage de jeunesse de Maurras sur la tentation du suicide. Il nous explique son intérêt pour un penseur controversé dont l'influence sera considérable sur tant d'écrivains, de Jacques Bainville à Michel Déon.

LE FIGARO LITTÉRAIRE. - Pourquoi cet intérêt pour Charles Maurras?

Boris CYRULNIK. - À cause de mon enfance. Toute ma famille a été exterminée pendant la guerre de 40. J'ai moi-même été arrêté à l'âge de six ans et demi et me suis évadé au cours d'un transfert pour Auschwitz. J'avais tout de suite compris que j'allais être condamné à mort parce que j'étais juif mais je ne savais pas du tout ce que c'était qu'être juif. Mes parents ont été déportés à Auschwitz, où ils ont disparu. Après la guerre, j'ai voulu comprendre ce qui a pu se passer dans la tête des persécuteurs. Certes, Maurras n'a rien à voir avec Hitler, mais son courant de pensée nationaliste et xénophobe influencera la politique de Vichy qui aboutira à la déportation de plus de 70.000 Juifs, hommes, femmes, enfants. Pourquoi un homme de cette envergure en était-il arrivé à être obsédé par les Juifs alors qu'il pouvait avoir de l'amitié et du respect pour certains d'entre eux, voilà la question qui m'a poussé à le lire.

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