Dans Il Libro del Cortegiano de Baldassare Castiglione, le personnage du comte Louis de Canossa s’en prend aux courtisans mous et efféminés qui se crêpent les cheveux, s’épilent les sourcils et se fardent comme les femmes les plus lascives. Tout risque d’avilissement d’une plénitude virile est ainsi à exécrer. La virilité réclame au XVIe siècle une posture éthique, physique et rhétorique à laquelle tous les hommes sont appelés à se conformer. Cette injonction à un idéal de virilitas génère toutefois des masculinités jugées ratées et défaillantes. À l'initiative de Daniel Maira, un volume vient ausculter les Mollesses renaissantes. Défaillances et assouplissement du masculin (Droz), en examinant leurs enjeux idéologiques et leurs usages métaphoriques dans les traités de poétique, la médecine, le droit, la religion, ou la fiction. Toutes ces incarnations d’une masculinité perçue comme déviante et insuffisante interagissent avec l’idéal dominant de virilité pour le confirmer, mais aussi pour l’assouplir et façonner un idéal qui va au-delà de l’opposition entre le dur et le mol.