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Anciens et nouveaux organons : techniques de savoir entre XVIe et XVIIe siècles (Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Anciens et nouveaux organons : techniques de savoir entre XVIe et XVIIe siècles (Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Dominique Couzinet)

Anciens et nouveaux organons. Techniques de savoir entre XVIe et XVIIe siècles

Organon – le terme grec utilisé par les commentateurs anciens pour désigner le corpus logique d’Aristote – signifie « instrument ». Lorsqu’il y a 400 ans, Francis Bacon publiait le Novum organum (1620), son intention était de montrer l’urgence de trouver une nouvelle manière de penser face à une réalité changeante, pour renverser la domination que les philosophes scolastiques avaient longtemps exercée sur le système européen d’enseignement. Bacon n’était pas le premier et ne serait certainement pas le dernier à invoquer le besoin de nouveaux outils pour penser plus clairement et plus amplement. Au XVIe siècle, Ramus et ses disciples avaient repris le mot technologia pour désigner un discours général sur les arts et les sciences avec la dialectique comme instrument commun, tandis que le jeune Descartes, réagissant à la fois contre les projets de Ramus et de Bacon, commençait à formuler ses propres instructions sur la manière dont les êtres humains doivent conduire leurs pensées. Les Regulae ad directionem ingenii sont le premier atelier où Descartes a forgé ses outils de pensée.

On peut considérer Ramus, Bacon et Descartes comme trois cas représentatifs d’une tendance plus générale, entre le XVIe et le XVIIe siècle, d’une multitude de maîtres ès arts, de chercheurs indépendants et de scientifiques (en particulier des mathématiciens et des physiciens), à expérimenter de nouvelles manières de gérer, d’ordonner et de traiter une quantité toujours croissante de connaissances. L’accent porte ici sur le mot « expérimenter ». Par des voies diverses mais liées, Ramus, Bacon et Descartes furent des expérimentateurs audacieux en matière de méthodologie, d’épistémologie et d’organisation de la connaissance. Ils produisaient ainsi de nouvelles hybridations philosophiques. On peut considérer la période comme un grand laboratoire dans lequel de nouvelles idées sur la connaissance humaine, ses pouvoirs et ses applications furent testés par des savants de la première modernité, de plus en plus insatisfaits des méthodes et des pratiques courantes. Ils étaient tous à la recherche d’une méthode universelle d’acquisition du savoir, tout en suggérant de nouveaux modes d’évaluation et d’organition de la connaissance humaine.

Le colloque s’inscrit dans le cadre d’un projet plus général, intitulé : « Nouveaux organons : Ramus, Bacon, Descartes et la fabrique de nouveaux outils de pensée à l’aube de la modernité ». En nous centrant sur trois figures représentatives comme Ramus, Bacon et Descartes, en discutant sur les manières dont Bacon et Descartes ont réagi à la révolution ramiste, et surtout en examinant les contextes culturel, intellectuel et social dans lesquels évoluaient ces auteurs, nous souhaitons confronter des idées et des figures que les historiens de la culture, de la logique, des sciences et de la philosophie de la première modernité tendent à ne pas relier entre elles. Le but du colloque est de débattre sur la nature de ces ateliers de production de pensée dans la première modernité, en observant Ramus, Bacon et Descartes, lorsqu’ils s’employaient à aiguiser des outils de pensée puissants et efficaces. Nous souhaitons explorer les différents contextes et scénarios qui furent alors esquissés en réponse à la crise de l’aristotélisme et à la dérive sceptique qui s’en est suivie, en remontant aux racines de ce malaise épistémologique, et en faisant apparaître les engagements épistémologiques à l’œuvre dans toute une série de projets à cette époque : réforme de la scolastique ; développement d’une nouvelle dialectique sous les auspices de Platon et Cicéron ; recherche d’une méthode unifiée et unifiante, par la récupération de l’héritage encore influent de Raymond Llull.

Organisateurs

Dominique Couzinet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ISJPS)

Guido Giglioni (Università di Macerata)

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27-28 juin 2022, Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne,

Salle de formation,

17, rue de la Sorbonne, 75005, Paris

Lundi 27 juin 2022, 9h00-18h30

9h.00

Accueil des participants et introduction 

Présidence : Dominique Couzinet (Paris 1 - ISJPS)

9h.30

Wilhelm Schmidt-Biggemann (Freie Universität Berlin)

The combinatorial method and its risks: Ramon Llull, Athanasius Kircher and Gottfried Wilhelm Leibniz

10h. 30

Mario Meliadò (Universität Siegen)

Le sceau et la conjecture. Heymeric de Campo et Nicolas de Cues à la recherche de l’art universel

11h.30 : Pause-café

12h.00

Thomas Leinkauf (Westfälische Wilhelms-Universität Münster)

L’organon di Zabarella nel suo contesto storico (Ramus, Bacon, Alsted, Keckermann)

13h.00 Déjeuner

Présidence : Denis Kambouchner (Paris 1 - ISJPS)

15h.00

Dana Jalobeanu (University of Bucharest)

Francis Bacon’s Novum organum as a guide to practice(s)

16h.00

Élodie Cassan (CPGE - IHRIM)

The concept of organon in Bacon’s Novum Organum

17h.00 : Pause-café

17h.30

Dan Garber (Princeton University)

Thomas Sprat’s new Baconian organon

Mardi 28 juin 2022, 9h30-16h00

Présidence : Guido Giglioni (Università di Macerata)

9h.30

Igor Agostini (Università del Salento - Sorbonne Université)

« Suivant la logique ordinaire ». Descartes et l’ordre des questions an sit / quid sit

10h.30 

Martine Pécharman (CNRS - CRAL)

Beyond the Model of the Cartesian Method: The Port Royal Logic on ‘Forming Judgment’

11h30 : Pause-café

12h.00

Jacob Schmutz (UCLouvain)

Léon de Saint-Jean (1600-1671) : pour une archéologie carmélitaine des sciences humaines

13h.00 Déjeuner

15h.00

Discussion

Ce colloque est financé par un Appel à projets au titre de la politique scientifique de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (2019-2020)

« Nouveaux Organons : Ramus, Bacon, Descartes et la fabrique de nouveaux outils de pensée à l’aube de la modernité ».