Essai
Nouvelle parution
A-M. Lecoq, Le Bouclier d'Achille

A-M. Lecoq, Le Bouclier d'Achille

Publié le par Christof Schöch (Source : Gallimard)

Anne-Marie Lecoq, Le bouclier d'Achille : Un tableau qui bouge. Paris : Gallimard, Art et Artistes, 2010.

  • 408 pages, 80 ill.
  • 30,00 €
  • EAN 978-207076-588-1

Présentation de l'éditeur
Le récit de la fabrication du bouclier d'Achille par Héphaistos au chant XVIII de l'Iliade est un texte mystérieux et fascinant. Le poète y présente le dieu forgeron créant de ses mains, pour figurer sur le bouclier, des hommes, des animaux, des végétaux et même des dieux, à la fois faits de métal et vivants, c'est-à-dire bougeant, agissant et parlant, dans des scènes de guerre et de paix, de vie urbaine et de vie agricole, le tout dans un cadre qui reproduit le cosmos tout entier. De l'Antiquité à nos jours, cet épisode de l'épopée n'a cessé de susciter l'ironie ou l'admiration et de faire naître débats et interrogations, si bien que le bouclier d'Achille apparaît comme l'une des inventions les plus fécondes de la littérature occidentale.
Pour les théoriciens antiques et leurs successeurs, les vers consacrés au bouclier formaient l'un des piliers de l'ut pictura poesis et fournissaient le modèle à la fois originel et accompli de l'ekphrasis (ou description « vivante ») d'une oeuvre d'art.
Aux XVIIIe et XIXe siècles – Vasari faisant figure de pionnier – le passage a été utilisé comme document pour l'histoire des arts et comme preuve de la précocité des artistes grecs dans l'imitation parfaite de la réalité, celle qui donne l'illusion de la vie. En sens inverse, le bouclier a fait l'objet de diverses hypothèses de restitution où l'on voit la disposition des scènes et le style des figures évoluer avec la progressive redécouverte de l'art grec archaïque. Au XXe siècle, on a souvent vu dans l'épisode du bouclier un prétexte permettant au poète de délivrer à ses contemporains un message de sagesse et de pacifisme, fort utile aussi pour notre époque, tandis que certains critiques interprétaient sa fabrication comme une métaphore du chant poétique.
Et si le bouclier d'Achille n'était ni une oeuvre d'art extraordinaire – la première qui serait apparue dans la littérature – ni une pure construction verbale ? S'il s'agissait d'un dispositif de magie protectrice ? Avec Héphaistos le dieu-sorcier, l'Iliade mettrait alors en scène les très anciennes accointances de l'art et de la magie.

Sur l'auteur
Anne-Marie Lecoq, ingénieur de recherche au Collège de France, a été la collaboratrice d'André Chastel puis de Marc Fumaroli. Elle travaille à présent dans le cadre de la chaire d'Histoire de l'art médiéval et moderne du professeur Roland Recht. Elle est historienne des idées exprimées à travers des formes visibles, notamment de l'imaginaire constitué autour de la figure et de l'action des rois et des artistes. Elle travaille également sur les théories de l'art, de la Renaissance au XVIIIe siècle. Outre de nombreux articles, elle a publié La peinture dans la peinture, en collaboration avec Pierre Georgel (1983), François Ier imaginaire. Symbolique et politique à l'aube de la Renaissance française (1987), La leçon de peinture du duc de Bourgogne. Fénelon, Poussin et l'enfance perdue (2003).