Essai
Nouvelle parution
A. Dufourmantelle, Éloge du risque

A. Dufourmantelle, Éloge du risque

Publié le par Marc Escola

Éloge du risque
Anne Dufourmantelle


Paru le : 06/04/2011
Editeur : Payot
Collection : Manuels Payot
ISBN : 978-2-228-90642-5
EAN : 9782228906425
Nb. de pages : 311 pages

Prix éditeur : 18,50€




Notre temps est placé sous le signe du risque : calculs de probabilités, sondages, scénarios autour des crachs boursiers, évaluation psychique des individus, anticipations des catastrophes naturelles, cellules de crises, caméras ; plus aucune dimension du discours social ou politique, voire éthique, n'y échappe.

Aujourd'hui le principe de précaution est devenu la norme. En termes de vies humaines, d'accidents climatiques, de terrorisme, de revendications sociales, le risque est un curseur que l'on déplace au gré de la mobilisation collective, mais de fait, il est une valeur inquestionnée.Mais que signifie : risquer sa vie ? Comment est-ce possible, étant vivant, de penser ce risque ? Le penser à partir de la vie et non de la mort ? Risquer sa vie, est-ce nécessairement affronter la mort - et survivre... ou bien y a-t-il, logé dans la vie même, un dispositif secret, une petite musique à elle seule capable de déplacer l'existence sur cette ligne de front qu'on appelle désir ? Comment ne pas s'interroger sur ce que devient une culture qui ne peut plus penser ce risque sans en faire un acte héroïque, une pure folie, une conduite déviante ? L'expression est l'une des plus belles de notre langue. Car le risque – laissons encore un indéterminé son objet – ouvre un espace inconnu.

D'abord, il métabolise l'instant de la décision, et donc notre rapport intime au temps. Il est un combat dont nous ne connaîtrions pas l'adversaire, un désir dont nous n'aurions pas connaissance, un amour dont nous ne saurions pas le visage, un pur événement. Et si le risque traçait un territoire avant même de réaliser un acte, s'il supposait une certaine manière d'être au monde, construisait une ligne d'horizon… Au risque de…Ce livre évoque, en courts chapitres, différentes sortes de risques : la passion, la liberté, le rêve, le rire, l'infidélité, mais il traite aussi du risque de… perdre du temps, quitter la famille, ne pas être mort, être en suspens, décevoir, penser… Car le risque ne se loge pas nécessairement là où on l'attend.

Et l'inespéré est sans doute ce qui le définit le mieux.Anne Dufourmantelle est psychanalyste et philosophe et dirige depuis 2005 la collection L'autre pensée aux éditions Stock. Elle est déjà l'auteur aux éditions Payot de En cas d'amour, Psychopathologie de la vie amoureuse, paru en 2009.

Sommaire:

Risquer sa vie
Eurydice sauvée
Minuscules magiques dépendances
Servitude volontaire et désobéissance
En suspens
Au risque de la passion
Quitter la famille
Oubli, Amnésie, Délivrance
Inguérissables (in)fidélités
Risque zéro ?

Etc.

L'auteur:

Anne Dufourmantelle, docteur en philosophie (Sorbonne) et diplômée de Brown Univesity, a enseigné à l'école d'architecture UP6-la Villette, et donne un séminaire à l'Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse à l'ENS.
Elle dirige une collection d'essais chez Stock intitulée « L'autre pensée » et exerce en tant que psychanalyste à Paris. Elle a publié plusieurs livres, notamment « La femme et le sacrifice » (Denoël), paru en 2006.

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A. Lancelin a consacré un billet à ce livre, sur BibliObs.com:

"La jeune psychanalyste, déjà auteur en 2008 d'«En cas d'amour» et d'un dialogue avec la philosophe américaine Avital Ronell, dissèque ici tous ces instants de décision cruciale qui inaugurent un temps autre, celui où le risque est pris, où le rewind est impossible.

Ce temps-là, écrit-elle, c'est le contraire miraculeux de la névrose, dont la marque de fabrique est justement de prendre dans ses rets l'avenir, de telle sorte que notre présent soit façonné selon la matrice des expériences passées, ne laissant aucune place à l'effraction ni à l'inédit.

Prendre le risque d'aimer, quand tout nous pousse à redouter l'horreur de la dépendance, prendre le risque de briser le silence quand parler semble devenu impossible, prendre le risque de rompre, pour ne pas avoir à mourir de son vivant comme tant d'autres, prendre le risque de rire aussi, quand la victoire intime propre à l'insolence véritable est ce qu'aucun pouvoir ne pourra jamais accepter: autant de situations évoquées par l'auteur avec une profondeur et une poésie qui ne sont pas sans évoquer celles de la grande Annie Le Brun." — Aude Lancelin