Essai
Nouvelle parution
A. Castiglione, Pierre Michon

A. Castiglione, Pierre Michon

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Agnès Castiglione)

AgnèsCastiglione, Pierre Michon

unlivre-CD

CulturesfranceÉditions – Textuel, cill. "Auteurs", avril 2009

  • Isbn 13 (ean): 978-2845973206
  • 19€

Texte de la quatrième de couverture :

UnCD audio d'archives sonores, des documents visuels, un essai critique :une triple approche pour une plongée vivante et argumentée dans la littératurefrançaise contemporaine.

Telest le parti pris de la collection « Auteurs ». Elle a pour ambitionde donner accès aux ressorts intimes de la création littéraire, à sesquestionnements, à ses hésitations.

PierreMichon a donné de nombreux entretiens qui font entendre une voix, vraie, simpleet forte, celle d'un écrivain nourri des grands textes dont il renouvellel'approche de façon toujours ample, précise et lucide. Le présent entretienavec Colette Fellous est rare par ses inflexions plus nettementautobiographiques qui trouvent de nombreux échos dans l'essai d'AgnèsCastiglione. C'est l'inoubliable présence de cette voix — dubitative,fraternelle ou plus pathétiquement personnelle — qu'elle a souhaité faireentendre dans le rythme et la scansion d'une écriture de l'apparitionétonnamment riche, au fil d'une analyse en quatre temps qui conduit del'invention du minuscule à la figuredu Roi.

Un CD audioest joint à ce livre : « Entretiens avec PierreMichon » :Pierre Michon / Colette Fellous, « À voix nue. Grands entretiens d'hier etd'aujourd'hui », France Culture, 2002, un enregistrement desarchives de l'INA.

AgnèsCastiglione est maître de conférences en littérature contemporaine àSaint-Étienne. Elle a publié et dirigé des ouvrages sur Jean Giono et PierreMichon dont elle a récemment édité un volume d'entretiens. Ses travaux se sontégalement intéressés à Gérard Macé, Olivier Rolin, Patrick Modiano, FrançoisTruffaut…

Extrait de l'essai d'AgnèsCastiglione :

Colèreet charité. Ces deux termes queMichon associe dans la fabrique du texte disent l'enjeu de l'entreprise :une violence attaquant le verbe, la colèrecréante dirait Bachelard, sublimée en désir d'oeuvre et en don, partageabledonc comme le manteau de saint Martin ; ou encore l'appétit limousintransmué très véridiquement en générosité comme le dit Michon de FrançoisCorentin, le père du peintre des Onze.Certes, le Roi vient quand il veut… L'oeuvre de Pierre Michon, fulgurante, estconstamment menacée par le silence, mais, toujours à la recherche d'elle-même,elle poursuit une quête qui n'est pas dénuée d'héroïsme. Il arrive pourtant quele Roi vienne et, pour le fabuleux bonheur du créateur comme du lecteur, ladélivrance, la liberté portent alors le texte, hors de toute loi, dans lesétoiles. Ce lointain éthéré vers lequel on monte, pour lequel on écrit, c'estcelui que rejoint le principiculehors-la-loi qui logeait en Joseph Roulin et qui, à la fin, bondit dans le bleu.À lire Pierre Michon, dans l'émoi et l'émerveillement qu'il prodigue toujourssi intensément à son lecteur, la joie nous vient et nous pensons avec FrançoisCorentin, son ancien compatriote limousin, que l'écrivain sert à quelque chose,qu'il est — même et surtout s'il éprouve la pénible certitude d'être une taupe— le sel de la terre :

« unesprit — un fort conglomérat de sensibilité et de raison à jeter dans la pâtehumaine universelle pour la faire lever, un multiplicateur de l'homme, unepuissance d'accroissement de l'homme comme les cornues le sont de l'or et lesalambics du vin, une puissante machine à augmenter le bonheur deshommes. »[1]


[1]Pierre Michon, Les Onze, Verdier,2009 (extrait du chapitre 3).