Appel à communications pour la journée d’étude transdisciplinaire
“Sciences et fiction”
du 7 avril 2020
organisée par le laboratoire ICTT (Identité culturelle, texte et théâtralité) d’Avignon Université
Suite à la journée d’étude « jeunes chercheurs » 2019 organisée par le laboratoire ICTT d’Avignon Université qui avait fait la part belle aux questionnements sur le concept d’objectivité, cette nouvelle journée d’étude du 7 avril 2020 portera sur le thème de « sciences et fiction ». Elle vise ainsi à regrouper de nouveau des chercheurs travaillant dans différents domaines afin d’enrichir la réflexion et susciter les échanges autour des relations entre deux notions souvent perçues comme (injustement ?) contradictoires : sciences et fiction.
En effet, ces deux domaines « sciences » et « fiction » entretiennent en réalité des liens particulièrement étroits puisque l’un a souvent influencé l’autre. Il convient donc par conséquent de réunir les chercheurs en sciences, sciences de la technologie et de la santé (biologie, médecine, informatique, etc.) et sciences humaines et sociales (histoire, littérature, cinéma, télévision, théâtre, langues, sociologie, philosophie, etc.), ainsi que les chercheurs travaillant à la croisée de plusieurs disciplines, afin d’interroger à nouveau l’imbrication de ces deux notions. Dans quelle mesure les sciences ont-elles influencé, et continuent-elles à influencer la fiction et inversement ? Comment définir la science-fiction ? Pourquoi les sciences fascinent les créateurs, les hommes de lettres et les artistes, et quelle est la crédibilité des œuvres de fiction ? Comment la science peut-elle améliorer l’humain ? Avec les nouvelles technologies, quels sont les futurs possibles ? Comment ces deux perspectives redéfinissent l’humain ? Enfin, quelle(s) éthique(s) concevoir ensemble dans un monde entre sciences et fiction ?
Les sciences et la fiction sont des domaines et des notions qui, dans leurs relations, nous invitent à nous poser plusieurs questions, notamment au niveau de leur rapprochement, puisqu’elles ont été souvent mises en opposition. Des liens étroits sont visibles dans le genre de fiction, dans la littérature, le cinéma et à présent, dans les séries télévisuelles. Jules Verne, par exemple, a développé la science-fiction en exploitant les avancées scientifiques de son époque afin de spéculer sur les recoins inexplorés de la Terre. Aussi, voit-on que le XIXe siècle et la Révolution Industrielle conduisent à la création des uchronies et d’œuvres issues du mouvement steampunk apparu dans les années 1980, où une réalité alternative se met en avant en utilisant des machines à vapeur avancées. D’autre part, la science a été un motif d’inspiration pour le cinéma et la télévision. Sur les écrans des années 80, de nombreux films se concentrent sur les ordinateurs, les robots, les machines et actuellement, on continue à voir des séries et des courts/longs métrages s’inspirer des nouvelles technologies pour aborder les confrontations homme-machine, les guerres nucléaires, les accidents biologiques et les mondes (post)apocalyptiques. Il serait alors pertinent, dans un premier temps, de se demander si l’on peut considérer que les domaines des sciences et de la fiction sont effectivement complémentaires dans la mesure où leur histoire respective indique de nombreux croisements. Ont-ils donc travaillé ensemble (sans le savoir) pour provoquer un développement mutuel ?
Cependant, il convient de rappeler ici que l’échange ne saurait se faire dans un seul et unique sens puisque la fiction a parfois devancé les inventions scientifiques (c’est le cas par exemple du film Metropolis et de ses écrans permettant de voir d’autres personnes en temps réel ou des caméras de surveillance omniprésentes dans 1984). Quelles sont les inventions fictives qui sont ensuite devenues réelles ? Pourquoi a-t-on voulu reproduire ces inventions ? Si certaines prédictions fictives se sont révélées exactes ou ont pu être crées, qu’en est-il des autres inventions fictives ? La question de crédibilité se pose alors. Les robots et androïdes de fiction sont souvent dotés d’une conscience et ne réalisent pas qu’ils ne sont pas humains ; l’humain lui-même peut transférer ses données cérébrales dans des appareils connectés ou encore remplacer des parties de son corps pour devenir plus performants, et ainsi devenir un cyborg (Haraway 2007). En vue des connaissances actuelles et du progrès scientifique, dans quelles mesures ces scénarios fictifs sont-ils crédibles ? Quelle est la limite entre la fiction spéculative et les véritables possibilités scientifiques et technologiques ? Les œuvres de science-fiction ont beaucoup abordé les thèmes du clonage et de l’homme-machine, mais d’un point de vue médical, quelles sont les lois d’éthique encadrant ces procédés ? Dans quelles limites peut-on utiliser les technologies ou les sciences avant de devenir l’homme-robot des fictions ?
Enfin, ces relations entre sciences et fiction amènent évidemment à se poser des questions sur la définition même de l’humain. Le mouvement cyberpunk imagine des humains ayant remplacé plusieurs parties de leur corps pour devenir une machine et seul l’esprit subsiste. Quant au transhumanisme, que Francis Fukuyama définit comme un « mouvement de libération » (2009), l’homme désire volontairement dépasser sa condition biologique humaine grâce à la science et la technologie, allant des simples modifications physiques jusqu’aux modifications intellectuelles et psychologiques. Dans les deux cas, est-ce que l’homme qui renonce à son corps physique et biologique peut être considéré encore comme humain ? Comment définir la relation entre les technologies et l’homme au XXIe siècle ? Est-ce que ces nouveaux hommes, ces post-humains, peuvent devenir le futur de l’humanité ?
Suggestion de bibliographie
- BOZZETTO, Roger. La Science-Fiction. Armand Colin, Paris, 2007.
- Ed. DESPRES Elaine et Hélène Machinal. Humains: Frontières, évolutions, hybridités. Presses universitaires de Rennes. 2014
- FUKUYAMA, Francis. « Transhumanism ». Foreign Policy, 23 October 2009. foreignpolicy.com/2009/10/23/transhumanism/
- HARAWAY, Donna. Manifeste cyborg et autres essais : sciences, fictions, féminismes. Editions Exils, 2007
- HAYLES, N. Katherine. How We Became Posthuman. The University of Chicago Press, Chicago, 1999
- NAYAR, Pramod K. Posthumanism. Polity Press, Cambridge, 2014
- VAN HERP, Jacques. Panorama de la science-fiction : les thèmes, les genres, les écoles, les auteurs. Claude Lefrancq Editeur, Bruxelles, 2nde édition 1996 (1ère édition 1974)
Publication
Une sélection des communications sera publiée dans le prochain numéro de la revue Sphères (https://ictt.univ-avignon.fr/spheres/). La revue Sphères se veut principalement sphère d’échanges pluridisciplinaires entre les différents domaines de recherche en Sciences Humaines et Sociales, tout en s’ouvrant à d’autres disciplines universitaires selon les thématiques choisies au fil de ses numéros. Publiée au sein du laboratoire de recherche Identité Culturelle, Textes et Théâtralité (ICTT, ÉA 4277), la revue s’est dotée en 2018 d’un nouveau comité de direction, et d’un nouveau comité éditorial pluridisciplinaire et international, qui comprend jeunes chercheurs et chercheuses, ainsi que professionnel∙les de théâtre venant de plusieurs pays européens (France, Angleterre, Italie, Grèce, Allemagne), afin de permettre une approche interdisciplinaire et qui associe la théorie à la pratique. Depuis 2019, la revue figure au sein du catalogue des EUA (Éditions Universitaires d’Avignon) grâce à un nouveau partenariat.
Comité scientifique
- Antonia AMO SANCHEZ, MCF HDR, Langues romanes, espagnol
- Cyrielle GARSON, MCF, Langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes
- Madelena GONZALEZ, PR, Langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes
- Naima LAMARI, MCF, Langues romanes, espagnol
- Graham RANGER, PR, Langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes
Modalités de participation
Nous demanderons aux candidat.e.s de bien vouloir fournir les éléments suivants :
- Un résumé de 150-200 mots en français ou en anglais, à envoyer jusqu’au 19 janvier 2020, inclus.
- Une courte présentation ou biographie du candidat.e et de ses recherches en cours (150-200 mots en français ou en anglais)
- Une bibliographie comportant au maximum 15 références. Les auteur.e.s des propositions de contribution sont prié.e.s d’envoyer celles-ci sous format .doc ou .pdf aux adresses suivantes : gwladys.chissotti@univ-avignon.fr / laura.rozo-llanos@alumni.univ-avignon.fr