
Lectures géocritiques de la littérature au fil du temps (Revue Lublin Studies in Modern Languages and Literature)
Appel à contribution
Revue Lublin Studies in Modern Languages and Literature, no 3/2020:
« Lectures géocritiques de la littérature au fil du temps »
L’espace s’espace dans le texte littéraire. Il prend son aise, se dilate ou se contracte, s’enlace au temps et l’interpénètre pour se transformer en espace-temps. Bertrand Westphal, chef de file de la géocritique, met en lumière la dynamique de l’hybridité entre l’espace et le temps en faisant référence à la métaphore bien connue du « temps fleuve »[1] qui en appelle au cadre géographique pour représenter l’idée de l’écoulement temporel. Il signale également à quel point la théorie einsteinienne et autres relativismes ont contribué à changer la manière de percevoir l’espace : avec l’abolition des repères stables par la thèse que tout est relatif, il n’est plus considéré comme un élément statique et immuable de la réalité environnante. À l’époque actuelle dite postmoderne, les fluctuations et les transformations de l’espace deviennent une constante. L’espace manifeste, de surcroît, une hétérogénéité ontologique car il représente un ensemble composite où coexistent de manière concomitante des éléments disparates. Par-là, l’espace est bercé par le temps et suit les ondulations des événements historiques et des idéologies sociales. Il change, ainsi, constamment de forme, de courbe et d’essence.
Explorer cet espace instable et multiforme du monde contemporain à travers la perspective littéraire, tel est l’objectif de la théorie géocritique proposée par Bertrand Westphal. À l’inverse d’autres approches du lieu, elle s’intéresse moins aux représentations textuelles de l’espace qu’à leurs interactions mutuelles et la manière dont elles reflètent le fonctionnement de l’homme dans le monde environnant. Westphal base son étude sur les trois axes qui permettent d’appréhender la problématique spatiale de manière approfondie. Le premier est « une réflexion sur la spatio-temporalité…On y verra comment les métaphores du temps tendent à se spatialiser depuis les lendemains de la Deuxième Guerre mondiale et de quelle façon l’espace a été revalorisé au détriment du temps… »[2]. Le deuxième axe, centré sur cette particularité de l’espace contemporain qu’est sa « mobilité »[3], tente de saisir cette instabilité foncière liée à diverses pratiques de « la transgression »[4]. Le troisième et dernier axe est fondé sur « la référentialité, la nature du lien entre le réel et la fiction, entre les espaces du monde et les espaces du texte »[5]. Il s’agit d’interroger les relations entre la réalité et ses diverses représentations, littéraires ou autres, afin de voir la manière dont le texte contribue à (re)créer le monde.
Le présent volume thématique de la revue Lublin Studies in Modern Languages and Literature se propose d’exploiter les fondements de la théorie géocritique comme outil d’analyse des espaces romanesques. Nous désirons étendre le champ d’études au-delà de la période postmoderne privilégiée par Westphal et l’ouvrir sur l’ensemble des littératures française et francophones. Notre objectif est de scruter les manières dont les lieux se trouvent inscrits dans les textes, reflétés, (re)construits ou engendrés à travers les mots afin de comprendre l’évolution de la relation entre le temps et l’espace sur les axes temporels de ces littératures.
Cette réflexion géocritique peut porter sur les questions suivantes (liste à titre indicatif) :
- La transgressivité de l’espace, sa nature mobile et fuyante est-elle particulière à l’ère postmoderne ? Se manifeste-t-elle également dans d’autres époques ? À travers quels procédés est-elle reflétée dans les textes contemporains ?
- Comment s’exprime dans la littérature le rapport entre les espaces réel et fictif ? Forment-ils des mondes complémentaires ou séparés ? Quels effets textuels en découlent et quels objectifs sont ainsi visés ?
- De quelle manière la littérature procède-t-elle pour élaborer la mémoire des lieux ou construire des « mythes » spatiaux ? Quel est le but de ces pratiques ?
Nous serions particulièrement intéressés par les analyses croisant de nombreux points de vues et diverses strates temporelles, orientées à révéler les multiples facettes et aspects de l’espace et de ses changements à travers le temps.
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Calendrier :
- avant le 15 novembre 2019 : envoyer une proposition d’une longueur maximum de 500 mots, accompagnée d’une courte notice bio-bibliographique mentionnant le nom de l’auteur et son affiliation institutionnelle, aux adresses suivantes :
- 30 novembre 2019: réponse des responsables du numéro
- 1er avril 2020 : remise des articles respectant la feuille de style par le site internet de la revue; le texte ne se conformant pas aux consignes éditoriales ne sera pas admis,
- 15 juin 2020 : décision du comité de lecture,
- septembre 2020 : publication du numéro
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La revue accepte aussi des articles divers dans la rubrique « Varia ».
Site internet : https://journals.umcs.pl/lsmll
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RESPONSABLES :
Loubna Achheb, Université Mohamed Lamine Debaghine - Sétif 2
Anna Maziarczyk, Université Marie Curie-Skłodowska de Lublin
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URL DE RÉFÉRENCE :
https://journals.umcs.pl/lsmll
[1] Bertrand Westphal, La Géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Les éditions de Minuit, 2007, p. 19
[2] Ibid, p. 17.
[3] Idem.
[4] Idem.
[5] Idem.