Philosophie de la mode
Georg Simmel
Arthur Lochmann (Traducteur)
DATE DE PARUTION : 22/08/13 EDITEUR : Allia ISBN : 978-2-84485-705-7 EAN : 9782844857057 PRÉSENTATION : Broché NB. DE PAGES : 64 p.
"Qu'on ne puisse avancer la moindre raison pratique, esthétique ou une quelconque considération d'utilité pour expliquer l’apparition de l'immense majorité des réalisations de la mode, voilà sans doute ce qui établit mieux que toute autre chose le fait que la mode est un pur produit des besoins sociaux. Alors qu'en général nos vêtements, pour prendre cet exemple, sont adaptés à nos besoins pratiques, pas une once d'utilité ne préside aux décisions par lesquelles la mode les façonne : la jupe peut se porter ample ou droite, la coiffure haute ou large, la cravate noire ou colorée. Au nom de leur modernité, nous sommes conduits à porter des choses parfaitement hideuses, comme si c'était là pour la mode une manière de faire la preuve de son pouvoir."
Stilettos, sweat en néoprène Marc Jacobs, mini-short fluide en mousseline, chignon bas. La mode a ceci d'original qu'elle ne confère nulle utilité pratique aux choses utiles, en l'occurrence se chausser et se protéger du froid. Elle est fondamentalement arbitraire. Et c'est ainsi qu'elle exerce pour Simmel son empire. Elle n'est pas un besoin vital mais un besoin social. Ou, plutôt, elle résulte de deux besoins sociaux contradictoires : l'instinct d'imitation et l'instinct de différenciation. L'homme manifeste dans le choix de ses vêtements son appartenance à un groupe. Il s'adapte à travers eux au rôle que lui assigne la communauté dans laquelle il vit. Mais dans le même temps, il ressent le besoin de se différencier, d'accuser au cœur de la société son individualité. Adopter un style d'une autre communauté, c'est d'emblée se détacher de son groupe d'origine. En raison de la variété de ses contenus, la mode d'aujourd’hui affirme sa singularité par rapport à celles d'hier et de demain. Mais elle le fait d'autant mieux qu'elle marque ainsi la différence de classes. D'après Simmel, la classe moyenne serait la plus sensible à ses caprices. Prompte au changement, elle se reconnaît dans ce qui est le moteur de la mode : créer un présent sans cesse mouvant, comme toute marchandise.