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L'art et la culture dans les politiques éducatives. Généalogie et perspectives (XVIIIe - XXIe siècles)

L'art et la culture dans les politiques éducatives. Généalogie et perspectives (XVIIIe - XXIe siècles)

Publié le par Marielle Macé (Source : INHA)

Mardi 13 octobre // 15h-18h, salle Peiresc, INHA

Repères historiques et témoignages

 

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Intervenants : OlivierBonfait (professeur à l'Université d'Aix-Marseille I), Chantal Georgel(conservateur, INHA), Patrick Laudet (inspecteur général Lettres), Marie Lavin(historienne, inspecteur d'académie), Jean-Pierre Levert (professeur au lycéeJanson de Sailly).

 

Afin de mieux discerner les termes de la problématique etl'ampleur de la réflexion à mener, cette séance d'ouverture se propose dedresser un bref historique, de proposer des pistes prospectives, et deconfronter les points de vue des principaux acteurs : ceux issus del'enseignement, de la culture (les musées) et de la recherche.

Jean-MiguelPire évoquera quelques uns des grands repères chronologiquesmarquant, au cours des quarante dernières années, l'introduction progressive del'art à l'école. Il mettra notamment en évidence les moments de ruptures, tantmatérielles qu'intellectuelles, ayant influencé cette question. Ainsi, lacréation du Ministère des Affaires culturelles en 1959 a-t-elle occasionné unepremière division entre le monde de l'éducation et celui de l'art, et figé unesorte de distribution des rôles : à la Culture l'amour de l'art, à l'Education nationale, sa connaissance. Dix ans plus tard, en valorisant le rôle de l'artdans la société, Mai-68 a érigé la créativité en dimension essentielle de laformation des individus. L'agrégation et le CAPES d'arts plastiques et demusique sont bientôt venus institutionnaliser le succès de cette hypothèse enfaisant de la pratique artistiquel'unique voie d'accès scolaire à l'art. Cette hégémonie a sans doute été caused'une certaine marginalisation de la discipline. Car si les enseignementsartistiques sont demeurés peu considérés au regard des autres disciplines,c'est peut être parce qu'ils ont trop délibérément ignoré, à côté de lapratique, la complémentarité de l'acquisition de savoirs positifs sur l'art,tant théoriques qu'historiques. A partir des années 1990, le développement aulycée de l'option histoire des arts est venu nuancer cette hégémonie sans pourautant la remettre en question. Et il faut attendre 2008 pour qu'à la suite despropositions du Haut Conseil de l'éducation artistique et culturelle,l'histoire des arts fasse massivement son entrée dans la scolarité obligatoire.

Dressée à la lumière de cette actualité, le parcourshistorique permettra d'évoquer certaines difficultés solidifiées au cours dutemps, et qui se présentent aujourd'hui comme autant d'obstacles que la réformedevra surmonter. Le plus délicat d'entre eux est sans doute celui causé par laprofonde césure existant désormais entre, d'une part, l'école, et d'autre part,la recherche et l'enseignement universitaires en histoire de l'art. Maintenue àdistance du monde scolaire, l'histoire de l'art française n'a pratiquement paspu développer de didactique adaptée à l'école. Elément sans doute de nature àconstituer un point de convergence entre les multiples courants d'unediscipline très disparate, cette didactique est donc à construire en relationavec une école en voie d'ouverture. Et si les méthodes font défaut, la faiblessedes liens structurels entre l'Education nationale et l'Université représentepeut être un écueil plus difficile à surmonter. Il faut non seulementconstruire un corpus adapté, une culture commune, mais surtout une culture dudialogue.

 

OlivierBonfait, professeur d'histoire de l'art à l'Universitéd'Aix-Marseille I et président de l'Association des professeurs d'archéologieet d'histoire de l'art (APAHAU), évoquera la question des relations entre ladiscipline universitaire et l'école : le passé d'une rencontre manquée,comme l'actualité d'un dialogue désormais à construire.

MarieLavin, inspectrice d'académie particulièrement engagée dans laconception et la mise en oeuvre du premier programme d'histoire des arts dans lesecondaire, apportera un regard de praticien articulé à une observation trèsinformée du terrain. Son analyse sera éclairée par le témoignage de Jean-Pierre Levert, enseignant enclasses préparatoires au Lycée Janson de Sailly, également pionnier dans lamise en place de l'histoire des arts, et qui viendra accompagné de quelques unsde ses élèves.

PatrickLaudet, inspecteur général de l'Education nationale pour lesLettres chargé du théâtre, viendra compléter le témoignage de terrain enapportant la distance critique et institutionnelle que lui confèrent sesresponsabilités.

Chantal Georgel, conservateur de Musée, membre de l'équipe fondatrice du Musée d'Orsay,évoquera l'esprit novateur qui présida à la création du service culturel. Ellereviendra notamment sur l'offre de formation en histoire de l'art à destinationdes enseignants. Ce sera l'occasion de mettre en évidence le rôle que peuventjouer les établissements culturels, en cohérence avec l'université, dans latransmission du savoir sur l'art.