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 Les dames de Saint-John Perse

Les dames de Saint-John Perse

Publié le par Alexandre Gefen

FONDATION SAINT-JOHN PERSE

Colette Deblé - Les dames de Saint-John Perse

21 mai – 15 novembre 2008 Vernissage de l'exposition en présence de l'artiste Mercredi 21 mai - 18h00  Salle Dorothy Leger mardi au samedi 14h – 18h entrée libre FONDATION SAINT-JOHN PERSE CITE DU LIVRE – 8/10, rue des Allumettes, 13098 Aix-en-Provence Cedex 2 tel : 04 42 91 98 85 - mel : fondation.saint.john.perse@wanadoo.fr site internet : http://www.fondationsaintjohnperse.fr « Pour comprendre ce qu'elle fait alors, en contre-bande, quand elle cite, ne pas oublier la mythologie où elle puise tant ». Jacques Derrida, Prégnances De son travail plastique, Colette Deblé dit ceci "A-t-on jamais tenté d'explorer par les seuls moyens plastiques l'histoire de l'art ou l'un des ses aspects, comme le font l'historien ou l'essayiste à l'aide de l'écriture ? Mon projet est de tenter, à travers une infinité de dessins, de reprendre les diverses représentations de la femme depuis la Préhistoire jusqu'à nos jours afin de réaliser une analyse visuelle des diverses postures, situations, mises en scène." Explorant le rapport fécond entre modèle et imitation, original et reproduction, l'artiste est engagée dans d'étroites collaborations avec de nombreux poètes, écrivains ou philosophes : Eugène Guillevic, Michel Butor, Jacques Derrida, Bernard Noël, Eugenio de Andrade, etc. Elle s'est penchée ici sur le riche fonds photographique ayant appartenu à Saint-John Perse pour en  faire surgir et en réinterpréter les figures féminines – leur donnant ainsi une seconde vie. A travers ces lavis et figures de femmes, c'est une déambulation dans le cours d'une existence riche de rencontres et de mouvements qui nous est proposée : une enfance aux Antilles d'abord (1887-1899), sur laquelle veillent la mère Françoise Renée (née Dormoy) et les trois soeurs Eliane, Paule et Marguerite - suivie d'un premier exil en France (à Pau), où se déroule l'adolescence et se nouent les premières amitiés littéraires. Après ses études, Alexis Leger/Saint-John Perse débute une vie de diplomate en Chine (1916-1921) : il y sera marqué par la rencontre de la générale Dann Pao-Tchao.  Ces lavis évoquent  également l'Europe et les Etats-Unis, où la guerre exila le poète en 1940 : amies, mécènes protectrices, figures d'artistes et d'intellectuelles des deux continents (Misia Sert, Mina Curtiss, Kathleen Biddle, Adrienne Monnier, Nadia Boulanger ou Victoria O'Campo) jalonnent ce parcours peu commun, dont la place centrale (place première et dernière) est occupée par l'américaine Dorothy Milburn, que le poète épousa en 1958 et avec laquelle il vécut jusqu'à sa mort en 1975. N.B. De plus amples informations sur la vie de Saint-John Perse sont consultables sur le site de la Fondation :  http://www.fondationsaintjohnperse.fr/html/vie-de-poete.htm#. Voir en particulier les rubriques « Chronologie » et « Rencontres ». A propos de quelques dames :  La nounou d'Alexis Leger/Saint-John Perse (1907) « … Ma bonne était métisse et sentait le ricin ; toujours j'ai vu qu'il y avait les perles d'une sueur brillante sur son front, à l'entour de ses yeux – et si tiède, sa bouche avait le goût des pommes-rose, dans la rivière, avant midi. » « Pour fêter une enfance », in Eloges, La Pléiade, 1972, p. 26 La mère d'Alexis Leger/Saint-John Perse (1919) « Quand je pense à la bonne et belle amazone que j'admirais en vous, dans mon enfance, sur votre grande jument noire « Tzigane », je me demande ce que vous penseriez aujourd'hui, à voir votre fils en selle sur d'aussi vilaines petites bêtes. » Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger (Pékin, février 1919),  in Lettres d'Asie La Pléiade,  1972, p. 868 La générale Dann Pao-Tchao (1919) « Mme Dann est d'une grande et vieille famille mandchoue, restée fidèle de coeur à sa race. […]  Aujourd'hui, comme Maîtresse des cérémonies à la Présidence de la République chinoise, elle s'efforce avec goût, c'est-à-dire avec beaucoup de style, d'élégance et de tact, non sans esprit parfois, de rattacher un peu dignement le présent au passé dans la vie protocolaire chinoise. Elle voudrait toujours exercer son influence personnelle au service de ses profondes sympathies françaises. […] Elle m'aura éclairé bien des choses dans la fréquentation d'une Chine très complexe, souvent même très occulte, où elle a su toujours, très intelligemment, étendre le champ de ma curiosité. […] Soyez-lui donc bonne et accueillante. » Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger, (Pékin, 17 mai 1919),  in Lettres d'Asie La Pléiade, 1972, p. 873-874 Katherine Garrison Chapin (Mrs. Francis Biddle) (1940) « La délicatesse de votre accueil et le charme de votre hospitalité ont été pour moi chose si précieuse que j'ai longtemps continué de vivre, par la pensée, dans cette atmosphère humaine un instant retrouvée. Reprenant mon armure d'exilé, qui ressemble un peu trop à l'habit du scaphandrier, je crois mieux percevoir, à travers tout l'abîme du silence, la qualité des voix amicales que j'écoute encore à votre foyer. » Lettre à Mrs. Francis Biddle, (10 décembre 1940), in Lettres d'Exil, La Pléiade, 1972, p. 901 Mina Curtiss (1953)  « Nos dernières heures à Boston m'ont fait encore progresser dans cette simple chose, qui entre nous, n'a pas de nom, et n'a plus d'âge : l'amicale confiance librement partagée. La présence quotidienne de la mer, ni sa rumeur nocturne, ne détourneront ici ma pensée de tout ce que j'ai laissé là-bas au cirque clos de vos terres hautes, de vos rochers et de vos bois. » Lettre à Mrs. Henry T. Curtiss (23 juillet 1953), in Lettres d'Exil, La Pléiade, 1972, p. 1047 Adrienne Monnier (1956) « Adrienne Française » aurait pu être son nom. En elle, sous ce clair regard, tant de libre mouvement et de forte sagesse ; en elle, très prodigue, tant de témérité naturelle et de tranquille lucidité ; et tout ce large sens humain, et toute cette façon d'être elle-même et tous ; et tant d'autres façons d'être française : ouverte à tout, de tout curieuse, prompte à saisir le vif, et l'essentiel, le vrai, dans toute nouveauté ; aussi prompte à retrouver ses libres conclusions. » « Adrienne Monnier », in Hommages, La Pléiade, 1972, p. 486  Victoria Ocampo (1962) « Il est pour nous des êtres « vrais », dont la seule façon d'être emporte conviction. Victoria Ocampo aura mené l'oeuvre en cours de sa vie comme un grand arbre de chez elle ; ou mieux – car les arbres sont serfs de leur enracinement – comme cet impérieux Rio de la Plata, maître de son enfance, de son adolescence et de sa maturité de femme, dont elle porte à jamais en elle la sourde pulsation : aussi fidèle à son afflux de grand fleuve nourricier qu'à ses noces océanes et à l'alliance, au loin, des beaux courants marins qui le relayent vers d'autres rives.  Aussi tout ce destin de femme semble s'inscrire sous le signe d'un seul grand cours fluvial. » « Pour Victoria Ocampo », in Hommages,  La Pléiade, 1972, p. 504 Nadia Boulanger  (1967) « Nadia, les Siècles changent de visage et changent de langage, mais la Musique, votre Siècle, n'a point de masques à dépouiller, étant, plus qu'aucun art et science du langage, connaissance de l'être. A vous, Nadia, libre et vassale dans la grande famille musicale, mais à cette seule divination soumise, qui n'est d'aucun servage, d'aucune école et d'aucun rite, […] Honneur et grâces soient rendus au nom de la Musique même. » « Pour Nadia Boulanger », in Hommages,. La Pléiade, 1972, p. 540 Dorothy Léger, née Milburn, sa femme  (1958)  « Et me voici aussi marié, et comme deux fois marié : à Dorothy d'Amérique et à Diane de France (car c'est ici pour moi son nom). » Lettre à Mrs. Henry T. Curtiss, (9 septembre 1958), in Lettres d'exil, (1957) “ Pour Diane, qui m'est Diane, et m'est seule, moi-même. Diego” Dédicace d'Amers de Saint-John Perse à son épouse Dorothy (1969) « Femme vous suis-je, ô mon amour, en toutes fêtes de mémoire. Ecoute, écoute, ô mon amour, le bruit que fait un grand amour au reflux de la vie.  Toutes choses courent à la vie comme courriers d'empire.» Chanté par celle qui fut là,,  La Pléiade, 1972, p. 432

Colette Deblé est née en 1944. Peintre, elle vit et travaille à Paris. Elle expose de Houston (Texas) à Sanaa (Yemen).
Depuis mars 1990, elle dessine à partir de diverses représentations de la femme dans l'histoire de l'art afin de composer un essai plastique visuel constitué d'une infinité de lavis. Avec ses peintures, gravures, lithographies et dessins, Colette Deblé est présente dans plus de cent livres de bibliophilie.  

Le but de ce projet est de relever, de ressaisir, bref de faire la somme des diverses représentations picturales de la femme, depuis la préhistoire jusqu'à nos jours, sous la forme de dessins-lavis de 30x40 cm. Comme l'écrit Jacques Derrida : " Un lavis non pas pour annoncer qu'on va laver, bien entendu à grande eau, l'histoire des femmes à grande eau en vue de réapproprier, de mettre, mais enfin, le corps à nu, le vrai corps, le corps propre de la femme ". Agissant comme des " citations picturales " de figures célèbres ou anonymes (Suzanne au bain, Les Trois Grâces, Vénus, Léda, Marie, Tanit), les lavis de Colette Deblé explorent le rapport fécond entre modèle et imitation, original et reproduction, fidélité et décalage par rapport à la tradition, mais surtout par rapport à la mémoire que nous en avons. Colette Deblé dissout, écarte, évacue de l'oeuvre personnages, paysage, couleurs, ombres, repentirs et ne garde que la silhouette dessinée de la femme, qui se roule dans la lumière du papier éclaboussé d'encres. Lumière tachée qui donne l'idée d'un ciel, d'un espace sans limites, hors du temps, hors des civilisations, d'un miroir au tain piqué. Dans cet espace ainsi travaillé par le temps apparaît LA femme, et en elles toutes les femmes sans qui nous ne serions pas là. Notre cosmos intime. Une partie de ces dessins-lavis a déjà été exposée en France et dans de nombreux pays et villes : Nevers, Thessalonique, Saint-Malo, Lille, Berlin, Athènes, Le Havre, Skopje, Tippola, Alger, Tirana, Orléans, Guise, Montargis, Paris, Sarrebrück, Amiens, Bucarest, Sens, Houston, Dresde, Malte, Floriana, Draguignan, Sofia, Trith-Saint-Léger, Saint-Étienne, Bruxelles, Casablanca, Naples, Forbach, Nimègues, Charleville-Mézières, Sidi-Bou-Saïd, Mexico, Sfax, Tunis, Budapest, Kiev, Lisbonne, Porto, Coimbra, Ponta Delgada, Evora, Avero, Casa da Mateus, Herzeliya, Jérusalem, Odessa, Saint-Pétersbourg, Moscou, Lvov, Leads, Odessa, Nantes, Crest, Karkov, Istanbul...  Guillevic (V, Yeo 1992, Elles, les hors classiques du grand pirate, 1996), Jacques Derrida (Prégnances, Brandes 1993), Jean-Joseph Goux (Femmes dessinées, Dumerchez-L'heur de Laon, 1994), Gilbert Lascault (Ombre de femmes, les petits classiques du grand pirate, 1994), Jacques Henric (Boudu sauvé des dos, Dumerchez, 1995), Mohamed Bennis (Anti-journal de la métaphore, Jean-Michel Place, 1995), Bernard Noël (d'elle vers elles, Ed. de, 1995), Daan Van Speybroeck (Wel en wee van de schilderkunst), Jacques Derrida (Pregnanties), Désirée Verberk (Beeldende Echíos, Achthonderdachtentachig citaten van Colette Deblé, in Getekende Vrouwen, Gewassen tekeningen, Université Catholique de Nimègues, 1996), Suzanne Aurbach (Pléiades, les hors classiques du grand pirate, 1996), Bernard Noël (le temps mis au feu, les hors classiques du grand pirate, 1996), Fadhila Chabbi (Point et oubli du feu, Dumerchez, 1996) : ce poème, sur les dessins de Colette Deblé, rencontre entre deux femmes, deux cultures, a donné lieu à un film documentaire de 26 minutes, conçu et réalisé par Fatma Skandrani Point et oubli du feu produit par la Télévision tunisienne - ERTT), Jean-Pierre Verheggen (Recommandations aux Dames, Rencontres, 1996), Serge Ritman (Lavis, L'infini(e), Ed. de, 1997), Carmen Boullosa (Principe, Rapunzel, Bruja y dos santas Déballe, IFAL, Mexico, 1997), Nino Judice (Figuras), Fiama Hasse Brandao (Colette Deblé, um sentido, um mundo), Marc-Ange Graff (Feminario), Emmanuel Jorge Botelho (Anotaçaes de moldura para Colette Deblé), Icleia Cattani (Intensités : le principe répétitif comme affirmation de la différence dans les lavis de Colette Deblé, in Feminario Plural, Editions Fenda, 1997), Marc S. Hadas (C'est l'âge d'or, Dumerchez, 1998), Maurice Benhamou (La traversée des images, Ecarts, 1999), Joachim Sartorius (Albigutatus, les petits classiques du grand pirate, 1999), Eugénio de Andrade (15 regards pour Colette Deblé, Ecart, 2001), Sylvie Fabre G. (Le Livre du visage, Editions Voix d'encre, 2001). Jean-Luc Chalumeau (Colette Deblé, Le Cercle d'Art, 2002). Michel Gazier (Colette Deblé, Atelier des Brisants, 2003). Jacques Derrida (Prégnances, Atelier des Brisants, 2004). Folioscope (Musée de Marseille, 2004). Paroles de femmes en Picardie (Louise Michel, textes de Zahia Rahmani, Michelle Perrot, Claude Lelièvre, Xavière Gauthier, Isabelle Rome, Atelier des Brisants, 2005). Louis dire (quand, bien, même, Ecart, 2005). Jean-Joseph Goux ( L'Envol des Femmes, Editons des Femmes, 2006). Suzanne Aurbach, ici la nuit traverse, Femmes, éditions Fluo (2006). Claire Malroux, Transpeauésie, Musée du livre-Montolieu, 2007.Claude Margat (Pour en finir avec elle, La Couette diurne, 2007). Joachim Sartorius (La première nuit, Die erste Nachr Aencrages & co, 2007). L'Agenda Des Femmes 2008, Editions des Femmes, 2008. Joana Maso, Xavier Bassas, Suspeindre, Les corps cités de Colette Deblé, Barcelone 2008, à paraître.