Elle a quitté ce monde avec la même discrétion qui caractérisait son travail à la tête des éditions de Minuit : Irène Lindon s'est éteinte dimanche 7 décembre. On apprend la nouvelle avec tristesse, et avec retard.
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Communiqué des éditions de Minuit :
"Les Éditions de Minuit ont la tristesse de faire part de la disparition d’Irène Lindon survenue le dimanche 7 décembre. Présidente-directrice générale des Éditions de Minuit de 2001 à 2021, elle a assuré la continuité d’exigence intellectuelle et littéraire de la maison fondée par Vercors et Lescure dans la clandestinité en 1941, puis dirigée par Jérôme Lindon, son père, de 1948 à 2001. Lectrice du catalogue dès son plus jeune âge, passionnée par le Nouveau Roman et l’œuvre de Samuel Beckett, elle commence à travailler au 7, rue Bernard Palissy dans les années 1970, où elle occupe de nombreux postes de la maison. Proche de Marguerite Duras, elle est la première lectrice de L’Amant (prix Goncourt 1984) dont elle vient chercher le manuscrit définitif un dimanche de mai à Neauphle-le-Château. À partir du début des années 1990, elle participe de manière décisive aux choix éditoriaux de la maison aux côtés de Jérôme Lindon, soutenant les œuvres de jeunes auteurs comme Tanguy Viel, Laurent Mauvignier, Pierre Bayard, Vincent Almendros, Julia Deck, Pauline Delabroy-Allard et bien d’autres, qui prenaient alors la suite de Jean Echenoz, Jean-Philippe Toussaint, Yves Ravey, ou Georges Didi-Huberman, sous la couverture au liseré bleu à l’étoile de Minuit. Toute en discrétion mais d’une exceptionnelle ténacité, éditrice soucieuse de la forme et du roman, elle a fait basculer sa maison dans le XXIe siècle, transmettant aux générations présentes et futures un catalogue de référence de plus de 1 500 titres en littérature et sciences humaines et sociales, lu, aimé, discuté et traduit dans le monde entier."
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