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Appels à contributions
Le théâtre des raisons. Conjecture, critique et morale au Siècle des Lumières (Pise)

Le théâtre des raisons. Conjecture, critique et morale au Siècle des Lumières (Pise)

Publié le par Marc Escola (Source : Matteo Marcheschi)

Le théâtre des raisons.

Conjecture, critique et morale au Siècle des Lumières 

International Conference - CALL FOR PAPERS

Pisa 29-30 avril 2026

Le groupe de recherche  d’histoire de la philosophie moderne InterLegere de l'Université de Pise a le plaisir d'annoncer le colloque international « Le théâtre des raisons : conjecture, critique et morale au Siècle des Lumières », qui se déroulera à Pise les 29 et 30 avril 2026.

Nous encourageons l'envoi de contributions qui portent sur les formes de la rationalité du XVIIIe siècle, en accordant une attention particulière à l'intersection entre genres littéraires, méthode scientifique et réflexion morale et épistémologique. Les propositions seront soumises à une évaluation à l'aveugle par le Comité Scientifique de la conférence. Ci-dessous, les détails opérationnels essentiels pour l'envoi des candidatures :

Date limite d'envoi des résumés : 22 février 2026
Notification d'acceptation : Début mars 2026
Langues admises : Italien, Anglais, Français
Titre de la communication : Veuillez indiquer le titre provisoire de la proposition
Longueur du résumé : Max 500 mots
Notice biographique : Brève notice avec intérêts de recherche (max. 100 mots)
Envoi des propositions : Via le formulaire sur le site officiel
Site Web pour infos et candidatures : https://sites.google.com/view/thetheatreofreasons

Conférenciers invités (Keynote Speakers) : La conférence verra la participation de :

Elio Franzini (Université de Milan)

Christophe Martin (Sorbonne Université)

Peter Kail (Université d'Oxford)

Laura Nicolì (Université de Cagliari)

Franck Salaün (Université de Montpellier)

Description de la conférence et thèmes d'intérêt

En prenant comme point de départ – sans pour autant circonscrire les perspectives du colloque – les Dialogues sur la religion naturelle de David Hume, nous voudrions réfléchir à la nature plurielle de la pensée et des formes argumentatives du XVIIIe siècle. Il s’agira d'observer comment les protagonistes des Lumières redéfinissent les paradigmes cognitifs traditionnels en mettant en jeu des dispositifs particuliers tels que la conjecture, l’analogie, l’expérience de pensée et la multiplication fictionnelle des points de vue (à travers le dialogue, le récit philosophique ou l’apologue). Dans ce cadre, l'intérêt du colloque est d'investiguer ces formes – y compris leurs éventuelles dimensions aporétiques – non comme de simples stratégies rhétoriques, mais comme les expressions d'un savoir constitutivement incertain et tâtonnant : des conditions indispensables à travers lesquelles, au XVIIIe siècle, il devient possible de connaître.

Les Dialogues, en vertu de leur forme littéraire, exhibent en effet de manière exemplaire ce processus de multiplication des points de vue, d'expérimentation de modalités argumentatives et de formes d'écriture (du dialogue au roman, du fragment à l'essai), ainsi que de confrontation entre formes de rationalité plurielles, qui caractérise le XVIIIe siècle. Reproduisant le style de mise en lumière et en ombre typique du théâtre, ils mettent en scène différentes modalités d'argumentation : celle conjecturale, mais aussi celle expérimentale, analogique, fictionnelle et l'usage de l'expérience de pensée [exemplifiée, par exemple, par l'hypothèse de l'extinction du soleil dans Le Rêve de D'Alembert de Diderot].

Ces dernières peuvent être lues comme des catalyseurs des tensions épistémologiques du siècle : leur emploi croissant dans les textes philosophiques, ainsi que dans les textes empirico-scientifiques, invite à réfléchir sur le statut de la conjecture – et avec elle, des stratégies expérimentales, analogiques et fictionnelles – comme opérations régulées de l'imagination, capables de redéfinir les rapports entre connaissance et certitude.

À travers la conjecture et d'autres dispositifs philosophiques, le XVIIIe siècle met dès lors en scène la recherche de nouveaux fondements du savoir et le refus de catégories interprétatives communément acceptées, transformant l'effondrement des paradigmes théoriques qui avaient caractérisé le siècle précédent en une occasion de réarticulation de la connaissance humaine. Dans ce cadre, nous proposons de réfléchir autour des problèmes posés de manière exemplaire par le texte humien, en l'utilisant comme révélateur des problématiques qui traversent le XVIIIe siècle et des stratégies philosophiques mises en œuvre.

Nous suggérons donc d'articuler les propositions – portant sur tout auteur ou texte du XVIIIe siècle – sur ces quatre lignes de recherche principales :

Rapport entre formes littéraires et modes de l'argumentation philosophique : Quelles opérations cognitives et argumentatives sont rendues possibles exclusivement par des formes non-systématiques comme le dialogue, le fragment ou le roman ? De quelle manière la pluralité de genres littéraires et argumentatifs met-elle en scène le conflit entre différents styles de rationalité (déduction, analogie, scepticisme), assumant un rôle privilégié dans l'exploration de la nature et des limites du raisonnement philosophique face à l'incertitude ?

La conjecture entre philosophie et science  : Quelle est la fonction épistémologique de la conjecture dans les différentes disciplines du XVIIIe siècle, de la philosophie à l'histoire naturelle, de la médecine à l'histoire de la Terre ? Comment l'hypothèse se transforme-t-elle de forme d'argumentation incertaine en instrument clé de la méthode scientifique ?

Morale dans un monde Incertain: Quel type de morale est possible dans un univers dont la connaissance est gouvernée par la conjecture et non par la certitude ? De quelle manière l'épistémologie de la probabilité contraint-elle à repenser la fondation même de la morale, la rendant intrinsèquement provisoire, expérimentale et faillibiliste ? Seront bienvenues des interventions qui explorent comment cette culture de l'incertitude rend philosophiquement concevable la figure de l'athée vertueux et s'insère dans le projet d'une « science de la nature humaine ».

 Le rôle du théâtre dans l'horizon philosophique du XVIIIe siècle : Quel est le rapport entre narration, fiction et argumentation philosophique ? La logique théâtrale constitue le lieu où des modèles de pensée différents exhibent leurs propres modalités d'argumentation et de construction d'une raison de plus en plus déclinée au pluriel. Comment sont pensés les rôles d'observateur et d'observé dans une dynamique où, par sa nature même, ces rôles sont constamment redéfinis ? De quelle manière la forme théâtrale se configure-t-elle comme un espace ouvert capable d'interroger les langages, les argumentations et les narrations philosophiques de la période, se plaçant sur un plan intermédiaire entre fiction et réalité ?

Pour tout éclaircissement, il est possible d'écrire à l'adresse : theatreofreasons@googlegroups.com.

Groupe de recherche InterLegere Université de Pise