Un Cercle linguistique de Tôkyô ?
Autour de Hideo Kobayashi et Henri Frei
Séance scientifique du laboratoire Histoire des Théories Linguistiques
5 décembre 2025,14h-17h
Salle 533, bâtiment Olympe de Gouges, Campus des Grands Moulins de l’Université Paris Cité
Entrée libre en présentiel
Inscription gratuite mais obligatoire pour la visio-conférence :
https://u-paris.zoom.us/meeting/register/JP5ODU-iT3-VR8nEpmCSQA
—
Un « Cercle linguistique de Tôkyô » a-t-il existé ? Henri Frei, présent au Japon de 1934 à 1938, fait état de sa création au début de l’année 1936 et annonce que ce cercle « a inscrit l’étude de la phonologie japonaise en tête de son programme »[1]. Les Études de linguistique japonaise publiées par ce groupe témoignent de cette activité. Elles sont lues avec intérêt par Jakobson et Troubetzkoy[2]. Ce dernier s’étonne de la productivité de ce groupe dans le domaine de la phonologie, au point d’écrire, en 1937, que « le Japon occupe la première place d’après le nombre de travaux phonologiques »[3]. Qu’en est-il réellement de l’existence d’un cercle de linguistique structurale au Japon dans les années 1930 ? Pourquoi, à côté de Prague, Copenhague, Genève ou New York, Tôkyô a-t-il été oublié de la constellation des Cercles cartographiée par l’historiographie ?
Pour répondre à ces questions, la séance scientifique se propose d’explorer ce moment de la linguistique et de la stylistique au Japon à travers deux figures centrales : Hideo Kobayashi (1903-1978) et Henri Frei (1899-1980). Le premier est surtout connu pour son rôle de passeur de la linguistique européenne au Japon, grâce à ses traductions de Saussure, Bally, Frei, Hjelmslev ou Vossler[4]. Du second, on retient généralement La Grammaire des fautes et ses activités à l’Université de Genève, ses années passées en Extrême-Orient restant peu documentées. Les travaux de ces deux savants, qui se rencontrent en 1934, fournissent un bon observatoire du développement de la linguistique et de la stylistique au Japon des années 1920 aux années 1940. Au-delà de leur collaboration et de leurs travaux personnels, ce sont les idées et les réseaux de la linguistique japonaise, en lien avec la linguistique européenne, qui seront au cœur de cette séance scientifique.
[1] H. Frei (1936), « Avant-propos », in Tanakadate A., Pletner O., Frei H., Études de linguistique japonaise, Paris, Geuthner, p. 78.
[2] Cf. R. Jakobson, Phonologie (1942) in Testenoire P.-Y. (2025), Les Cours de Roman Jakobson à l’École libre des hautes études. New York, 1942-1946, Berlin, De Gruyter, p. 327-328 et N. S. Troubetzkoy (2006), Correspondance avec Roman Jakobson et autres écrits, éd. et trad. P. Sériot & M. Schönenberger, Payot, Lausanne, p. 427.
[3] Ibid., p. 471.
[4] Cf. A. Ono (2016), « “L’Influence de Saussure au Japon” (1978) par Hideo Kobayashi », Cahiers Ferdinand de Saussure 69, p. 37-42.
—
Programme
14h
Aya Ono et Pierre-Yves Testenoire : Introduction
14h15-15h
Jean Bazantay : La linguistique japonaise dans les années 1920-1930 : entre réception des travaux étrangers et construction disciplinaire nationale
15h-15h45
Aya Ono : Groupes de linguistes japonais dans les années 20 et 30 – à la recherche du Cercle linguistique de Tokyo
16h
Emmanuel Lozerand : Bun, bunshô, buntai. La notion de « style » chez Kobayashi Hideo