Recueil d’études sur Champfleury : appel à contributions
La série Minores XIX-XX (Lettres Modernes Minard / Classiques Garnier), dirigée par Thierry Poyet, consacrera son neuvième volume à l’œuvre de Champfleury. Cet ouvrage collectif paraîtra sous la responsabilité et la direction de Michel Brix.
L’objectif de cette entreprise est de proposer un « état des lieux » des avancées et des perspectives qui s’offrent aujourd’hui aux critiques se consacrant à Champfleury, une vingtaine d’années après la publication du recueil Champfleury, écrivain chercheur (dir. Gilles Bonnet, Champion, 2006), qui a fait date. Idéalement, toutes les activités où s’est illustré Champfleury, polygraphe infatigable, devraient être abordées. On doit bien sûr reconnaître que celles-ci ont été si nombreuses que le projet semble tenir de la gageure, mais on s’appliquera cependant à rencontrer autant que possible une telle ambition.
Champfleury (1821-1889) fut au centre de la vie littéraire et artistique française, au XIXe siècle. Il a laissé entre autres des témoignages sur Balzac, Nerval, Wagner, Courbet (qui l’a fait figurer dans son célèbre Atelier du peintre) ; il a compté au nombre des proches de Baudelaire ; on trouve son nom dans un grand nombre de journaux, petits et grands ; il a croisé des écrivains liés à diverses « bohèmes », et a parfois été apparenté à ceux-ci ; il a adapté en français des Contes posthumes d’Hoffmann ; il a consacré des ouvrages aux peintres de Laon (les Lenain) et de Saint-Quentin (Maurice Quentin de La Tour).
On prendra également en compte, bien sûr, ses œuvres plus personnelles, ainsi que tout ce qui concerne le débat sur le réalisme, qu’il a initié au milieu du XIXe siècle, en recommandant de translittérer dans les fictions en prose les procédés et les choix qui, à la même époque, furent en peinture ceux de Gustave Courbet. Champfleury a lui-même montré l’exemple de l’esthétique qu’il prônait : dans les Fantaisies d’hiver, d’été et de printemps, dans des Contes (Contes vieux et mauvais, Contes domestiques, Contes de printemps, Contes d’automne, etc.) et enfin dans une série de romans (Les Bourgeois de Molinchart, Les Amoureux de Sainte-Périne, Monsieur de Boysdhiver, Le Violon de faïence, etc.). On souhaite que le volume s’enrichisse de contributions examinant, ou réexaminant, ces œuvres. En outre, il y aurait peut-être lieu de revenir sur les similitudes et les dissemblances qui ont été relevées entre Molinchart et la Madame Bovary de Flaubert (et sur la déclaration de celui-ci prétendant avoir écrit Madame Bovary « en haine » du réalisme illustré par Champfleury).
Champfleury a également écrit pour la scène, en particulier pour celle du théâtre des Funambules, rendu fameux par le mime Jean-Gaspard Deburau. En septembre 1846, la création de sa pièce intitulée Pierrot, Valet de Mort réunit dans la salle des Funambules, sinon « l’élite de la société parisienne », comme l’écrit Nerval, au moins le Tout-Paris des bohèmes et des journalistes littéraires. Les autres pièces de Champfleury seraient aussi à relire.
On n’oubliera pas ses Chats, ses portraits d’Excentriques ou encore ses Vignettes romantiques.
On ne négligera pas non plus de s’intéresser aux jugements ‒ pas nécessairement élogieux ‒ que ses contemporains ont porté sur lui : Baudelaire, Duranty, H. Babou, les Goncourt (l’ont-ils portraituré dans Les Hommes de lettres [Charles Demailly] ?), Zola, etc.
Enfin, on s’attachera à prendre en compte ses travaux respectivement consacrés aux chansons dites « populaires », à la caricature et à Henry Monnier, aux gravures, aux images d’Épinal et aux faïences. ‒ Champfleury, qu’on peut (tout en reconnaissant son rôle parfois décisif sur certaines questions) ranger sans scandale au nombre des minores, s’est penché lui-même sur plus d’une discipline artistique réputée « mineure » : voilà sans doute l’occasion de chercher à définir cette qualification, tant en histoire littéraire qu’en histoire de l’art.
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Les propositions de communication (accompagnées d’une brève bio-bibliographie) doivent être adressées à Michel Brix (michel.brix58@gmail.com) avant le 15 janvier 2026 (les réponses parviendront au plus tard le 31 janvier 2026).
Les articles devront parvenir à la même adresse avant le 15 décembre 2026.