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Enseigner et apprendre la sculpture. Du XVIIIe siècle à nos jours. (Lyon)

Enseigner et apprendre la sculpture. Du XVIIIe siècle à nos jours. (Lyon)

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Association Uniart Lyon )

Résumé

Pour cette journée consacrée à la sculpture, nous souhaitons nous intéresser à son enseignement et son apprentissage. En effet, comment est-elle étudiée ? Par qui, et en quels lieux ? Quelle est sa réception par les élèves ? Elle est une pratique artistique qui possède ses propres caractéristiques pédagogiques et techniques1, énoncées par les sculpteurs eux-mêmes2.

L’apprentissage de la sculpture se déroule au sein de divers lieux comme les ateliers, les écoles de beaux-arts, ou encore les académies. Ces espaces d’apprentissage proposent une manière d’apprendre la sculpture, orientée par les maîtres qui représentent ces institutions. En quoi l’enseignement dans une académie royale diffère de celui d’une école nationale des beaux-arts ? Quelles évolutions connaît l’École des Beaux-Arts de Paris dans sa manière d’enseigner et de concevoir la sculpture ? Quelle est la différence entre l’atelier d’un sculpteur de l’Ancien Régime comme Jean-Baptiste Lemoyne3, celui de Jean-Antoine Houdon ou encore de celui d’Antoine Bourdelle ? Pourquoi ont-ils évolué entre le XVIIIe et XXe siècles ? L’enseignement et l’apprentissage de la sculpture ont connu des mutations profondes entre la période moderne et contemporaine. Ces lieux pédagogiques sont liés à l’évolution des pratiques artistiques, techniques et des conceptions pédagogiques, qui s’accélèrent particulièrement au XIXe siècle4. Ces changements découlent de plusieurs facteurs. L’un d’eux est principalement économique. Le marché de l’art évolue, les demandes en sculpture ne sont plus les mêmes, entraînant la mise en place de nouvelles techniques de production5. L’enseignement tient-il compte du succès des différents genres sculpturaux ? À quel point la manière d’enseigner s’en trouve-t-elle modifiée ? Le second facteur est politique, marqué par des régimes politiques différents entre le XVIIIe et le XXe siècles, amenant une évolution de la fonction de la sculpture. Dans le cas de celles qui se trouvent exposées dans l’espace public, les représentations changent avec une laïcisation des figures représentées. Les figures monarchiques ne sont plus à l’honneur, au profit de figures héroïsées issues des sociétés en pleine mutation6. Ces nouvelles représentations amènent-elles à de nouvelles manières d’enseigner les sujets ?

Nous avons également à cœur d’aborder des études de cas extra-parisiennes. Ainsi, les objectifs de l'enseignement de la sculpture sont-ils les mêmes d’une ville à l’autre ? D’un pays à l’autre ? Par exemple, dans plusieurs écoles de beaux-arts de province et étrangères, l’exigence académique est équivalente à celle de Paris. Si le Prix de Rome est la reconnaissance suprême, il est aussi pertinent de questionner les potentiels changements dans la manière d’enseigner, par la singularité géographique des lieux d’apprentissages. Ils impactent l’enseignement,que ce soit en raison de conditions matérielles ou économiques. D’un endroit à l’autre, les maîtres peuvent proposer l’apprentissage par le marbre, le bois ou le métal en fonction de la proximité géographique de ces matériaux. En quoi cela crée-t-il des compétences propres aux sculpteurs, recherchées ensuite par les commanditaires ? Aussi, du côté des élèves, ces derniers disposent-ils de bases pédagogiques comparables lorsqu’ils intègrent une école, qu’elle soit parisienne ou non ?

La place du maître dans l’enseignement de la sculpture est un élément primordial à prendre en considération. Il est, aux yeux des élèves, le modèle à suivre, celui qui transmet l’essence et la technique de la sculpture. Comment est-il devenu professeur ? Quelles sont ses motivations ? De quelle manière enseigne-t-il ? Existe-t-il des professeurs femmes ? La place des élèves dans l’apprentissage de la sculpture est autant à prendre en considération que celle du maître. Quelles sont les origines géographiques, sociales ou économiques de ces apprentis ? Viennent-ils tous d’un milieu artistique ? L’étude de leur entourage et de leurs inspirations peut aider à mieux comprendre l’orientation artistique, ou non, que l’élève prend au cours de sa formation. Certains choisissent de réaliser une formation classique dans les institutions comme les écoles de beaux-arts, tandis que d’autres sont formés auprès d’une filiation artistique particulière propre à certains maîtres7. Quelles sont alors leurs singularités?Pourquoi certains ateliers sont-ils plus fréquentés que d’autres ? De quelle façon les élèves suivent-ils leur maître dans leur manière de sculpter ? À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les femmes ont un accès officiel et institutionnalisé aux formations artistiques8, L’État prenant
davantage en compte la place de la femme dans l’enseignement de la sculpture9, qu’elle soit élève ou professeure. Il sera alors intéressant de questionner les évolutions de leur place dans l’apprentissage de cet art. Où se forment-elles ? Par qui et selon quelles motivations ? Observe-t-on des classes tenues en mixité ? Quels sont leurs rapports aux maîtres ? Aux élèves ? Selon quelles justifications la sculpture n’était-elle pas enseignée aux femmes auparavant, ou uniquement de façon marginale ?

La sculpture a toujours interrogé la place du corps, du geste, du volume et de la matérialité dans l’espace. Que ce soit dans un cadre académique ou non, son enseignement commence généralement par l’apprentissage rigoureux du dessin et du modelage10. Le sculpteur peut ensuite se spécialiser dans le moulage, la taille, la fonte, et ce jusqu’aux expérimentations contemporaines des XXe et XXIe siècles intégrant la performance, l’installation, ou encore les nouvelles technologies. Par sa tridimensionnalité, elle incarne des caractéristiques propres dans son apprentissage. Au moment des nouvelles innovations issues progrès scientifiques et techniques du XIXe et XXe siècle, de nouveaux matériaux apparaissent dans la sculpture comme le fer, le béton, l’acier, ou encore le plastique11. D’un autre point de vue, il peut être pertinent de voir comment la peinture, la gravure, la photographie, le cinéma perçoivent la formation de la sculpture. Existe-t-il des représentations picturales, photographiques ou cinématographiques montrant la façon d’enseigner et d'apprendre la sculpture ? Quelles cultures visuelles mettent-elles en place sur la
pédagogie de la sculpture ?

Nous souhaitons donc, à travers cette rencontre, interroger les modalités d’enseignement de la sculpture du XVIIIe au XXIe siècle. Notre ambition est d’adopter une approche interdisciplinaire (histoire de l’art, histoire des techniques, histoire sociale, anthropologie, géographie, littérature, étude de genre) afin d’appréhender une réflexion autour des ateliers de maîtres, des académies, des écoles de beaux-arts. Les témoignages de praticiens et des professionnels de la sculpture sont également un axe que nous souhaitons mettre à l’honneur lors de cette journée d’étude, permettant de discuter des enseignements que la sculpture elle-même peut apporter à la recherche, lors de sa restauration par exemple.

Notes de bas de page

1.Chastel André et Thirion Jacques, La sculpture : méthode et vocabulaire, Paris, Imprimerie nationale, 2000.
2.Falconet Etienne-Maurice, Réflexions sur la sculpture, Paris, Prault, 1761.
3.Champy-Vinas Cécilie, « “Ordinairement dans son atelier…” L’atelier du sculpteur Jean-Baptiste Lemoyne (1704-1778) : Du lieu de travail au lieu de sociabilité ». Dix-huitième siècle, 2018/1 n° 50, 2018. p.175-188.
4.Bonnet Alain, L’enseignement des arts au XIXe siècle. La réforme de l’Ecole des Beaux-Arts de 1863 et la fin du modèle académique, Rennes, PUR, 2006.
5.Chevillot, Catherine, « Edition et fonte au sable», in La sculpture française au XIXe siècle, Paris, Editions de la Réunion des musées nationaux, p. 80-94.
6.Agulhon, Maurice, « Les transformations du regard de la statuaire publique », in La statuaire publique au XIXe siècle, Paris, Editions du patrimoine, 2004, p. 18-23.
7.Boisseroles Claire, Ferrand Stéphane, Simier Amélie, Transmission-transgression : maîtres et élèves dans l’atelier ; Rodin, Bourdelle, Giacometti, Richier…, Paris, Musée Bourdelle, 2018.
8.Demir Anaid, Les Suffragettes de l’art : l’entrée des femmes à l’École des Beaux-Arts, Paris, École Nationale supérieure des Beaux-Arts, 2024.
9.Sofio Séverine, Artistes femmes. La parenthèse enchantée, XVIIIe-XIXe siècles, Paris, CNRS, 2016.
10.Enfer, Renaud (d’), « L’enseignement du dessin au XIXe siècle : une affaire d’État », dans POULOT Dominique, PIRE Jean-Miguel et BONNET Alain (dir.), L’éducation artistique en France. Du modèle académique et scolaire aux pratiques actuelles, XIXe -XXIe siècles, Rennes, PUR, 2010, p. 285-295 ; Lahalle, Agnès, Les écoles de dessin au XVIIIe siècle : entre arts libéraux et arts mécaniques, Rennes, PUR, 2006.
11.Baridon Laurent, Blanchetière François et al. (dir), La sculpture, une histoire technique et matérielle au temps des révolutions industrielles, Bruxelles, CReA-Patrimoine, 2025.

Axes de la journée d’étude

● Les transformations des pratiques sculpturales dans l’enseignement : quelles sont les mutations culturelles, économiques et sociales de la sculpture au cours du temps ? Comment se traduisent-elles dans les nouvelles manières d’enseigner ?

● La réception de l’enseignement par les élèves : comment les élèves sont-ils confrontés à la matérialité de la sculpture ? Quelles résistances ou enthousiasmes suscite ce médium ?

● La pratique de la sculpture en elle-même : comment fait-on une sculpture ? Selon quelle technique ou méthodologie ? Quelles sont les évolutions de sa pratique au cours des siècles ?

● La géographie des lieux d’enseignement : quels sont les endroits d’apprentissages de la sculpture ? Quelle est la différence entre l’École des beaux-arts, l’académie, ou l’atelier privé ? Entre Paris, en province, et à l’étranger ?

● Le rapport maître-élève : quelle est la place du maître ? Celui de l’élève ? Quels sont leurs rapports ? Quelle est la place de la femme sculptrice ?

● Les représentations de l’apprentissage de la sculpture : est-il représenté par la peinture, la gravure, la photographie, le cinéma ? De quelle manière ? Comment est-elle perçue par des artistes venant d'autres pratiques artistiques ?

Conditions de soumission

L’appel est ouvert à tou.te.s les chercheur.se.s quels que soient leur discipline et leur statut. Les candidatures de master sont particulièrement encouragées. Les artistes et les professionnel.le.s du patrimoine et de la culture pratiquant dans le domaine de la sculpture sont également les bienvenus. Les propositions devront comporter les éléments suivants :

● Nom, prénom;
● Titre de la communication;
● Résumé (500 mots maximum) : ce résumé doit exposer clairement les objectifs de la recherche, la problématique posée, les méthodes utilisées et les résultats attendus;
● Courte biographie (200 mots maximum) : inclure des informations sur votre parcours académique, votre domaine de recherche et votre statut actuel (année d’étude, institution de rattachement, thématiques de recherche, etc.);
● Mots-clés : entre 3 et 5 mots-clés résumant le projet proposé.

Les propositions doivent être envoyées avant le 17 novembre 2025 à l’adresse suivante : uniart.lyon@gmail.com.

Processus de sélection

Les propositions seront examinées par un comité scientifique composé d’étudiant.e.s en histoire de l’art. Les critères de sélection incluent la pertinence par rapport aux thématiques de la journée d’étude, l’originalité de l’approche, et la rigueur scientifique. Les personnes sélectionnées seront invitées à présenter leurs travaux lors de sessions dédiées, sous la forme d’une communication orale de 15 minutes, suivies d’une discussion avec le public et le comité. Il est possible de réaliser une table-ronde, sous le format d’une heure, avec d’autres intervenant.e.s ou artistes présent.e.s. Ce format offrira l'occasion d’approfondir le sujet en collectif et dans l’échange.

Calendrier

Novembre 2025 : sélection des intervenant.e.s.
Janvier 2026 : diffusion du programme de la journée d’étude.
6 février 2026 : déroulement de la journée d’étude.

Comité d’organisation

Aurélie Ribo – Présidente ; Master 2 Arts et cultures visuelles à l’Université Lumière Lyon 2

Raphaël Saez – Chargé des relations professionnelles ; Master 1 Arts et cultures visuelles à l’Université Lumière Lyon 2

Comité de sélection

Aurélie Ribo – Présidente ; Master 2 Arts et cultures visuelles à l’Université Lumière Lyon 2

Manon Got – Vice-présidente ; Master 2 Patrimoine, architecture, mondialisation à l’Université Lumière Lyon 2

Emma Bret – Trésorière ; Master 2 Mondes Anciens à l’Université Lumière Lyon 2

Carla Salvini – Vice-trésorière ; Licence 3 Histoire de l’art à l’Université Lumière Lyon 2

Camille Soret – Secrétaire ; Licence 3 Histoire de l’Art à l’Université Lumière Lyon 2

Raphaël Saez – Chargé des relations professionnelles ; Master 1 Arts et cultures visuelles à l’Université Lumière Lyon 2

Chloé Blaise – Chargée de communication ; Double Licence 2 Histoire de l’Art-Lettres modernes à l’Université Lumière Lyon 2

Salomé Beaurez-Roy – Chargée de médiation ; Doctorante en Histoire de l’Art et Cinéma à l’Université de Lyon-Saint-Etienne