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Quinze ans après Fukushima : modèles éco-critiques et mémoire de la catastrophe

Quinze ans après Fukushima : modèles éco-critiques et mémoire de la catastrophe

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Fabien Arribert-Narce)

Quinze ans après Fukushima : modèles éco-critiques et mémoire de la catastrophe

 

Université d’Édimbourg/en ligne, vendredi 27 mars 2026

 

Conférencier plénier : Michaël Ferrier

 

 

Lors de cette journée d’étude en mode hybride, nous nous proposons de revenir sur la catastrophe de Fukushima, quinze ans déjà après les terribles séisme, tsunami et accident nucléaire qui ont frappé le Japon le 11 mars 2011. Il s’agira notamment de dresser un bilan au niveau des représentations artistiques et littéraires qui ont largement contribuer à constituer une mémoire de ces évènements, toujours en cours aujourd’hui si l’on considère le très lent démantèlement de la centrale Dai-Ichi et les travaux parfois controversés de décontamination des zones les plus exposées. Quelles ont été les interventions artistiques et les prises de position les plus marquantes dans le débat public et le champ philosophique, au Japon, en Europe et au-delà, alors même que des programmes nucléaires civils sont lancés ou relancés en France, au Royaume-Uni et dans bien d’autres pays à travers le monde (ce qui pose notamment des questions au niveau des équilibres en matière énergétique et dans la lutte contre le réchauffement climatique), et que les menaces d’une utilisation militaire dite “tactique” de cette énergie se font de plus en plus pressantes, au point peut-être de remettre en question le paradigme établi durant la Guerre Froide de la dissuasion stratégique ?

Fukushima pouvant être qualifiée de “catastrophe furtive”, aux conséquences insidieuses d’une durée exceptionnellement longue (difficilement mesurable à l’échelle d’une vie humaine), et constituant un enjeu fort en termes de visibilité,[1] nous nous demanderons quelles stratégies ont été mises en place pour résister aux différentes formes d’oubli et d’effacement parfois orchestrées par des structures étatiques ou médiatiques. Quels nouveaux modes d’engagement ont ainsi émergé face à cette situation singulière, et quelles plateformes ont été créées et utilisées pour initier ce que la chercheuse Nicola Liscutin a appelé dans ce contexte des “réseaux de solidarité” ?[2] Ceux-ci s’inscrivent le plus souvent au croisement de pratiques journalistiques, documentaires, universitaires et artistiques, mêlant volontiers des enquêtes de terrain et des réflexions critiques selon des logiques participatives et collaboratives visant à la fois une circulation de l’information (et donc une lutte contre la désinformation), un travail d’archive et de mémoire, un éveil des consciences politiques et/ou la formation de collectifs artistiques et citoyens. Comment de telles approches, indissociables des technologies du numérique, mais aussi résolument multi-médiales et interdisciplinaires, ont-elles permis de produire des réponses inventives et adaptées aux circonstances évolutives de cette série de catastrophes inédite. En d’autres termes, quels modèles éco-critiques ont été mis en lumière par Fukushima, qu’il s’agisse de paradigmes analytiques ou de démarches artistiques et littéraires (films, photographies, blogs, installations physiques ou virtuelles, interventions flash, etc.), étant également pertinents pour d’autres crises sociales et environnementales ?

Ces considérations nous aideront à mettre au jour les multiples impacts du triple désastre de mars 2011 dans de nombreux domaines (éco-critique, socio-économique, scientifique, géopolitique, etc.), nous permettant ainsi de prolonger la réflexion initiée lors d’un premier colloque organisé en septembre 2017 à l’Université d’Édimbourg, “Post-Fukushima Art and Literature in Japan and the West”. L’écrivain et chercheur Michaël Ferrier, installé de longue date au Japon et auteur de plusieurs ouvrages sur cette catastrophe, ses représentations et répercussions, dont Fukushima, récit d’un désastre (2012),[3] avait déjà pris part à ces échanges de 2017 et sera de nouveau présent à Édimbourg pour cette journée d’étude.

 

Les propositions de communication (250 mots maximum) d’une durée de 20 minutes (en français ou en anglais) doivent être envoyées en pièce jointe et au format PDF ou Word à F.Arribert-Narce@ed.ac.uk, accompagnées d’une brève note bio-bibliographique, d’ici au 1er décembre 2025. Veuillez préciser vos coordonnées (nom, institution et adresse email), votre mode de participation (en ligne ou en présentiel), ainsi que toute requête audiovisuelle éventuelle.

Responsable : Fabien Arribert-Narce
 
[1] Voir la définition que Michaël Ferrier donne des “catastrophes furtives” et de “l’effet Fukushima” dans son article “De la Catastrophe considérée comme un des Beaux-Arts”, Communications, vol. 1, n°96 (2015), pp. 119-35 (pp. 125-26).
[2] Nicola Liscutin, “‘Indignez-vous!’ Fukushima, New Media and Anti-Nuclear Activism in Japan”, The Asia-Pacific Journal, vol. 9, n°47 (novembre 2011), pp. 1-36.
[3] Michaël Ferrier, Fukushima, récit d’un désastre (Paris: Gallimard, 2012) ; Penser avec Fukushima, sous la dir. de Christian Doumet et Michaël Ferrier (Nantes: Cécile Defaut, 2016) ; Dans l’œil du désastre : créer avec Fukushima, sous la dir. de Michaël Ferrier (Paris: Thierry Marchaisse, 2021) ; Michaël Ferrier et Kenichi Watanabe, Notre ami l’atome (Paris: Gallimard, 2021) – cet ouvrage est la transposition de trois films écrits par Ferrier et réalisés par Watanabe : Le Monde après Fukushima (2013), Terres nucléaires, une histoire du plutonium (2015), et Notre ami l’atome (2020).