
APPEL À CONTRIBUTIONS :
« Les insectes au XVIIe siècle »
Dans le cadre d’un numéro de la revue Épistémocritique. Revue de littérature et savoirs coordonné par Aude Volpilhac, avec la collaboration d’Allan Bernon-Mabboux, à paraître en mai 2027.
Les animaux les plus fameux du « Grand Siècle » sont pour la plupart traditionnellement associés dans la mémoire collective au faste de Versailles et à la politique de prestige du roi et de l’aristocratie, dont l’existence est indissociable des textes et des images qui en ont fait le portrait ou l’histoire (poésie mondaine, promenades et conversations littéraires, récits de voyage, ouvrages naturalistes, peintures, etc.) ; mais, à plus petite échelle, d’autres « bestioles » ou « bestelettes » participent de manière plus discrète à ses lieux de mémoire pour peu que notre regard s’y attarde. De fait, on pense moins d’emblée aux insectes pourtant tout aussi célèbres, à l’instar de la cigale et fourmi qui ouvrent le premier recueil des Fables de La Fontaine, de la mouche bourdonnante qui empêche le penseur de penser dont se moque Pascal, du ciron abyssal des philosophes, des chiques dévoreurs de pieds des récits de voyage outre-Atlantique, de l’araignée qui tint compagnie à Paul Pellisson pendant son emprisonnement ou encore du portrait de la puce cuirassée de Robert Hooke qui marqua durablement les esprits de son temps.
En atténuant, sinon en oblitérant délibérément la frontière entre petits animaux « référentiels » et petits animaux de papier, une telle présentation appelle d’emblée plusieurs remarques : les insectes, sans doute de manière plus intense encore que le règne animal dans son ensemble, sont pour nous des hybrides de nature et de culture dans la mesure où les humains les appréhendent nécessairement au filtre de la culture de leur époque. Cette approche justifie d’emblée une démarche épistémocritique comme le parti-pris méthodologique de ce numéro : tout en admettant l’existence de ces petits animaux indépendamment du regard qui les saisit, il s’agit de mettre en évidence la manière dont les textes (et les images) configurent les vivants minuscules et la manière de les appréhender. Leurs sens ne permettant pas aux humains ni de bien les observer en raison principalement de leur petite taille, ni de bien les entendre, les insectes ont longtemps constitué un pan méconnu du micromonde. Mais les limites de nos sens ne sauraient à elles seules rendre compte de cette histoire : nous héritons aujourd’hui d’un processus culturel d’invisibilisation du vivant minuscule qui nous rappelle combien la crise écologique contemporaine est aussi une crise de la sensibilité au monde qui nous entoure et dont Cyrano faisait déjà le constat avec la prosopopée des arbres du Soleil. Les insectes littéraires de l’époque moderne sont de fait plus nombreux qu’il n’y paraît au premier abord et se glissent dans tout type de texte : s’ils entretiennent un lien de prédilection avec la poésie amoureuse et érotique – lyrique ou anti-lyrique et satyrique –, ils sont présents aussi dans la prose : la littérature morale et philosophique peut faire du minuscule le support d’une méditation métaphysique, qu’il s’agisse d’ébranler le lecteur en lui prouvant l’existence de Dieu ou au contraire, dans une démarche libertine, en faisant vaciller ses représentations communément admises par la révélation de la profondeur de la matière vive.
En repeuplant de « bestelettes » le tableau d’une période trop souvent réduite dans les esprits à la naissance du Descartocène, il s’agit aussi de remettre en cause un lieu commun critique proche du réquisitoire associant le XVIIe siècle au désenchantement du monde vivant et à sa réduction en ressources exploitables à l’envi. Dans cette perspective, le microscope, découvert au début du siècle, est parfois accusé d’avoir joué un rôle décisif dans ce processus en participant à la réification du vivant minuscule[1] qu’aurait parachevée le fantasme taxinomiste de classification de naturalistes devenus aveugles à leurs objets d’observation. C’est ce grand récit qu’il convient d’amender à partir d’une enquête renouvelée sur la période charnière que représente le XVIIe siècle dans l’histoire de la visibilisation des insectes pour le regard humain et dans celle des représentations du micromonde. P. Hamou a qualifié de « mutation culturelle » cette période s’étendant des années 1660 jusqu’au début du XVIIIe siècle où les insectes deviennent en effet de véritables objets d’intérêt[2]. On assiste ainsi à un tournant d’ordre axiologique dans le regard porté sur les « petits animaux » qu’encouragent les discours préfaciels des naturalistes ou les commentaires de leurs observateurs mais qui prenait sa source chez Pline et Virgile. Si ce changement de valeur avait déjà été largement amorcé par les naturalistes de la Renaissance et les voyageurs auteurs de récits de voyage, il va désormais toucher un public plus large : sans surévaluer pour autant la présence des insectes dans le paysage mental du XVIIe siècle, il n’en demeure pas moins qu’ils se mettent à déborder des ouvrages des naturalistes en s’adressant à un public plus vaste de curieux, ce dont témoigne la traduction française de Swammerdam en 1685. Ils investissent ainsi les récits de voyage, les journaux scientifiques comme le Journal des savants et même les conversations littéraires. Ce processus de familiarisation avec les insectes – ou du moins, avec certains d’entre eux –, constitue un phénomène important de la seconde moitié du XVIIe siècle : sans pour autant recourir au microscope, l’œil nu, par ricochet, se montre désormais sensible à la réalité nouvelle qui s’offre à lui pour peu qu’il s’y montre attentif.
Des vivants avec entrailles : microscope, densification des corps minuscules et reconfiguration des savoirs dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
Le XVIIe siècle entretient une relation privilégiée avec le micromonde : la seconde moitié du XVIIe siècle constitue en effet une période de grande fécondité pour les recherches sur la vie des insectes qui a bénéficié a posteriori de la découverte du microscope et du perfectionnement technique des outils d’observation du proche et du lointain : à côté du télescope, la lunette à puces, bien qu’elle n’ait pas été inventée à cette fin, fut l’occasion durant la seconde moitié du siècle, et donc plusieurs décennies après sa découverte[3], d’une expérience intense et mêlée du vivant minuscule.
S’il est anachronique de parler d’entomologie (notion qui ne recouvre pas le même objet, la même démarche, le même lexique, le même objectif taxinomique), il n’en demeure pas moins que s’élabore à cette époque un véritable savoir sur la vie des insectes autochtones (même si les insectes exotiques font leur apparition dans les récits de voyage et culminent avec les illustrations de Merian) qu’on pourrait qualifier par commodité d’« insectologique ». Le perfectionnement technique de l’observation des petits corps a permis de prolonger et d’amender les travaux des grands naturalistes de la Renaissance et du début du XVIIe siècle (Aldrovandi, Mouffet, Godaert parmi les plus fameux) qui, eux-mêmes, dialoguaient – par le relais notamment d’Albert le Grand au XIIIe siècle – avec les travaux fondateurs d’Aristote, soucieux d’élaborer des critères permettant d’unifier une variété infinie de formes animales, et de Pline l’Ancien dont l’Histoire naturelle a contribué à fixer une vulgate zoologique composée de considérations anatomiques et éthologiques comme d’anecdotes légendaires. Ce sont justement ces caractéristiques définitoires qui vont être profondément ébranlées par les nouvelles observations[4]. Depuis L’Histoire des animaux d’Aristote, on réunissait ainsi sous le nom d’« insectes » (entoma en grec – insecta en latin – désigne les « animaux à entailles » ou « à segments ») les animaux ayant un corps segmenté, divisé par des incisions, appartenant plus largement à la catégorie des animaux dépourvus de sang qui incluait donc aussi les araignées et les vers, à laquelle Albert Le Grand ajoutera, dans le De animalibus de 1270, les scorpions, les escargots et les batraciens. S’est sédimentée sur cette première approche morphologique et anatomique une tradition zoologique qui compliquait la notion même de vie en rendant floues et énigmatiques ses deux extrémités que sont la naissance et la mort : elle affirmait notamment que, même coupé, un insecte pouvait continuer à vivre, de même certains d’entre eux naissaient par génération spontanée c’est-à-dire sans parent de même espèce mais à partir de la pourriture ou de la terre humidifiée. Enfin, les insectes étaient parfois qualifiés d’« imparfaits », ce qui désignait le fait qu’ils n’atteignaient leur état de perfection qu’après être passés par des stades préliminaires qui préparaient la forme finale parachevée. Si ces frontières et ces critères nous semblent aujourd’hui incertains, c’est aussi que les représentations culturelles qui s’y rapportent sont distinctes des nôtres : les insectes étaient traditionnellement associés depuis le Moyen Âge au monde sauvage des bestiae, tandis que le milieu de vie était déterminant pour distinguer notamment les insectes terrestres des aériens. Cette distinction est au cœur de l’échelle de valeurs sur laquelle on les situait, l’aérien bénéficiant traditionnellement d’une aura positive rapportée au céleste (papillons et abeilles étaient ainsi considérés comme plus proches des oiseaux que les aptères) tandis qu’au terrestre était associées des valeurs négatives.
L’évocation de ce cadre conceptuel invite donc à la plus grande prudence au regard de la catégorie d’insectes, forgée par la zoologie aristotélicienne mais que nous percevons aujourd’hui au filtre de notre habitudes taxinomistes linnéennes, alors qu’elle connaît une refonte précisément au XVIIe siècle et se met à désigner un nombre beaucoup plus important d’espèces tandis que les critères définitoires fixés par la tradition zoologique antique se révèlent obsolètes. Les « insectes » désigne donc une vaste catégorie à part de vivants très singuliers que leur petite taille (qui n’est pas un critère définitionnel zoologique usuel, mais qui l’est de fait), qui rend leur observation difficile, contribue encore à placer à la marge du reste du monde animal. L’approche renouvelée des petits corps va donc faire – en théorie du moins – voler en éclats la notion même « d’insecte ».
À un enjeu scientifique (amender les connaissances erronées héritées des Anciens) s’articule un enjeu épistémologique de promotion d’une méthode d’observation directe du réel qui s’impose au détriment de la lecture des autorités traditionnelles qu’on pourrait qualifier, pour aller vite, de baconienne et cartésienne. Swammerdam oppose ainsi aux véritables insectes les animaux « chimériques » produits par les « fictions du cerveau » des naturalistes qui l’ont précédé. Les microscopistes, en réactivant l’imaginaire conventionnel du soulèvement du voile d’Isis repéré naguère par P. Hadot, voient dans le microscope un moyen inédit de « pénétrer les secrets de la Nature ». Philosophes et historiens des sciences ont mis en évidence la complexité de cette étape où se stabilise un une forme inédite de l’articulation entre perception, représentation textuelle et iconographique (alors que d’éventuels obstacles épistémologiques et/ou religieux viennent en compliquer la relation) propre à une culture mais aussi à des individus qui ont su, à la manière de Galilée pour le ciel ou de Hooke pour le micromonde, rendre figurables et intelligibles des réalités nouvelles[5]. Se formalisent corollairement les procédés de validation et de garantie de nouvelles réalités dont on révèle l’existence : il s’agit tout aussi bien de décrire et de mettre en récit le micromonde lui-même que le protocole expérimental qui le révèle, réalisé collectivement, et qui en garantit la véracité. Ce mode d’exposition évolue au profit d’une stratégie rhétorique de la preuve qui se modifie au cours du siècle : si les images et les métaphores se raréfient sans pour autant disparaître, s’y substitue un vocabulaire de l’autopsie, une formulation narrative et syntaxique de la démonstration, auquel Hooke ajoute un rôle central inédit dévolu à l’illustration dans ce processus[6].
On aurait tort toutefois de penser que les nouveaux insectes décrits par le microscope ont définitivement et irréversiblement remplacé les anciens : s’opère bien davantage une lente métamorphose au cours de laquelle se côtoient savoirs anciens et savoirs contemporains. Pourtant s’est élaboré dès le XVIIe siècle ce grand récit d’une rupture radicale dont on peut repérer une formulation par exemple dans le Dictionnaire universel de Furetière à l’entrée « insecte ». De fait, à rebours d’un côté d’une approche trop positiviste du progrès des connaissances des contemporains et des Modernes, et, de l’autre, d’une approche historiographique trop téléologique, plusieurs travaux ont depuis nuancé l’idée d’une « révolution scientifique » entérinant une véritable rupture épistémologique dans les protocoles expérimentaux comme dans les discours qui les mettent en récit, au profit d’une histoire moins linéaire des pratiques et des discours dont ont bénéficié notamment les recherches récentes sur le microscope. Ainsi, Philippe Hamou a mis en évidence le fait que « la nouvelle visibilité procurée au XVIIe par les instruments conserve les caractères de l’ancienne » et propose d’aborder autrement l’histoire de l’expérience visuelle. Il n’en demeure pas moins que l’ouvrage de R. Hooke, au sein d’un vaste mouvement européen d’attention renouvelée au micromonde venu du nord de l’Europe, a joué un rôle décisif dans ce processus de « mutation culturelle » de la seconde moitié du XVIIe siècle.
L’œil nu
Une telle approche, qui fait la part belle aux effets du microscope et au renouvellement des connaissances sur la vie des insectes, a pour effet non seulement de masquer le fait que « d’autres » insectes plus anciens existaient déjà dans le paysage culturel du premier XVIIe siècle mais aussi de reléguer ces insectes plus abstraits et plus anciens du début du siècle du côté de l’obsolète. La seconde moitié du XVIIe siècle est davantage marquée par une période de coexistence, de chevauchements, de superpositions voire de frictions entre ces conceptions parfois contradictoires des vivants minuscules. Ces insectes se trouvent ainsi dans un entre-deux entre leur statut symbolique et les prémices de considérations « réalistes ». Si les insectes poétiques ont eu peu d’épaisseur référentielle au début de l’époque moderne, celle-ci était largement compensée par une densité intertextuelle qui prenait sa source dans l’Antiquité et dont Virgile était le modèle aussi bien pour le versant lyrique que pour le versant burlesque, puisqu’on lui a longtemps attribué un éloge paradoxal du moustique, qu’on associait également à celui du parasite de Lucien. Les recherches littéraires sur les insectes connaissent un intérêt croissant initié notamment en France par A. Montandon et les travaux du CELIS qu’on pourrait prolonger en mettant en évidence l’historicité de la poétique des insectes à partir de l’étude du moment charnière singulier que représente le XVIIe siècle en affinant notamment sa périodisation.
Plutôt que d’opposer insectes « référentiels » et insectes de papier, on cherchera à mettre en évidence ce qui les apparente. Avec ou sans microscope, on repère régulièrement l’effet d’une mise en scène du regard de l’observateur, essentielle à la scénographie insectologique, qui trouve ses racines chez les naturalistes, mais aussi dans la théologie naturelle du début du siècle, ou encore chez un poète comme P. Perrin, dont Divers insectes constitue sans doute le premier recueil poétique entièrement consacré aux insectes. Aussi faut-il d’emblée nuancer l’idée que les insectes découverts et mis en scène par les microscopistes apparaîtraient subitement dans la culture visuelle de la seconde moitié du siècle et se substitueraient tout aussi brutalement aux insectes théoriques. De fait, des insectes littéraires érotiques, philosophiques et religieux, à l’usage spéculatif et argumentatif, existaient déjà dans la culture de la première moitié du XVIIe siècle et, sans pour autant inverser le point de vue et affirmer que ce sont les poètes et les auteurs de la théologie naturelle qui ont préparé le changement de regard sur les insectes, on sera sensible aux phénomènes d’échange et de circularité entre les genres en les abordant de front à partir des catégories de la rhétorique, de la poétique et de l’esthétique.
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Pistes de réflexion pour une approche interspécifique de la poétique et de l’esthétique de l’insecte au XVIIe siècle.
Que ce soit par la langue elle-même, par les figures de l’analogie et plus généralement au moyen de l’anthropomorphisme (dont les recherches récentes en éthologie, en philosophie et en littérature ont réhabilité la valeur), ou encore par la scénographie qui met en scène un insecte et le sujet humain qui l’observe ou le nourrit parfois contre son gré, on s’attardera sur les effets heuristiques du caractère interspécifique de la poétique de l’insecte au XVIIe siècle. À partir de la problématique qui guidera ce numéro (l’émergence en langue française d’une poétique de l’insecte au XVIIe siècle) on privilégiera ainsi plusieurs types de questionnement :
1° Approche méthodologique
Les outils récents forgés par la recherche sur les animaux de la première modernité (animaux de prestige, culture affective, zoopoétique, biographies animales…) constituent-ils une grille pertinente pour l’étude des insectes ? Ce qui semble efficace pour rendre compte des mammifères l’est-il tout autant pour aborder les vivants minuscules ?
Un versant méthodologique pourra mettre à l’épreuve les outils récents notamment de la recherche anglo-saxonne sur les animaux.
2° Approche lexicale : ce que les insectes font à la langue
Dans la préface de la traduction française de Swammerdam, l’auteur affirme que l’ouvrage est aussi destiné à ceux qui, en plus de s’intéresser aux secrets de la nature, sont des amateurs de la langue française, tandis que Swammerdam, pour sa part, déplore le fait que les mots manquent pour décrire des phénomènes encore largement méconnus comme la métamorphose. On cherchera alors à réfléchir à la manière dont s’invente la langue insectologique de la première modernité. Plusieurs pourraient être abordés pour rendre compte de l’émergence d’un lexique de langue française :
a) les enjeux d’onomastique et de traduction (en posant les questions de la transmission, à partir de l’origine grecque et latine des noms d’espèces, en passant par les langues européennes – anglais et néerlandais - des naturalistes, les noms autochtones des insectes dans les récits de voyage, les transferts et emprunts (les « zonzale », la « chique » qui serait à l’origine un terme français adopté par les colonisés ; les emprunts dont le Dictionnaire des Antilles se fait le rapporteur) ;
b) les néologismes ;
c) la richesse d’une palette de lexique et de genre non encore stabilisée, avec les phénomènes de doublons (locuste et sauterelle), de concurrences (abeille, mouche à miel, avette ; chèvres volantes ou cerf-volant) et d’instabilité de genre (certains insectes changent de sexe au cours du siècle : la fourmi s’écrit désormais au féminin, le cloporte au masculin ; Richeome féminise la femelle du lézard, « la lézarde ») ;
d) une langue technique zoologique et anatomique pas encore fixée : on s’intéressera à ce moment de l’histoire de la langue où ne s’est pas encore fixé le lexique de l’anatomie des insectes et où ne s’est pas encore opérée nettement la partition entre lexique anatomique réservé aux humains et ceux pour désigner les parties du corps des animaux (ex : patte/jambe) ;
e) le vocabulaire du petit et du minuscule : des « animalcula » aux bestioles, bestelettes, animalets, verminette et mouchillon, en passant par les « moltissimi animalucci » admirées par Galilée (lettre de 1624), on s’intéressera au vocabulaire du petit et du minuscule souvent couplé à celui de l’innombrable. Les suffixes en –ette (complétés parfois par l’adjectif « petit ») sont nombreux et se colorent parfois d’une dimension hypocoristique qui participent aux processus de mignardisation de l’insecte mais aussi aux rapprochements analogiques entre monde humain et micro-monde dont on cherchera à évaluer les effets de sens.
3° La « mutation du visible » (P. Hamou) : instabilité et évolution axiologiques de la microfaune ?
Tous les insectes n’ont pas toujours été poétiques (le papillon n’était pas particulièrement poétique dans la Grèce ancienne et ses mentions sont rares dans la poésie latine) et certains le deviendront au cours de la première modernité. Si l’Antiquité puis l’allégorisme médiéval ont contribué à fixer la valeur du bestiaire minuscule, on se demandera si le XVIIe siècle fait évoluer cette axiologie. La notion d’instauration forgée par le philosophe Étienne Souriau notamment au sujet de l’œuvre d’art, puis prolongée par Isabelle Stengers, Bruno Latour[7] et Vinciane Despret[8] qui l’ont importée dans d’autres champs, et surtout celui de la philosophie des sciences au sujet des dispositifs d’observation de l’animal, pourrait s’appliquer ici. À partir de la question initiale posée par Souriau (« comment rendre plus réel ce qui existe ? »), David Lapoujade s’interroge sur la manière dont l’artiste ou le philosophe peut donner davantage d’épaisseur, plus de réalité à ce qu’il nomme des « existences moindres », partant du principe que toutes les existences ont besoin d’« intensificateurs pour accroître leur réalité[9] ». Si les animaux ne font pas explicitement partie, ni dans les analyses de Souriau ni dans celles de Lapoujade, de ces êtres dont l’existence est ténue ou précaire, ce cadre conceptuel semble pouvoir pourtant éclairer les enjeux de la poétique insectologique du XVIIe siècle[10].
4° « Merveilles des insectes » (Richeome). Une poétique microscopiste ?
On se demandera s’il est pertinent de parler d’une poétique ou d’une littérature microscopiste, selon laquelle certains procédés littéraires de la spectacularisation des vies minuscules auraient à voir avec un regard qui mimerait les effets du microscope. Si le terme de « microscopiste » est traditionnellement réservé aux naturalistes et aux savants du XVIIe siècle, on éprouvera le rendement critique d’une métaphore qui met l’accent sur l’écriture du vivant de petite taille et sur son dispositif propre (effet de focalisation, regard attentif, curieux, émerveillé, donnant à voir et à partager des émotions…), mais également sur ses motifs récurrents (l’altérité du quotidien le plus familier, l’expérience de la beauté, l’emboîtement du vivant à l’infini…)
On s’intéressera à la poétique de spectacularisation des insectes selon les pistes suivantes :
a) L’émerveillement
L’émerveillement (et son revers, le dégoût comme chez Margaret Cavendish, ou encore l’effroi) semble un trait caractéristique de nombreux portraits d’insectes qu’on retrouve aussi bien chez les naturalistes, les voyageurs, les théologiens, les philosophes et certains poètes. Les connaissances nouvelles font basculer les insectes du côté des mirabilia, ces éléments naturels qui suscitent l’admiration et l’étonnement de celui qui les observe. De fait, la rhétorique de l’admiration est souvent indissociable de la description de l’insecte mais aussi de la mise en scène de son observateur. On pourrait comparer ainsi l’art de la description insectologique à la peinture hollandaise du XVIIe siècle dont S. Alpers faisait remarquer que si l’œil attentif est un facteur de création, il devient aussi un thème pictural, l’attention devenant elle-même objet de représentation. De même, l’insecte décrit est toujours précédé du regard surpris et attentif de celui qui le découvre : dans le recueil poétique de P. Perrin, toutes les sections commencent généralement par la mise en scène du sujet lyrique découvrant un insecte. Renouant avec l’éloge lyrique de la Renaissance, qui articule célébration et description, Perrin retrouve la vocation de la poésie à découvrir les mystères de la nature. Ce regard est décliné sur différents modes, selon le degré d’attention et l’intensité et le type d’émotion qui le définit, qu’il soit individuel ou collectif, mais c’est aussi le corps de l’observateur qui est évoqué, à rebours de l’idée communément admise propre au mythe de l’objectivité que l’effacement de l’observateur serait la condition intangible d’un véritable accès au réel. Il n’en demeure pas moins qu’on passe ainsi d’une forme de merveilleux surnaturel à une forme de merveilleux naturel.
Le discours insectologique change ainsi de nature au cours du XVIIe siècle et relève d’un phénomène de circularité décrit par Lorraine Daston et Katharine Park, qui abordent le phénomène du wonder comme un processus et une relation : elles mettent en avant la dialectique entre celui qui s’émerveille et l’objet de son émerveillement, l’admiration du sujet modifiant la valeur de l’objet en même temps que l’objet modifie son sujet en retour. Cette dialectique revêt une dimension esthétique sur laquelle on reviendra ci-dessous. On mettra ainsi en évidence les ressorts d’une rhétorique de l’admiration qui engage affectivement celui qui regarde l’objet contemplé et dont l’engagement émotionnel est le support de la magnification de cet objet.
b) Une expérience sensible plurielle : le corps de l’observateur
Si l’accent a longtemps été mis sur le domaine du visible et sur l’organe de la vue, les recherches récentes sur la matérialité des savoirs incitent plus largement à repérer notamment le corps de l’observateur dans le processus d’observation. Les insectes sollicitent en effet d’autres sens (l’ouïe, le toucher, l’odorat) qui produisent une expérience sensible plurielle qui peut être source de connaissances. Si la main de l’observateur en constitue le socle, on pourra aussi s’arrêter sur la constitution d’une écriture de la peau souffrante articulée à celle des insectes qui y pénètrent par effraction : l’insinuation dans les chairs constitue un topos des récits de voyage, qui, par de nombreuses périphrases verbales, traduisent la puissance paradoxale du minuscule, tandis que, corollairement, la peau n’est plus seulement pensée comme une surface, mais gagne en profondeur. De même, le motif de piqûre de l’insecte qui se love dans les plis du corps est fréquent dans la poésie érotique, et se voit subverti par la poésie satyrique où la peau flétrie, sale ou putréfiée se révèle le terrain privilégié de la vermine.
c) Altérité vs proximité
Certes, la découverte du micro-monde a suscité une surprise absolue (même si ce pan de la réalité était depuis longtemps soupçonné) et l’étrangeté radicale de ce monde inédit prend les proportions d’une altérité infinie. Pourtant, paradoxalement, les modèles d’intelligibilité mobilisés pour en rendre compte et le traduire contribuent à le rapprocher du nôtre.
On sera donc attentif à la tension entre altérité et identité propre aux procédés de l’analogie : si « traduire » un insecte par un autre au moyen de la fragmentation analogique – par lequel le corps de l’animal inconnu est décomposé en plusieurs parties distinctes rapprochées de parties anatomiques d’autres animaux connus (F. Tinguely) – peut conduire à des figures hybrides et chimériques, il n’en demeure pas moins que ce dispositif favorise aussi des rapprochements heuristiques. Ainsi des métaphores de la carapace ou des comparaisons avec les crustacés de Peiresc donnant l’intuition de ce que l’on nomme aujourd’hui l’exosquelette et de la chitine. On s’intéressera donc à la manière dont les écritures du vivant minuscule conduisent à une réduction de cette altérité au profit par exemple d’un corps commun : hommes et insectes ont en partage une anatomie, un corps mécanisé, une sexualité (on pense au tableau de l’accouplement des papillons ou des libellules chez Swammerdam), etc. On pense par exemple à la fascination pour les yeux de l’insecte dont le Journal des Savants se fait la chambre d’écho et à laquelle J. Leeuwenhoek donne une mise en scène relativiste troublante en adoptant le point de vue de l’animal dont Cyrano avait déjà posé les jalons en imaginant, pour décentrer le lecteur, le point de vue d’un pou parcourant le vaste monde d’une tête humaine. Mais les interprétations allégoriques des insectes sociaux par exemple faisaient déjà la part belle aux équivalences entre l’organisation du monde humain et celui des insectes. On pourra donc aborder les effets de projection d’un monde à l’autre (la projection allégorique du monde animal sur monde humain étant souvent la conséquence d’une projection préalable du monde humain sur le monde animal ; mais, à rebours, le monde minuscule pourrait permettre de mieux saisir certains phénomènes sociaux humains). On s’intéressera aux présupposés philosophiques ou religieux qui guident ces rapprochements qu’on retrouve aussi chez les naturalistes chrétiens, pour lesquels tout, dans la nature obéit aux mêmes lois et au même ordre. Il s’agira ainsi de montrer combien la pensée analogique, loin de se résorber au cours du XVIIe siècle, trouve des prolongements inédits dans l’écriture des vies minuscules et qu’elle peut aboutir à des positions inverses, orthodoxes ou potentiellement subversives en rapprochant l’homme des plus petits animaux. On pourra ainsi s’intéresser à :
- la mise en évidence de la proximité corps animal/humain (travaux de nature comparée, approche mécaniste, approche matérialiste, …) ;
- sexualité, accouplement et érotisme ;
- quelle valeur/portée de l’anthropomorphisation paradoxale de la vermine ? On pense ainsi à Swammerdam soulignant la tendresse des araignées à l’égard de leur progéniture ;
- on pourrait prendre au sérieux le projet littéraire burlesque formulé dans l’Histoire comique de Francion par le personnage d’Hortensius, (« Je veux faire des romans des aventures de leurs peuples »), et aborder les mises en récit d’une vie d’insecte, les effets de décentrement propres à l’adoption de son point de vue, les effets de disproportion et de jeux d’échelle comme leurs conséquences philosophiques chez Fontenelle ou Cyrano.
C. Description et expérience esthétique
On pourra ainsi s’attarder sur les aspects suivants :
a) Surface, profondeur et matérialité
Selon C. Wilson (C. Wilson, The invisible world, Early Modern philosophy and the invention of the microscope, 1995), la microscopie aurait permis au XVIIe siècle de se libérer de la surface pour pénétrer à l’intérieur de la matière. Fournier a aussi montré comment, avec le microscope, on découvre que même la plus petite unité de matière est constituée d’un nombre infini de fibres et de vaisseaux. On cherchera ainsi à repérer ce motif de l’approfondissement de la matière vivante et de l’évocation de son épaisseur tangible et de sa consistance.
Mais on s’intéressera aussi à la manière dont la surface n’est pas pour autant évacuée par les observateurs qui, avec ou sans microscope, rendent compte de la géométrie ou de la symétrie des formes animales minuscules dont les ailes du papillon sont paradigmatiques).
b) Les couleurs du vivant[11]
Si l’expérience esthétique inédite de la variété et surtout de la beauté des couleurs des peaux, ailes et autres surfaces se généralise à l’époque moderne, elle participe à l’invention de la pensée et du lexique de la couleur qui s’impose dans la culture visuelle de la seconde moitié du XVIIe siècle, processus au sein duquel la littérature joue un rôle important[12]. On s’intéressera :
- à l’expression de la beauté paradoxale des insectes ;
- à la place de la description de l’apparence des insectes dans ce processus et à l’évocation de leurs couleurs (lexique, métaphore de la teinture – on pense ainsi aux vers à soie comparés à des cardeurs ou à des teinturiers) ;
- à la manière dont les observateurs en relèvent la gageure en interrogeant les mérites comparés du texte et de l’illustration ;
- aux procédés qu’ils empruntent aux techniques picturales de leur époque ;
- Une approche plus iconographique pourra aussi s’arrêter sur les illustrations des naturalistes, et interroger les effets du noir et du blanc par rapport par exemple aux illustrations colorées de Merian.
- aux théories de la couleur qui, dans une perspective de philosophie naturelle, émergent dans les textes : si certains y cherchent une loi qui serait le principe d’une réalité géométrique, d’autres, comme Bétoulaud et le cercle de Madeleine de Scudéry, proposent une théorie « environnementale » de la couleur des papillons qui, de manière assez inédite, ne dissocie plus les insectes des plantes dont ils se nourrissent.
- De manière délibérément anachronique, on pourra se demander si le XVIIe siècle, loin de la mathématisation du vivant dont on l’a souvent accusé, n’aurait pas eu au contraire l’intuition du plaisir gratuit de la beauté animale théorisé par A. Portmann.
c) Paysage sonore : les bruits des insectes [13]
Les recherches récentes des entomologistes ont mis en évidence, notamment grâce à des techniques sophistiquées de mesure acoustique, l’univers sonore des insectes, pourtant peu perceptibles à nos oreilles humaines. C’était déjà le rêve de Power, imaginant, après l’invention du microscope, celle d’un amplificateur des sons des insectes, l’otacousticon[14]. Mais, à l’oreille nue, on entendait déjà certains bruits d’insectes, et Swammerdam soulignait pour sa part le large répertoire du bruissement des vivants minuscules. Ils relèvent de la culture auditive de l’époque dans la mesure où ces bourdonnements sont jugés harmonieux (grillon, abeille) et identifiés à un chant et à de la musique et, dans cette perspective, peuvent faire signe vers l’univers de la pastorale et du locus amoenus : ainsi du « ramage des abeilles » qui, chez P. Le Moyne, participe aux « délices innocents de la campagne ». Au contraire, ils sont considérés comme peu agréables (mouche, cousin, cigale).
On s’intéressera ainsi à la manière dont les insectes chanteurs participent à la création d’un paysage sonore euphorique ou dysphorique.
D. Mise en récit des insectes et comportements animaux
Le microscope donne à voir une réalité inédite : la vie animée des insectes. Peiresc décrit ainsi, fasciné, les mouvements et les batailles des insectes observés au microscope tandis que Hooke, l’un des premiers, évite la dissection pour donner à voir un insecte pris sur le vif à la fois dans ses observations mais aussi dans ses illustrations[15]. Mais ce motif (la vie animée des insectes) était déjà un aspect important des manuels d’apiculture et de sériculture) : les familiers des insectes, comme l’apiculteur[16] rendent compte de comportements observés à l’œil nu, témoignage d’une connaissance intime de la signification de ces comportements singuliers et collectifs. On s’intéressera donc :
- à la mise en récit de ce qui apparaît comme un « comportement »[17] à une époque où s’impose une approche plus mécaniste du vivant ;
- à l’attention au lien entre l’insecte et son milieu de vie : si Merian est sans doute la première à avoir mis en évidence de manière systématique la relation écosystémique entre les lépidoptères et leurs plantes de prédilection, d’autres naturalistes soupçonnaient déjà l’importance de l’environnement des insectes, notamment les éleveurs d’abeille et de vers à soie.
- à la manière dont sont abordées et décrites la génération, la vie et la mort des insectes. On pourra aborder ce point en étudiant les interprétations allégoriques qui sont faites des insectes par les auteurs chrétiens (on pense à l’éphémère notamment), mais aussi les légendes sur leur alimentation, sur les mythes autour de leur immortalité, sur le fantasme qui habite Swammerdam de découvrir la vie éternelle en étudiant les métamorphoses des insectes. On pourra aussi s’attacher à la perspective suivante : si, comme l’a montré R. Bertrand[18], les connaissances biologiques se sont faites à partir de la mort du vivant, on s’intéressera à la manière dont est décrite la pratique des observateurs/naturalistes du XVIIe siècle, selon qu’ils font mourir ou souffrir leurs sujets d’observation : si Hooke préfère les garder en vie, Godaert en a fait mourir beaucoup d’insectes en les privant de nourriture, tandis que Swammerdam coupe les ailes d’un papillon afin de prouver qu’elles n'ont d’autre utilité que l’ornement.
- Swammerdam le premier a mis en évidence les métamorphoses, transformations et changements d’état dans un vocabulaire du graduel et de la transition (le sous-titre du livre, « insensiblement ») qui renouvelle la pensée et le récit de la métamorphose d’un être à la fois un et multiple. On s’intéressera donc à la mise en récit des métamorphoses et des « changements étranges qui leur arrivent »
- On s’intéressera aussi à l’écriture de la temporalité spécifique de la vie des insectes, qu’il s’agisse de celle des métamorphoses, tendue entre lenteur insensible et vitesse surprenante, ou des changements d’échelle et des effets de décentrement quand on prend la mesure de la durée de vie des insectes, comme le suggère cette plaisanterie de naturaliste, selon laquelle un pou peut devenir bisayeul en 24H.
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Les propositions d’articles, ainsi qu’une courte bio-bibliographie, devront être envoyées avant le 15 décembre 2025 aux deux adresses suivantes : avolpilhac@univ-catholyon.fr et allan.bernon.mabboux@univ-st-etienne.fr
Les articles retenus, de 30 à 40 000 signes espaces compris, seront à rendre au plus tard le 30 janvier 2027.
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BIBLIOGRAPHIE
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- Philippe Hamou, La Mutation du visible. Essai sur la portée épistémologique des instruments d’optique au xviie siècle, volume 1, Du Sidereus Nuncius de Galilée à la Dioptrique cartésienne, Presses universitaires du Septentrion, 1999 ; volume 2, Microscopes et télescopes en Angleterre de Bacon à Hooke, 2001.
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- Frédérique Aït-Touati, « La fourmi enivrée au brandy : anecdote, observation et expérience au XVIIe siècle », Histoires et Savoirs. Anecdotes scientifiques et sérendipité aux XVIe et XVIIe siècles, F. Aït-Touati et Anne Duprat (dir.), Bern, Peter Lang , 2012, p. 131-144.
- et Stephen Gaukroger « Représenter l’invisible. Philosophie naturelle et visualisation chez Robert Hooke », Le Monde en images. Voir, représenter, savoir, de Descartes à Leibniz, p. 65-90.
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- Lorraine Daston and Katharine Park, Wonders and the Order of Nature, 1150-1750, New York, Zone Books, 2001.
NOTES
[1] Kirkpatrick Sale, Dwellers in the Land, 1985, L’Art d’habiter la Terre. La vision biorégionale, traduction de l’anglais (américain) par Mathias Rollet et Alice Weil, avant-propos de Mathias Rollot, postface de Sébastien Marot, Wildproject, 2020.
[2] Philippe Hamou, La Mutation du visible. Essai sur la portée épistémologique des instruments d’optique au XVIIe siècle, volume 1, Du Sidereus Nuncius de Galilée à la Dioptrique cartésienne, Presses universitaires du Septentrion, 1999.
[3] P. Hamou corrige ainsi l’idée que l’instrument optique aurait été inventé pour observer un monde inconnu en précisant qu’il s’agit plutôt d’une invention fortuite qui amène à découvrir un monde inconnu.
[4] Ces critères de classification de la taxinomie contemporaine ne sont toujours pas figés : en effet, les recherches récentes en phylogénie (l’évolution et les relations génétiques entre insectes) ont mis en évidence des rapprochements entre des insectes qui appartenaient à des classes différentes auparavant : ainsi de la puce, qui a récemment changé de classe.
[5] Voir P. Hamou, Frédérique Aït-Touati et Stephen Gaukroger « Représenter l’invisible. Philosophie naturelle et visualisation chez Robert Hooke », Le Monde en images. Voir, représenter, savoir, de Descartes à Leibniz, p. 65-90.
[6] Frédérique Aït-Touati et Stephen Gaukroger « Représenter l’invisible. Philosophie naturelle et visualisation chez Robert Hooke », op. cit.
[7] Étienne Souriau, Les Différents modes d’existence. Suivi de Du mode d’existence de l’œuvre à faire, Paris, PUF, 2009.
[8] Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent, Paris, Les Empêcheurs de tourner en rond [2015], La Découverte poche, 2017, p. 16 sq.
[9] David Lapoujade, Les Existences moindres, Paris, Éditions de Minuit, 2017, p. 21.
[10] A. Volpilhac, « « Corps à corps ». Écologie du désir et relations interspécifiques dans Divers insectes (1645) de P. Perrin », Poésie et poétique de l’insecte, A. Montandon et Y. Daniel dir. Paris, H. Champion, 2023.
[11] Jean-Michel Gibert, Les Couleurs du vivant, CNRS éditions, 2024.
[12] Aurélia Gaillard, L’Invention de la couleur par les Lumières, de Newton à Goethe, Paris, Les Belles Lettres, 2024.
[13] Grâce aux progrès techniques récents, les entomologistes ont révélé combien les insectes sont bruyants. L’éco-acoustique accorde également désormais une place importante aux insectes, et nombreux sont les enregistrements d’environnements sonores où dominent parfois les insectes, telle La Selva de Francisco Lopez, https://www.youtube.com/watch?v=NDONvM77jEU
[14] Dominique Brancher, « Dans l’œil du ciron : représenter avec ou sans le microscope », Mise en forme des savoirs à la Renaissance, Isabelle Pantin et al. (dir.), Paris, Armand Colin, 2013, p. 177-204.
[15] Frédérique Aït-Touati et et Stephen Gaukroger « Représenter l’invisible. Philosophie naturelle et visualisation chez Robert Hooke », op. cit.
[16] Les Insectes et la musique, A. Montandon et Benjamin Lassauzet dir., Paris, Hermann, 2022 ; La Musique et les animaux dans la pensée antique, A. Arbo et Agnès Molinier Arbo, Paris, Classiques Garnier, 2025.
[17] Florence Burgat dir., Penser le comportement animal. Contribution à une critique du réductionnisme, Paris, Éditions de la maison des sciences de l’homme, Versailles, Éditions Quae, 2010.
[18] Romain Bertrand, Le Détail du monde. L’art perdu de la description de la nature, Paris, Seuil, 2019.