
Alice a eu trois vies sous la plume de Lewis Carroll. Ses premières aventures sont souterraines, confiées par l’auteur à un manuscrit (enluminé par lui-même) qu’il adressera en cadeau de Noël à l’enfant-chérie, Alice Liddell, en 1864. Un an plus tard, curieuse et réfléchie, gourmande de gâteaux et de conversations, Alice affirme au grand jour un scepticisme tempéré dans le récit d’un rêve cruel de rencontres merveilleuses où elle ne cesse de changer désespérément de taille. Triomphante, enfin, en 1871, elle traverse un miroir enchanté pour s’assurer sur un échiquier de fantaisie un trône de Reine. John Tenniel a donné aux membres de ces cours loufoques des traits inoubliables. Carroll, de son côté, après s’être amusé avec Alice à écouter des leçons de morale absurdes et des poèmes farfelus, s’est lancé seul, en 1876, à bord d’une nef des fous victorienne où l’on s’exprime en vers rimés, dans une chasse au Snark – créature indéfinissable, fabuleuse et fatale, que l’on poursuit, un dé à coudre au doigt et l’espoir au cœur. Un volume de la Bibliothèque de la Pléiade réunit l'ensemble en reproduisant les illustrations des éditions originales et, en fac-similé, le manuscrit calligraphié et illustré par Carroll d’Alice sous terre.