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Lorsque l'enfant n'en finit pas de paraître (et de disparaître) (revue Cultural Express)

Lorsque l'enfant n'en finit pas de paraître (et de disparaître) (revue Cultural Express)

Publié le par Marc Escola (Source : Marie-Hélène INGLIN-ROUTISSEAU)

Appel à contributions

Lorsque l’enfant n’en finit pas de paraître (et de disparaître)

Revue Cultural Express

Direction Marie-Hélène INGLIN-ROUTISSEAU

Date de tombée (deadline) : 31 janvier 2026

« Et si cette image que nous nous faisons de l’enfant n’était qu’une illusion ? Peut-être se dissimule-t-il, peut-être souffre-t-il en secret ? » C’est ainsi que le pédagogue et pédiatre, Janusz Korczak, questionne en 1929 ce que l’enfant comporte d’inconnaissable, un inconnaissable, qu’il aborde en problématisant une violence produite par des rapports de domination. Héritier de la tradition humaniste, Korczak se situe dans la filiation intellectuelle de Montaigne pour qui le précepteur doit condescendre vers l’enfant, et non l’élever jusqu’à lui, préférant au fond le faire « trotter devant luy pour juger de son train », c’est-à-dire quitter sa fonction de maître pour endosser celle de disciple afin de mieux l’instruire. 

Les souffrances de l’enfance, leur servitude et leurs châtiments, Korczak les énonce par la prosopopée d’une parole enfantine scandaleusement absente de l’espace public : « Les adultes ne savent pas, se plaignent-ils, combien les enfants souffrent des grands et des forts. Pas de lois pour nous protéger, pas de justice. Nous vivons parmi des êtres préhistoriques. Les uns attaquent, les autres fuient et se cachent. Nous sommes la classe opprimée, que vous maintenez en vie au prix du moindre effort ! » [1] S’il rêve d’une enfance heureuse, d’une éducation qui privilégierait le dialogue, admettrait le droit à l’erreur, éviterait les punitions corporelles et respecterait la propriété de l’enfant, Korczak considère que pour devenir un adulte authentique, il faut d’abord avoir été un enfant authentique, postulant au fond que l’enfant serait l’avenir de l’homme. Avec Korczak, s’aplanissent donc les rapports de domination enfant/adulte. Changement de paradigme qui modifie la distribution verticale des places au profit d’une horizontalité plus respectueuse et surtout moins cruelle. 

La pensée de Korczak fera de lui l’inspirateur de la Déclaration de Genève adoptée par la Société des Nations en 1924, avant la Déclaration des Droits de l’enfant votée par l’O.N.U. en 1959. Le « droit de l’enfant au respect » qu’il appelle de ses vœux, est énoncé dans le principe 2 de la Déclaration par une reconnaissance de l'intérêt supérieur de l'enfant comme considération déterminante pour se développer « d'une façon saine et normale sur le plan physique, intellectuel, moral, spirituel et social, dans des conditions de liberté et de dignité ». Pour autant, il faut attendre 1989 pour que l’enfant devienne un sujet de droit dans le premier texte juridiquement contraignant, la Convention relative aux droits de l’enfant.

Si Janusz Korczak se trouve donc au centre d’une histoire culturelle qui institue un enfant-sujet avant d’instituer un enfant de droit, l’évolution du statut de l’enfant s’inscrit dans un courant de pensée beaucoup plus large. L’Allemand, William Preyer, fondateur de la psychologie de l’enfant (1890), Ferdinand Buisson, initiateur d’une pédagogie scientifique ou Alfred Binet, précurseur d’une psychologie appliquée à l’éducation, sont tous animés de ce même désir de respecter les stades du développement de l’enfant et de prendre en compte la spontanéité enfantine. Cette approche psychopédagogique est indissociable de la théorie freudienne, plus particulièrement de celle de Mélanie Klein, qui identifie dès 1932, avec les différentes étapes des processus psychiques infantiles, la mobilité d’un être en devenir. L’apparition de ces disciplines s’accompagne en outre de l’émergence d’un discours valorisant la lecture des enfants en tant qu’activité pédagogique formatrice.

A l’émergence de ce « pédocentrisme » succède, après la seconde guerre, une autre prise de conscience. L’enfant est une personne vulnérable, qui a souffert des privations et de la violence de la guerre. Des psychologues identifient alors des traumas infligés par un environnement social destructeur. L’indiscipline, des tendances revendicatrices, l’augmentation de la délinquance en sont les symptômes. Ce contexte amène les parlementaires à voter en 1949 une loi ayant pour vocation de protéger les mineurs de « […] l'influence pernicieuse du cinéma et de la presse »[2]. Le texte vise à proscrire ce qui présente « sous un jour favorable le banditisme, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l’enfance ou la jeunesse ». La loi repose sur un double présupposé : puisque l’enfant peut souffrir par la culture, il doit être protégé de ses effets néfastes ; les mauvais comportements de la jeunesse sont attribués à ses pratiques culturelles.

Le fait que l’enfant soit pensé comme une personne psychiquement et socialement vulnérable l’inscrit dans un champ socioculturel au sein duquel la préservation mais aussi le développement du capital culturel, prévalent. Pendant les Trente Glorieuses, les jouets, les jeux, les livres, l’acquisition du langage par la lecture se développent au sein d’un marché dominé par une recherche tant technologique que psychopédagogique. Cette intrication de la culture avec la consommation de masse et les évolutions technologiques rencontre d’emblée de vives critiques. En 1961, la féministe, Christiane Rochefort, alerte sur les risques que font courir aux enfants leur insertion dans une société qui vise la rentabilité. Dans un manifeste qui souligne leur [les enfants] expropriation du corps et de l’esprit, elle dénonce le fait que « la littérature pour (?) enfants est soigneusement contrôlée, en même temps les images incitant à la violence sont laissées tout à fait à leur portée, ce n'est donc pas l'effet d'un hasard. Au premier rang des armes de persuasion, les jouets […] »[3] Elle accuse notamment l’éducation sexuelle de participer d’un système de répression de la jouissance entièrement tournée vers la reproduction, la libération sexuelle participant au fond de la création d’un nouveau marché. En somme, l’enfant, et sa sexualité, se trouve placé au centre d’une culture de la rentabilité, qui suppose que l’individu accepte la réglementation culturelle de ses besoins instinctuels particulièrement dans le domaine de la sexualité.  

Alors que L’École des parentsc omposée du fondateur de la psychiatrie infantile, Georges Heuyer, et d’une équipe de psychanalystes, Françoise Dolto-Marette, Cyrille Koupernik, Georges Mauco et René Zazzo, s’emploie, dès 1948, à transmettre aux parents un savoir sur la sexualité et l’inconscient infantiles, la loi portant création d'un Conseil supérieur de l'information sexuelle, de la régulation des naissances et de l'éducation familiale, vise à réglementer en 1973 une sexualité a priori problématique [4]. D’essence douteuse, la sexualité des jeunes devra trouver une solution dans la morale hygiéniste appliquée au corps sexué. 

Force est de constater qu’au début des années 1970, l’enfant est l’objet d’injonctions aussi diverses que contradictoires qui déconcertent tout savoir sur l’enfant lui-même. En 1979, le psychanalyste, J.B. Pontalis, s'en alarme : « il n’est pas un comportement concernant de près ou de loin l’enfant qui n’ait maintenant ses prescriptions »[5]. Des controverses sur ce qu’il convient ou non de lui faire (éducation autoritaire/permissive, fréquence de l’allaitement, commencer ou non l’apprentissage de la lecture à 5 ans, etc.), des débats qui ne cessent d’évoluer quant à leurs préoccupations et qui semblent faire de la société entière « une puéricultrice », agitent la sphère psychopédagogique, la philosophie et la littérature. Michel Foucault (1978) envisage qu’un enfant puisse être le sujet consentant de son désir pour un adulte. Michel Tournier estime que « de tous les corps du délit, le corps de l’enfant est le plus charmant. L’enfant est l’objet privilégié du sadisme et de la nécrophilie. Mais il est aussi mémoire et espoir, car demain peut-être, devenu fort, il se vengera » [6]. Oscillant entre pédophilie, sadisme et sacralisation, le corps de l’enfant voué à la domination et à la dépendance, pénètre progressivement dans l’imaginaire érotique adulte. 

Durant cette période, Pierre Bourdieu observe combien « la représentation de l’enfance et de la prime éducation » est en concordance parfaite avec « sa [la morale hygiéniste du corps sexué] vision de la sexualité. » Une telle éducation soumet l’enfant à une éthique de l’affect, rigoureuse. Prévaut, écrit-il, une « conception puritaine de la nature enfantine » comme siège de pulsions dangereuses qui conduirait « à concevoir l’éducation comme un dressage et la pédagogie comme un ensemble de techniques permettant de dominer l’enfant en même temps que dompter les mauvais instincts qui sont en lui » [7]. 

L’infans, celui qui ne parle pas mais celui dont on parle, celui qui est parlé plus qu’il ne parle, a tout d’un sujet vide qu’il s’agit de remplir, remplissage d’autant plus aisé que sa plasticité, son adaptabilité qui le charge des idéaux parentaux et des règles sociales introjectées, facilitent son instruction. Alors que s’élabore, dans les années 70, une anti-culture et que se développe une « humeur anti-institutionnelle »[8] essayant de se soustraire à tout classement, le psychanalyste André Green met en garde les instructeurs en leur rappelant que l’enfant est le résultat d’une construction psychosociale : « Délivrer l’enfant de la responsabilité de la fiction, c’est cesser de le rendre responsable de tous nos malheurs comme de le charger de la fiction qui est en nous » [9].

Tandis que l’on rêve d’un « nourrisson savant » ou d’un enfant-modèle, les institutions éducatives - la famille et l’école - s’épuisent. Le déclin du rôle de l’instituteur suggère que ce n’est plus l’adulte qui institue mais l’enfant qui institue ses parents. La séparation enfant/adulte au principe de toute éducation, s’estompe. Voici donc l’enfant, ce sauvage, qui devait être dressé, dompté, civilisé pour devenir citoyen et adulte, cet enfant qu’on voulait libérer de l’école, de la famille et de la psychiatrie, le voici désormais sans famille si ce n’est sans parents, le voici rétif à toute instruction. Nouveau changement de paradigme, révolution symbolique, qui bouleverse profondément les structures cognitives et sociales. 

Dès lors, l’enfant devient un enfant-problème [10] pour ne pas dire un enfant à problèmes. La panique morale qui se développe au Royaume-Uni, ainsi qu’aux Etats-Unis, puis en France au sujet des prédateurs sexuels et des enlèvements d’enfant, le chargent de nouvelles inquiétudes. Une politique de la vulnérabilité se développe : on reconnaît que l’enfant puisse être victime de pédophiles mais on découvre aussi que sa parole est sujette à caution (procès d’Outreau).  En 1993, l’assassinat de James Bulger, à Manchester, un enfant de deux ans, torturé à mort par deux enfants de 10 ans, est interprété comme un crime suffisamment monstrueux pour que ces criminels décrits par la presse comme « diaboliques », soient jugés devant la Crown Court en tant qu’adultes pénalement responsables, désacralisant ainsi toute idée d’enfance innocente. 

Durant cette même période, des psychologues et des psychiatres[11] décrivent en France l’apparition de nouveaux symptômes : recrudescence des bébés pleureurs ; recherche inextinguible de l’excitation ; corps turbulent, qui incarne l’impasse psychique que crée une société aveugle aux conflits ; érotisation précoce des corps, prolifération de la violence, désagrégation des limites posées par l’environnement, impossibilité pour l’enfant de devenir le sujet de sa propre histoire, imitation par les enfants de la violence véhiculée dans les média, appréhension de la réalité, autosatisfaction des besoins en chambre, compréhension littérale des messages écrits. L’apparition de ces symptômes est attribuée à plusieurs effondrements institutionnels : défaillance des parents dont la demande d’amour écrase les enfants d’angoisse ou parents inexistants ; institution scolaire inapte à maintenir une neutralité structurante propice à la diffusion d’un savoir impersonnel et universel ; demande faite aux maîtres de manifester et de recevoir des préoccupations affectives brouillant toute transmission. Le bilan des psychanalystes, Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun, est plus radical encore : débarrassé du père, surprotégé par la mère, l’enfant est un sujet auto-institué, une personne qui s’auto-détermine, un être qui défie l’autorité et refuse de grandir. 

L’inversion des places enfant/adulte déjà analysée par la psychanalyste Alice Miller (1983), la remise en question du lourd fardeau de la filiation décrite par Pierre Legendre (1985) inscrivent, par ailleurs, l’enfant dans une configuration nouvelle. La dissymétrie des places qui fonde l’ordre généalogique et garantit à l’enfant sa place, vole en éclat. Son statut généalogique compromis par avance le détache de tout ancrage. L’enfant est seul. Il prend en charge ses parents. Il erre, désocialisé, dans un monde pathologiquement violent. 

En outre, la création par la technoscience de bébés sur mesure (designer babies), la possibilité pour l’enfant de choisir son sexe, le fait que l’enfant autrefois préservé de la sexualité par des interdits de représentation socialement partagés, grandisse dans une société en proie à la pornification ont opéré une mutation si profonde qu’il paraît devenu pratiquement impossible de protéger l’enfant de ces transformations. 

Les productions pour/sur la jeunesse rendent compte – quand elles ne les précèdent pas - des évolutions psychosociales à l’œuvre. L’enfant-roi illustré par Korczak dans Le roi Mathias 1er (1928), l’enfant-dictateur dont le Jack du Seigneur des mouches (1954) est le parangon, celui de l’adulenfant dans La révolte des coloriés (Alexandre Jardin, 2002), l’insurrection de l’enfance contre un monde adulte jugé autoritaire ou tyrannique (Alice, Zazie et Matilda) ou l’élève refusant d’aller à l’école, en sont les figures les plus fréquentes. L’imaginaire d’un monde sans adultes (Henry Winterfeld, Timpetill, 1937 ; William Golding, Le seigneur des mouches, 1954), la pédocratie qui germe sur le terreau d’une enfance privée de parents mais aussi sur l’absence d’un signe intelligible communiqué par les adultes aux enfants, la violence sociale au sein de l’institution scolaire (Robert Cormier, La guerre des chocolats, 1974), la transgression généralisée des limites, en sont les topoï. La représentation d’un corps enfantin dépassé par la pulsion, l’enfance turbulente d’un corps maîtrisant la pulsion, si ce n’est d’un corps discrètement érotisé ou sexualisé, le sont également. Cet imaginaire culturel, plus ou moins transgressif, oscille invariablement entre prescriptions, proscriptions et rébellions libératrices. 

Outre le fait que la représentation culturelle de l’enfant évolue, la posture de l’auteur qui s’adresse à lui, se déplace également. A l’idée qu’un écrivain écrirait pour ses propres enfants une aventure exemplaire, succèdent ainsi à partir des années 50, des intentions sous-tendues par la théorie de la réception et la sectorisation croissante du marché de l’édition. L’auteur écrit désormais pour une tranche d’âge spécifique, il s’adresse au jeune lecteur en mobilisant ce qu’il suppose être l’existence affective et émotionnelle de celui-ci. Au tournant du XXIème siècle, le discours de l’altérité (qui différencie les places dans l’ordre des générations enfant/adulte) est progressivement remplacé par un discours de l’ipséité (qui ne les différencie pas mais prétend qu’elles sont identiques).

Ce numéro de la revue Cultural Express, résolument interdisciplinaire, invite chercheurs et doctorants d’histoire, de psychologie et de sociologie, d’études culturelles et de sciences de l’éducation, de philosophie et de littérature, à examiner dans quelle mesure les productions pour/sur la jeunesse de ces vingt-cinq dernières années, rendent compte de la mutation des rapports de domination enfant/adulte, de leur inversion si ce n’est de leur disparition. Il s’agira d’envisager comment ces relations sont élaborées à partir d’impensés culturels normatifs socialement intégrés, comment ces relations chargent l’enfant de la fiction qui est en nous. 

Plusieurs axes sont envisageables :

Postulant que l’enfant est un sujet à « haut risque », qu’il faut et protéger et instruire, on pourra examiner quels motifs menaçants, réconfortants ou protecteurs, sont prioritairement abordés. 

On pourra étudier comment les rapports de domination enfant/adulte sont orchestrés : dichotomie de la victime et du bourreau ; adultisme qui postule l’infériorité naturelle des enfants en distillant une subtile pédophobie ; triomphe ou peur de l’enfant-roi si ce n’est d’un enfant-Dieu, omnipotent mais désacralisé ; assujettissement du corps de l’enfant, des activités de l’enfant, à un nouvel ordre social ; néo-puritanisme qui prêche le contrôle des corps mais redoute la violence des mineurs ; contrôle de l’hyperexcitabilité produite par une communication numérique illimitée ; nouvelle révolution sexuelle qui préconise l’asexualité ou qui refuse l’assignation sexuée. 

On pourra étudier quelle langue lui est adressée, comment les adultes le font parler.

Il pourrait être judicieux d’examiner s’il existe des représentations socioculturelles des phénomènes décrits plus haut : enfant à problèmes, psychiquement perturbé ; enfants vivant dans des familles monoparentales ; enfant sous emprise des prédateurs, des médias et des réseaux sociaux ; enfant que la consommation consume ; enfant révolté ; enfant programmé par la technoscience ; enfant sexué, asexué ou transitionneur ; mythe d’un enfant qui, pareil à celui de Peter Pan, refuse de grandir. 

L’enfant est-il pensé comme un insoumis, un sauvage qu’il faudrait civiliser ou bien, dans un renversement inattendu, est-il devenu le maître de ses maîtres, le parent de parents eux-mêmes infantilisés, le séducteur d’adultes démunis si ce n’est l’enfant séduit par des adultes pervers ? Est-il en butte à des phénomènes régressifs (violence sexuelle entre enfants, criminalité en ligne) ? Est-il victime d’un processus de dé-civilisation dont il serait le bouc émissaire (charge financière ; objet non désiré) ? 

Il serait intéressant d’étudier si les politiques publiques qui le concernent, s’inscrivent dans des schèmes socioculturels préexistants ou bien si elles prétendent s’en départir pour les transformer. Privilégient-elles la prévention des risques par la mise en place des stratégies d’évitement ou bien optent-elles pour la gestion des affects ?  Sont-elles en mesure d’édicter des interdits, capables de protéger l’enfant de la pornification de l’espace social ? Posent-elles des règles qui effacent les rapports de domination ou qui les renforcent ?

Il pourra être en outre judicieux de considérer s’il existe actuellement une figure d’enfant déliée de toute fiction psychosociale, des univers fictionnels qui, à l’instar de ceux de Lewis Carroll ou de Marcel Proust, abordent la subjectivité infantile dans son innocence et son ingénuité première. 

On pourra finalement se demander si la rêverie d’enfant connaît dans la solitude, une rêverie d’essor, s’il est encore possible d’identifier, comme l’écrivait Gaston Bachelard, une « enfance cosmique » ? Secret, insaisissable, métamorphique, on se demandera en somme si l’enfant est un objet culturel ordinaire ?

Calendrier et nombre de signes

Les propositions d’articles seront à rendre au plus tard le 30 janvier 2026 à l’adresse suivante : mhinglin@proton.me. Les articles seront mis aux normes de la revue. Leur longueur peut varier de 25000 à 40000 signes (notes et espaces compris).

Bibliographie indicative

Eric Alary, Histoire des enfants, des années 1890 à nos jours, Paris, Passés composés, 2022.

Feona Attwood, Porn.com. Making sense of online pornography, New-York, Peter lang, 2010.

Gaston Bachelard, Poétique de la rêverie, Paris, Presses universitaires de France, 1960.

Pierre Bourdieu, La distinction, critique sociale du jugement, Paris, Les Editions de Minuit, 1979.

Anne-Marie Chartier, Jean Hébrard, Discours sur la lecture, Paris, Arthème Fayard, 2000.

Michel Foucault, La loi sur la pudeur, émission radiophonique du 4 avril 1978.

Jean-Pierre Lebrun, Je préfèrerais ne pas, Toulouse, Erès, 2022.

Pierre Legendre, Leçon IV, l'inestimable objet de la transmission, Paris, Fayard, 1985.

Simone Marcus Jeisler, « Réponse à l’enquête sur les effets psychologiques de la guerre sur les enfants et les jeunes gens en France», Revue de la sauvegarde, n°8, pp. 3-24, 1947.

Herbert Marcuse, Eros et civilisation, Paris, Les Editions de Minuit, 1963.

Charles Melman, L’homme sans gravité, Paris, Denoël, 2002.

Alice Miller, Le drame de l’enfant doué, Paris, Presses universitaires de France, 1983.

J.-B. Pontalis, L'enfant, Paris, Gallimard (1979), Folio n°378, 2001.

William Preyer, L’âme de l’enfant (Die Seele des Kindes), Leipzig, L. Fernau, 1890.

Philip E. Veerman, The rights of the child and the changing image of childhood, Dordrecht ; Boston ; London, Martin Nijhoff, 1992.

« L’enfant-problème », Le débat, n°132, Paris, Gallimard, 2004.

Isabelle Cani, Nelly Chabrol-Gagne, Catherine d’Humières (dir.), Devenir adulte et rester enfant ? Relire les productions pour la jeunesse, Clermont-Ferrand, Presses de l'Université Blaise Pascal, 2008.

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[1] Cité par Paul Lidsky dans “L’enfant et la société : le roi Mathias 1er de Janusz Korczak », La revue des livres pour enfants, 1972, n°29, pp.17-23.
[2] Paulette Charbonnel, « Comment a été votée la loi du 16 juillet 1949 », in Enfance, tome 6, n°5, 1953. pp. 433-437.
[3] Christiane Rochefort, Les enfants d’abord, Paris, Grasset et Fasquelle, 1976, pp.76-77. 
[4] Cette loi votée en 1973, placée sous la tutelle du ministère de la santé publique, affirme la responsabilité de la nation face aux « problèmes de la vie ».
[5] J.-B. Pontalis, L'enfant, Paris, Gallimard (1979), Folio n°378, 2001, p.8.
[6] Michel Tournier, Arthur Tress (photographies), Rêves, Bruxelles, Editions complexes,1979, p.42.
[7] Pierre Bourdieu, La distinction, Paris, Les Editions de Minuit, 1979, p.426-427.
[8] Pierre Bourdieu, Ibidem, p.426.
[9] André Green, in L’enfant, Ib., p.62.
[10] « L’enfant-problème », Le débat, n°132, Paris, Gallimard, 2004.
[11] Ib.