Agenda
Événements & colloques
Récits policiers France-Japon fin XIXe – début XXe : transferts, hybridations, innovations (univ. Paris Cité)

Récits policiers France-Japon fin XIXe – début XXe : transferts, hybridations, innovations (univ. Paris Cité)

Publié le par Léo Mesguich (Source : Gérald Peloux)

Cette journée d’études se donne pour objectif de revenir sur le moment d’émergence du genre policier à la fin du 19e et au début du 20e siècle en France et au Japon. Elle fait suite à une première journée qui portait plus spécifiquement sur les relations entre critique et fiction policière entre France et Japon (2023). Une telle approche prend sens dans le contexte de recherches actuelles qui inscrivent l’histoire du « genre » sur l’horizon de la littérature mais aussi de l’histoire culturelle, politique et médiatique. Il s’agit de rendre compte de la multiplicité des modalités de mise en fiction du paradigme indiciaire et des enjeux qu’elles recouvrent dans le contexte de la littérature policière. La recherche récente tend à nuancer le regard porté sur un genre longtemps considéré comme intrinsèquement associé à la seule modernité occidentale de la fin du 19e siècle : si la France et le monde anglo-saxon jouent un rôle essentiel dans le processus d’émergence de la fiction policière, d’autres États-nations usent précocement du motif narratif de l’enquête, et les dynamiques de transfert et d’hybridation se mettent en place dès la fin du 19e siècle. Le texte policier occidental, largement associé à un imaginaire urbain et à des personnages, fictifs ou non, tels que Vidocq, Dupin, Lecoq ou Holmes, fait très tôt l’objet de multiples dynamiques d’appropriation et d’acculturation. Ainsi le Japon fournit-il l’exemple d’un pays qui convoque le roman policier dès la fin du 19e siècle en reprenant - via les adaptations - des motifs et des schèmes narratifs occidentaux tout en les investissant de manière spécifique. Cette hybridation culturelle à l’œuvre au Japon s’enrichit aussi de certains modèles chinois plus anciens. Si la France use du genre moins comme d’une forme figée que comme d’un laboratoire de possibles narratifs, le Japon fait de même, en empruntant des schèmes et des motifs liés à l’Occident, mais en les transformant et en explorant des voies parallèles.

C’est cette richesse formelle que cette journée d’études portant sur les cas français et japonais propose de mettre au jour, au-delà d’approches associant généralement les récits policiers émergents à des formes placées de manière univoque sous le signe du stéréotype et du rapport au « populaire ». Ainsi posons-nous l’hypothèse que cette mise en miroir permet de révéler des problématiques de cristallisation générique, de légitimation littéraire, d’appropriation culturelle et d’appréhension des formes médiatiques généralement associées au texte policier émergent.  

Programme :

10h      PANEL : A propos de Muzan (Horrible !, 1889) de Kuroiwa Ruikô, ou le premier récit policier au Japon (avec la contribution de Philippe Jordy, traducteur)

10h30  Marc Vervel, Université Paris Cité/CERILAC, « "Cherchez la femme" - effets de circulation d’un énoncé à valeur de promesse romanesque dans le récit d’enquête du 19e siècle de Dumas à Ruikô »

11h30 Cécile Sakai, Université Paris Cité/CRCAO, « Du Boisgobey et Gaboriau au Japon : les premières adaptations de Kuroiwa Ruikô, 1889-1900 »

(12h30  pause-déjeuner)

13h 30 Alice Jacquelin, directrice de la BILIPO, « Construction du genre policier par la critique de presse (France, 1860-1890) » (annulé)

14h30  Iwamatsu Masahiro, Université Kwansei Gakuin, « Le rakugo durant l’ère Meiji : art de la parole et récit policier »

15h30 Gérald Peloux, INALCO/IFRAE, « 1912 : quand Zigomar/Jigoma et ses avatars locaux submergent l’édition japonaise »

16h30  Conclusions et clôture de la journée