
Le Centenaire de Gilles Deleuze est marquée par la parution de deux séries de cours restés inédits, dans un texte établi par David Lapoujade : Sur l'appareil d'État et la machine de guerre, issu du cours consacré, de novembre 1979 à mars 1980, peu avant la destruction de l’université de Vincennes, à l’une des questions centrales de Mille plateaux qui traverse aussi bien la philosophie politique que l’anthropologie et l’archéologie : le mystère de l’origine de l’État. Comment se sont constitués ces lointains empires archaïques créateurs d’une nouvelle organisation politique et sociale ? Comment ont-ils réussi à s’emparer des territoires communaux, à transformer l’activité des hommes en « travail » et à les soumettre à un impôt, bref à capturer la terre, le travail et l’argent ? Et par quels mécanismes cet "appareil de capture" s’est-il ensuite transformé pour devenir aujourd’hui l’indispensable instrument du capitalisme ? Et Sur les lignes de vie, qui réunit les deux dernières séances que Deleuze a dispensées à Vincennes avant le transfert brutal de l’université à Saint-Denis. Elles ont ceci de particulier que Deleuze s’y propose de revenir sur le parcours qui a conduit de L’Anti-Œdipe à Mille plateaux. Le motif qui anime cette brève traversée est celui des lignes de vie. Le philosophe montre comment nos vies se distribuent à travers différentes lignes : lignes dures qui nous segmentent, lignes souples traversées de grandes cassures et de petites fêlures qui nous transforment, lignes de fuite créatrices qui intensifient nos existences ou qui peuvent tourner en lignes d’abolition, comme c’est le cas dans le fascisme. La question est alors : comment favoriser des processus en faveur de la vie ?