
« La littérature québécoise du XXIe siècle : nouvelles tendances, nouvelles voix »
Du 23 au 25 septembre 2026
À l'Université de Göteborg (Suède)
À l’occasion du Salon du livre de Göteborg en 2026, où le Québec sera à l’honneur, un colloque sera organisé par l’Université de Göteborg qui se propose d’interroger l’évolution récente de la littérature de cette province. On partira du constat que font les auteurs dans l’ouvrage Histoire de la littérature québécoise (M. Biron, F. Dumont & E. Nardout-Lafarge, 2007), à savoir qu’au « Québec, [...] la littérature a été, plus qu'ailleurs, un vecteur de l'identité nationale » (p. 629). Au vu de l’évolution du Québec durant les quarante dernières années, on peut se demander dans quelle mesure l’affirmation de Biron et al. est toujours d’actualité.
Deux événements majeurs peuvent avoir bouleversé le cours des choses : les deux référendums sur l’indépendance du Québec, en 1980 et en 1995, qui se sont tous les deux soldés par un échec. Par ailleurs, sur le plan littéraire, les nouvelles tendances indiquent aussi l’ouverture vers de nouvelles voies : dès les années 80, l’émergence d’une littérature produite par des écrivains venus d’ailleurs, d’une littérature féministe, et plus récemment l’apparition d’une littérature autochtone. Au vu de cette diversification la littérature a-t-elle encore un rôle prédominant à jouer au Québec dans la création d’une identité nationale et collective ? Si oui autour de quelles thématiques ? De quelle(s) identité(s) ?
À la lumière de ces réflexions préliminaires, on peut avancer quelques hypothèses et axes de questionnement. Comment la circulation de la littérature québécoise contemporaine est-elle marquée par les spécificités historiques et linguistiques du Québec ? Qu’en est-il, de nos jours, de l’essor de la littérature québécoise ouverte sur le monde, annoncé au début des années 2000 et dont la parution du roman Nikolski (2005) de Nicolas Dickner devait être le symbole ? Au même titre, qu’en est-il de l’élan prometteur qu’ont connu les maisons d’édition québécoises au début du XXIe siècle et qui semblait indiquer une nouvelle dynamique dans le monde littéraire québécois ? Peut-on y observer, au même degré que dans d’autres pays, une fragmentation du marché ? À titre d’exemple, on assiste en France à une communautarisation des circuits d’échange avec pour effet la spécialisation des écrits (littérature féministe, queer, mémorielle, postcoloniale, thérapeutique, etc.) et des acteurs du champ littéraire (maisons d’édition, librairies, revues, festivals) qui transforment la communication littéraire en communion identitaire autour de l’œuvre. Ce phénomène récent, qui modifie en profondeur la circulation littéraire, peut-il être atténué par des forces internes propres au champ littéraire québécois ? Si oui lesquelles ? Comment se présente par ailleurs la traduction d’œuvres littéraires québécoises vers d’autres langues, l’anglais notamment, mais aussi vers des langues dites « mineures » telles que le basque ou le danois et quels sont les mécanismes qui sous-tendent la circulation de la littérature québécoise dans ces circuits non hégémoniques ?
Les contributeurs du colloque sont invités à questionner la relation complexe qui se joue entre société, identité et littérature, tout autant qu’entre œuvre et circuit éditorial. Des contributions portant sur la littérature québécoise sous l’angle des minorités, des migrations, de la langue, de la religion ou encore de l’écologie, pourront s’avérer être un terrain d’enquête fertile. Des contributions ayant un angle éditorial, historique ou sociologique sont tout aussi les bienvenues.
En plus d’apporter un éclairage sur la production littéraire québécoise depuis les années quatre-vingt, ce colloque a pour projet de montrer comment la littérature québécoise, à l’instar d’autres littératures d’ici et d’ailleurs, répond aux enjeux identitaires qui bouleversent en profondeur nos sociétés.
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Références bibliographiques :
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Bélanger, D. (2021). Appelée à comparaître. La littérature dans les fictions québécoises du XXIe siècle. Presses de l’Université de Montréal.
Biron, M., Dumont, F., & Nardout-Lafarge, É. (dir.) (2007). Histoire de la littérature québécoise. Boréal.
Blais, M. (2025). Faire œuvre de mémoire : écritures de soi et de l’histoire dans quelques fictions narratives québécoises contemporaines (1995-2023). Thèse de doctorat, Université de Montréal.
Boisclair, I., Landry, P.-L., & Poirier Girard G. (dir.) (2020). QuébeQueer. Le queer dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques québécoises. Presses de l’Université de Montréal, coll. « Nouvelles Études québécoises ».
Bradette, M.-È., (2024). Langue(s) en portage. Résurgence littéraire et langagière dans les écritures autochtones féminines. Presses de l’Université de Montréal, coll. « Expressions autochtones ».
Defraeye, J., & Lepage, É. (dir.) (2019). Approches écopoétiques des littératures française et québécoise de l’extrême contemporain. Études littéraires, vol. 48, 3 / 2019.
Dion, R., & Mercier, A. (dir.) (2019), La construction du contemporain. Discours et pratiques du narratif au Québec et en France depuis 1980. Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Espace littéraire ».
Gatti, M. (2004), Littérature amérindienne du Québec : Écrits de langue française. Éditions Hurtubise.
Giaufret A. (2021). Montréal dans les bulles : Représentations de l’espace urbain et du français parlé montréalais dans la bande dessinée. Presses de l’Université Laval.
Gilbert, D. (dir.) (2020). Le théâtre contemporain au Québec, 1945-2015. Presses de l’Université de Montréal.
Mercier A., & Nardout-Lafarge É. (dir.) (2016). Nouvelles maisons d’édition, nouvelles perspectives en littérature québécoise ? Études françaises, vol. 52, 2 / 2016.
Micone, M. (2021), On ne naît pas Québécois, on le devient, Montréal, Delbusso Éditeur. 2021.
Nepveu, P. (2022). Géographies du pays proche. Poète et citoyen dans un Québec pluriel. Boréal.
Robert, L. (2019) [1989]. L’institution du littéraire au Québec. Presses de L’Université Laval.
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Les propositions de contributions seront au maximum de 500 mots, suivis de 5-6 mots-clefs et de cinq lignes maximum de biographie. Les communications se feront en français et dureront 20 minutes.
Veuillez adresser vos propositions au comité organisateur au courriel suivant : colloque-quebec2026@du.se avant le 15 septembre 2025.
Les communications retenues seront annoncées à partir du 15 octobre.
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Comité organisateur :
André Leblanc (Dalarna University)
Mette Ruiz (Dalarna University)
Ugo Ruiz (Université de Göteborg)
Comité scientifique :
Hélène Amrit (Université de Limoges)
Michel Biron (Université McGill)
Marco Modenesi (Université de Milan)
Michał Obszyński (Université de Varsovie)
Lucie Robert (UQAM)