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Dynamiques identitaires dans les Amériques des années 2000 à nos jours : résistance, résilience et empowerment (Univ. des Antilles)

Dynamiques identitaires dans les Amériques des années 2000 à nos jours : résistance, résilience et empowerment (Univ. des Antilles)

Publié le par Marc Escola (Source : Bruce Jno-Baptiste)

Journée d’études

Dynamiques identitaires dans les Amériques des années 2000 à nos jours: résistance, résilience et empowerment

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Date limite d’envoi des propositions : 30 septembre 2025

Notification d’acceptation : 6 octobre 2025

Date de l’évènement : 4 décembre 2025

Lieu : Université des Antilles, Campus de Schœlcher, Faculté Jean Bernabé

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Organisateurs :

- Alexandra Roch, MCF Etudes Anglophones (CRILLASH)

- Bruce Jno-Baptiste, MCF Etudes Anglophones (CRILLASH)

Appel à communication : 

Les différents évènements politiques, sociaux, culturels et artistiques depuis les années 2000 dans les Amériques ont remis considérablement en question les dynamiques identitaires dans ces espaces.

L’identité se caractérise en termes de mouvements, de déplacements, de flux migratoires et d’influences multiples, divers et variés. Ainsi, comme l’indique Mokhtar Kaddouri, les dynamiques identitaires, « renvoie à interaction, tension, mouvement, force, et dans son usage substantivé, il désigne des théories qui ont pour objet l’étude des forces en interaction, les tensions et les conflits qui les animent, ainsi que les mouvements qu’elles produisent »[i]. Ces situations en tension poussent les Caribéens à repenser leur rapport avec leur représentation et avec le monde. En novembre 2021, la Barbade décide de changer de statut politique et marque sa volonté définitive et ouverte de s’affranchir de la monarchie britannique et donc du passé colonial. Le 25 février 2025, la Martinique marque son rapprochement avec les autres îles du bassin caribéen en devenant membre associé de la CARICOM[ii]. Cette organisation politique régionale qui regroupe 21 pays de la Grande Caraïbe, permet depuis 1973 de faire fonctionner l’intégration régionale. Ces évolutions politiques témoignent d’une forte volonté de se reconstruire, de s’affirmer en tant que Caribéen et de sortir des conséquences de l’esclavage et briser les liens avec le passé colonial. Les changements climatiques, les catastrophes naturelles ainsi que les crises sanitaires telles que la COVID-19 sont des évènements qui bouleversent le développement de ces jeunes petits Etats et rendent la construction identitaire difficile dans ces espaces.  

C’est conforté par ces constats que les organisateurs de cette journée d’études se proposent donc d’examiner et d’interroger les dynamiques identitaires dans les Amériques des années 2000 à nos jours en mettant en perspective trois concepts majeurs : la résistance, la résilience et l’empowerment. 

Ces trois concepts se retrouvent au carrefour de champs d’études aussi nombreux que variés. Appliqués à l’aire géographique des Amériques, ces concepts deviennent palpables car ils reflètent les dynamiques historiques, sociales, politiques, économiques et artistiques qui définissent actuellement nos sociétés postcoloniales. Tous ces domaines, sans être exhaustifs, témoignent de la vitalité de ces trois concepts et des liens qui existent entre eux.

La résistance apparaît comme une notion fondamentale dans l’émancipation de l’Afro-descendant puisqu’elle permet le réontologisme de ce dernier c’est-à-dire « le dépassement de leur expérience douloureuse et traumatique[iii] ». La résistance dans ces territoires se manifeste par des stratégies mises en place afin de sortir des conséquences du passé esclavagiste et colonial. Le désir d’une agentivité constitue le facteur à l’origine des actes de résistance.

Pour la géographe française Magali Reghezza, le mot « résilience » désigne à la fois une propriété, un état et le processus qui conduit à cet état. Est résilient tout enjeu qui est capable d’absorber une perturbation et de récupérer, se relever, se reconstruire, se réorganiser, sans changer radicalement de nature, de fonction ou de structure.[iv] Par « résilience », ils entendent la capacité à survivre à des événements catastrophiques majeurs et à limiter l’endommagement, à s’auto-organiser pendant la phase d’urgence qui suit le cyclone, et à se relever (reconstruction matérielle et/ou psychologique)[v]. La résilience qui est un processus qui permet de reprendre un autre développement après un traumatisme est désormais souvent utilisé pour décrire une nouvelle posture des petits états de la Caraïbe qui doivent composer avec leur vulnérabilité géographique, économique et sociale intrinsèque et simultanément adopter des stratégies ambitieuses pour contrer ces vulnérabilités. La Dominique et la Barbade sont deux exemples de SIDS (Small Island Developing States) qui sont engagés dans ce processus et se positionnent comme des leaders caribéens dans l’innovation stratégique pour la résilience. Quels sont les enjeux derrière ce processus de résilience ? Ces sociétés ont elles les moyens de leur projet de résilience ?

L’étymologie anglophone du terme empowerment met bien en relief cette idée de délégation de pouvoir à une communauté donnée, pour mener des actions pour un changement social. Le concept suscite alors l’idée d’un projet politique qui permettrait une meilleure prise en considération de minorité qu’elles soient linguistiques, culturelles, religieuses ou sexuelles.    Ainsi, comme l’indique Michaël Bougatte[vi], « l’empowerment peut être regardé de deux manières : soit c’est un processus consistant, pour un individu ou un groupe d’individus, à donner davantage de pouvoir à d’autres personnes pour leur permettre d’agir sur le fonctionnement de la société. Soit c’est un processus par lequel un individu ou un groupe d’individus acquiert les moyens de s’émanciper et de renforcer sa capacité d’action ».

Dès lors, comment les groupes et minorités arrivent-ils à prendre le pouvoir pour faire entendre leur voix ? Comment penser l’identité dans ces espaces anciennement colonisés ? Comment se construisent ou se reconstruisent ces espaces ? Comment se construisent ces espaces malmenés politiquement, socialement, économiquement et culturellement ? Comment les artistes et les écrivains représentent-ils ces espaces ? Comment les dynamiques identitaires influencent-elles la créativité ? Quels impacts peuvent avoir les dynamiques identitaires sur la société ? 

Cette journée d’études s’intéresse aussi à la création et aux modes de représentation des identités dans les sociétés francophones, hispanophones, anglophones, néerlandophones et créolophones des Amériques. C’est ainsi qu’il s’agira d’apporter un éclairage sur les nouvelles dynamiques, induites par ces trois concepts, à l’œuvre dans les Amériques. 

Voici quelques axes d’études, non exhaustifs et non exclusifs les uns des autres, dans lesquels pourront s’insérer les propositions de communication :

- Féminisme et empowerment

-Construction identitaire

-Représentations dans la littérature et les arts

-Reconstruction 

-création, imaginaire et résistance

-Résilience, résistance et catastrophes naturelles 

-Mobilisations et protestations sociales 

-Religions, résistances et résilience.

-Marronnage contemporain, résistance et empowerment 

-Réparation et empowerment

Conditions de soumission :

Nous invitons les chercheuses, chercheurs, les doctorants et les étudiants de master de multiples disciplines des sciences humaines et sociales à présenter une communication. Cette journée d’études sera en hybride (Visioconférence et présentiel).

Les propositions de communication de 500 mots et une bio/bibliographie sont à adresser avant le 30 septembre à : alexandra.roch@univ-antilles.fr et bruce.jno-baptiste@univ-antilles.fr

La notification d’acceptation sera envoyée le 6 octobre 2025. Les actes de la journée d’études seront publiés.

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[i] Kaddouri, Mokhtar. « Les dynamiques identitaires : une catégorie d’analyse en construction dans le champ de la formation des adultes ». Savoirs, 2019/1 N° 49, 2019. p.13-48. CAIRN.INFO, shs.cairn.info/revue-savoirs-2019-1-page-13?lang=fr.
[ii] https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/21/en-quete-d-integration-regionale-la-martinique-adhere-a-la-communaute-caribeenne_6557607_823448.html
[iii] "Désontologisme et réontologisme des esclaves et des marrons" in Bernabé, Jean; Bonniol, Jean-Luc; Confiant, Raphaël; L’etang, Gerry (eds), Au visiteur lumineux. Des îles créoles aux sociétés plurielles. Pointe-à-Pitre: Ibis Rouge, 2000, pp. 103-114
[iv] Reghezza, M. (2020). La Résilience : Opportunité ou Fausse Piste ? Annales des Mines - Responsabilité & environnement, 98(2), 69-73. https://doi.org/10.3917/re1.098.0069.
[v] Fanny Benitez, Magali Reghezza-Zitt et Nancy Meschinet de Richemond, « Culture du risque cyclonique et résilience individuelle en Guadeloupe et à Saint-Martin », EchoGéo [En ligne], 51 | 2020, mis en ligne le 15 avril 2020, consulté le 09 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/echogeo/18567 ; DOI : https://doi.org/10.4000/echogeo.18567
[vi] Bourgatte Michaël, « Empowerment » Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Mis en ligne le 20 mai 2021. Dernière modification le 10 mars 2023. Accès : https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/empowerment.