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Écrivaines ouvrières, paysannes et précaires. Contribution à une histoire littéraire de l’émancipation au XXe siècle

Écrivaines ouvrières, paysannes et précaires. Contribution à une histoire littéraire de l’émancipation au XXe siècle

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Alexis Buffet)

Écrivaines ouvrières, paysannes et précaires
Contribution à une histoire littéraire de l’émancipation au XXe siècle

Journée d’études, Université de Lille, Laboratoire Alithila (ULR 1061)
Mercredi 3 décembre 2025

Ces dernières années, des travaux de plus en plus nombreux ont contribué à remettre en lumière les écritures prolétarienne, ouvrière, et, dans une moindre mesure, paysanne, permettant de lire à nouveaux frais des œuvres rééditées comme celles d’Henry Poulaille, Constant Malva, Georges Navel, Jean Malaquais, ou qui ne le sont pas encore comme celles de Pierre Hamp ou Albert Soulillou, parmi d’autres. Si les historien·nes du travail et les sociologues (Ambroise, 2001) se sont largement penché sur la trajectoire des auteurs prolétariens et les écrits d’ouvriers, cela est vrai également des études littéraires (Vigna, 2016 ; Leport, 2021). Ces dernières permettent de remettre en question la doxa critique qui a longtemps considéré cette production comme relevant du témoignage singulier et a insisté sur sa portée documentaire — suivant en cela de près la rhétorique mise en œuvre par le fondateur même de l’école prolétarienne, Henry Poulaille. Ont ainsi pu être interrogées la manière dont s’élabore un ethos spécifique dans les écrits prolétariens (Martinet, 2016), mais aussi la valeur proprement littéraire de ces œuvres et la façon dont elles ont contribué à redéfinir les frontières du littéraire et à questionner la constitution du canon (Buffet, 2016).

Plusieurs thèses récentes ont permis d’approfondir l’exploration de cette importante littérature d’expression ouvrière dans l’entre-deux-guerres, trop souvent occultée par les histoires littéraires et les essais contemporains, qu’elles réfléchissent aux liens entre littérature et travail précaire dans une perspective d’histoire littéraire et de poétique comparée (Pleuchot) ou qu’elles pensent les productions des plumes ouvrières comme des « actes de littérature » visant à reconfigurer les rapports de force (Myers). Ces différentes recherches contribuent à redonner à ces écrits la place qui leur revient dans l’élaboration des littératures dites du « réel » — témoignage, enquête, écriture documentaire —, une dynamique qui semble aujourd’hui dominer le paysage contemporain. Corinne Grenouillet a ainsi pu étudier les diverses formes de témoignages sur le travail en usine au tournant du XXIe siècle (2015), quand les romans de l’entreprise ont fait l’objet de l’attention d’Aurore Labadie (2016).

Face à ce regain d’intérêt pour ces littératures produites par des auteurs appartenant aux classes dominées, il reste un angle mort qui concerne la place spécifique réservée aux femmes. Les autrices prolétariennes, paysannes ou précaires semblent en effet doublement occultées, de par leur statut de prolétaire et leur condition de femme. Si l’on cite volontiers le nom de Marguerite Audoux et, plus rarement, celui de Neel Doff, on ne regarde guère au-delà de ces deux massifs qui servent de caution à une histoire littéraire essentiellement forgée par le regard masculin. Henry Poulaille lui-même n’est pas étranger à ce travers : les femmes citées dans Nouvel âge sont réduites à la portion congrue, et font le plus souvent l’objet de simples mentions lors d’énumérations. Si, comme le pense Xavier Vigna dans L’Espoir et l’effroi (2016), « l’écriture ouvrière, qui réplique et réfute, œuvre à l’émancipation individuelle et collective », alors, il est indispensable de s’interroger sur le choix de l’écriture littéraire des écrivaines prolétariennes et assimilées, qu’elles aient été ouvrières (Jeanne Bouvier, Claire Etcherelli, Dorothée Letessier, Nella Nobili, Monique Piton…), paysannes (Claire Méline, Odette Magariau, Thérèse Jolly…), garde-barrières (Rose Combe), travailleuses précaires (Céline Lhotte, Hélène Bessette), petites employées… Ces autrices ont donné lieu à une littérature quantitativement et qualitativement non négligeable, s’illustrant dans des genres aussi variés que la prose fictionnelle ou documentaire, le témoignage, la poésie, voire l’essai. Si le travail a, chez les auteurs ouvriers, déjà un impact structurel et thématique sur le récit, qu’en est-il des récits du travail au féminin, où la précarisation de classe est redoublée par la précarisation du genre ? Qu’est-ce qui les conduit à la prise d’écriture et dans quels buts ?

Il y a quelques années, un ouvrage collectif sur les Working-class Literature(s) a rappelé qu’il est difficile d’étudier les écrits d’ouvriers en les cantonnant à leurs seules frontières nationales (Lennon, Nilsson, 2017). En effet, ces littératures du travail sont foncièrement internationales : elles s’inscrivent dans des réseaux (revue, traduction, édition, correspondance, sociabilité, syndicat) mais partagent aussi des poétiques communes. Il importe donc d’envisager conjointement ces voix ouvrières et paysannes dans une perspective comparatiste. Si certaines autrices ont déjà été traduites (Martinson, Pagu, Carnès) et que l’actualité éditoriale permet, ou s’apprête à permettre en 2025, au lectorat français de découvrir de grandes voix ouvrières américaines, telles que Babb ou Smedley, il en reste encore beaucoup à découvrir (Yezierska, Le Sueur, Herbst, Olsen, Takako…). Penser ces autrices comme un ensemble, bien qu’éclectique, est une manière d’infléchir l’historiographie littéraire dominante, mais également de découvrir de nouveaux aspects du récit ouvrier par ce que la spirale précarisante du genre impose au récit : les autrices sont, par exemple, plus sensibles que leurs homologues masculins à des problématiques contemporaines comme les violences sexistes et sexuelles, le harcèlement au travail, voire des problématiques pré-écologiques.

Sans prétendre à l’exhaustivité, cette journée d’études se propose de pallier à ce que Michelle Perrot appelait dans la biographie qu’elle consacre à Lucie Baud « un véritable déficit de mémoire ». Elle se veut une contribution à l’histoire littéraire de l’émancipation qu’il convient de continuer à écrire. Il s’agira donc d’interroger ces œuvres variées et le parcours de leurs autrices dans leurs liens spécifiques avec l’écriture littéraire. Les approches comparatistes, sociocritiques et/ou relevant des études de genre seront privilégiées, de même que les études sur corpus présentant un caractère synthétique, englobant plusieurs titres et/ou autrices. Un corpus indicatif d’écrivaines figure à la fin de l’appel. Les propositions pourront s’inscrire, sans s’y limiter toutefois, dans un ou plusieurs des axes suivants :

Axe 1. Questions de poétique et enjeux littéraires

- quels sont les ethos discursifs et postures d’autrices proposés par ces écrivaines ?

- quels « actes d’écriture » mettent-elles en place ?

- quels genres littéraires investissent-elles : autobiographie, témoignage, roman, conte, essai, reportage, prose documentaire, poésie… ?

- comment ces œuvres s’inscrivent-elles dans le paysage littéraire de leur temps (réseaux, revues, sociabilités littéraires) ? On pourra questionner les rapports à la modernité, aux avant-gardes, ou au contraire leur conformisme éventuel.

- quelles sont les références intertextuelles mobilisées dans ces textes ?

Axe 2. Questions de représentations et enjeux mémoriels

- la représentation de la condition de femme dans leurs textes : les spécificités de la condition ouvrière et paysanne féminine sont-elles soulignées ? comment sont-elles mises en scène ? peut-on dégager des récurrences, voire de véritables topoï, par exemple les violences faites aux femmes, la maternité, les questions de santé féminine… ?

- quels événements historiques, sociaux sont mis en scène ?  sont-ils distincts de ceux mobilisés par les auteurs prolétariens ou paysans ?

- quelle est la portée politique et sociale de ces écrits ? faut-il penser cette prise d’écriture comme un acte d’émancipation et selon quelles modalités ?

Axe 3. Histoire littéraire et réception

- la réception a-t-elle été discriminante, misogyne ?

- quelle place ces autrices trouvent-elles dans les histoires de la littérature, les anthologies et les panoramas ?

- comment accèdent-elles à l’édition et à la publication : quels obstacles et résistances ? quelles stratégies de contournement ? quels lieux de parution ?

- l’invisibilisation du travail littéraire de ces femmes écrivaines, qui deviennent parfois secrétaires, à l’ombre des « grands » hommes : secrétariat, (re)lectrice, correctrice de manuscrits…

- quels réseaux de sociabilité ? les autrices ouvrières et assimilées tentent-elles de se fédérer en groupes ?

- quelle postérité pour ces écrits ? On pourra par exemple s’intéresser aux relectures féministes des autrices du travail dans les années 1970, surtout aux États-Unis.

 

Les propositions de communication devront être envoyées avant le 15 septembre 2025 conjointement à alexis.buffet@univ-lille.fr et victoria.pleuchot@gmail.com

Elles comprendront environ 250 mots et seront accompagnées d’une brève biobibliographie de l’auteur·rice, pour une réponse du comité scientifique début octobre.

 

Comité d’organisation

Alexis Buffet (Université de Lille)

Victoria Pleuchot (Université d’Artois)

Comité scientifique 

Sarah Al-Matary (Université du Havre)

Hélène Baty-Delalande (Université de Rennes)

Stéphane Chaudier (Université de Lille)

Paul Dirkx (Université de Lille)

Maria Chiara Gnocchi (Université de Bologne, Italie)

Charlotte Lacoste (Université de Nancy)

 

Corpus indicatif

Marguerite Audoux, Marie-Claire, 1910 ; L’Atelier de Marie-Claire, 1920.

Michèle Aumont, Femmes en usine, 1953 ; Dialogues de la vie ouvrière, 1953 ; Le Monde ouvrier inconnu, 1956 ; En usine, pourquoi ?, 1958.

Sanora Babb, Whose Names are Unknown, 1939-2004 ; An Owl on Every Post, 1970 ; On the Dirty Plate Trail. Remembering the Dust Bowl Refugee Camps, 2007 (posth.)…

Angélina Bardin, Angélina, une fille des champs, 1956 ; Vous qui passez sur la route…, 1957 ; La Voix de la maison, 1958…

Colette Basile, Enfin, c’est la vie, 1975 ; Ma vie comme je peux, 1977.

Lucie Baud, « Les Tisseuses de soie dans la région de Vizille », 1908.

Hélène Bessette, Ida ou le délire, 1973.

Simone Bodève, La Petite Lotte, 1907 ; Celles qui travaillent, 1913 ; « Réflexions féministes », 1913.

Maria Borrély, Sous le vent, 1930 ; Le Dernier feu, 1931 ; Les Reculas, 1932…

Jeanne Bouvier, La Lingerie et les Lingères, 1928 ; Mes mémoires, ou 59 années d’activité industrielle, sociale et intellectuelle d’une ouvrière, 1936…

Émilie Carles, Une soupe aux herbes sauvages, 1977 ; Mes rubans de la Saint-Claude, 1982.

Luisa Carnès, Tea Rooms. Mujeres obreras, 1934.

Lucie Colliard, Une belle grève de femmes : Douarnenez, 1925.

Rose Combe, Le Mile des Garret, 1931…

Neel Doff, Jours de famine et de détresse, 1911 ; Contes farouches, 1913 ; Elva, 1929…

Claire Etcherelli, Élise ou la vraie vie, 1964 ; À propos de Clémence, 1971 ; Un arbre voyageur, 1978…

Adeline Geaudrolet, Amours paysannes : travaux et déboires sexuels d’une femme de la campagne, 1980.

Josephine Herbst, Pity is not Enough, 1933…

Ethel Carnie Holdsworth, Rhymes from the Factory, 1907 ; Songs of a Factory Girl, 1911 ; The Lamp Girl, 1913…

Jeanne Humbert, En pleine vie : roman précurseur, 1930 ; Le Pourrissoir Saint-Lazare : choses vues, entendues et vécues, 1932…

Thérèse Jolly, Les Bergers, 1974 ; Marie-Terre, 1977…

Meridel Le Sueur, The Girl, 1939…

Dorothée Letessier, Le Voyage à Paimpol, 1981…

Florence Littré, La Mauvaise herbe : souvenirs et confidences, 1946 ; Comme l’oiseau sur la branche : souvenirs d’une suppléante du primaire, 1976…

Céline Lhotte, Ma Mère Riquet, croquis sociaux, 1928 ; La Petite fille aux mains sales, 1928 ; Essais sociaux, 1931...

Aurélie Lopez, Aurélie. Journal d’une OS, 1979.

Odette Magariau, ’Rin d’gavelle, patoiseries, 1968 ; Incendie de frontières, 1970 ; À contre-courant, 1975…

Moa Martinson, Kvinnor och äppelträd, 1933…

Claire Méline, Le Petit père d’Étienne Le Rouge, 1976.

Nella Nobili, La Jeune fille à l’usine, 1978…

Tillie Olsen, Yonnondio. From the Thirties, 1934 ; Tell me a Riddle, 1960 ; Silences, 1978…

Pagu (Patrícia Galvão), Parque industrial. Romance proletario, 1933.

Hélène Patou, Le Domaine du hameau perdu, 1972.

Madeline Ricaud, productions radiophoniques.

Agnes Smedley, Daughter of Earth, 1929 ; China Fights Back: An American Woman with the Eighth Route Army, 1938…

Henriette Valet, Madame 60 bis, 1934 ; Le Mauvais temps, 1937…

Raymonde Vincent, Campagne, 1937 ; Blanche, 1939…

Lise Wanderwielen, Lise du plat pays, 1983.

Anzia Yezierska, Salome of the Tenements, 1923 ; Bread Givers. A Struggle between a Father of the Old World and a Daughter of the New, 1925… 

Bibliographie critique sélective

AL-MATARY, Sarah (coord.), Les Études sociales. Enquêtes – Éducation – Sciences sociales, no 176, « L’autodidaxie (XIXe-XXIe siècles) », 2e semestre 2022.

AMBROISE, Jean-Charles, « Écrivain prolétarien : une identité paradoxale ». Sociétés Contemporaines, no 44, 2001.

- « Entre littérature prolétarienne et réalisme socialiste : le parcours de Tristan Rémy ». Sociétés & Représentations, 15(1), 2003, p. 39-63. URL : https://doi.org/10.3917/sr.015.0039.

ARON, Paul, La littérature prolétarienne en Belgique francophone depuis 1900, Bruxelles, Labor, 2006.

BECERRA MAYOR, David, El realismo social en España: historia de un olvido, Macerata, Quodlibet, 2017.  

BUFFET, Alexis, « Pierre Hamp. Un précurseur de la littérature prolétarienne et un chaînon oublié de la littérature documentaire ». Roman 20-50, no 78, décembre 2024.

- « Henry Poulaille et la difficile subversion du roman : autobiographie, faits divers, documents et collage ». Roman 20-50, no 63, juin 2017.

COINER, Constance, Better Red: the Writing and Resistance of Tillie Olsen and Meridel Le Sueur, New York, Oxford University Press, 1995. 

CURATOLO, Bruno et MORZEWSKI, Christian (coord.), Roman 20-50, n° 63, « Henry Poulaille : Le Pain Quotidien, Les Damnés de la Terre, Pain de soldat », juin 2017.

DEARCOPP, Joanne et HILL SMITH, Christine (dir.), Unknown no More. Recovering Sanora Babb, Norman, University of Oklahoma Press, 2021.

DOW, William, « “Class, Work, and New Races: Zora Neale Hurston’s Their Eyes Were Watching God and Agnes Smedley’s Daughter of Earth” ». Narrating Class in American Fiction, New York, Palgrave Macmillan, 2009, p. 163‑185.

GRENOUILLET, Corinne, Usines en textes, écritures au travail. Témoigner du travail au tournant du XXIe siècle. Classiques Garnier, coll. Études de littérature du XXe, 2014.

LABADIE, Aurore, Le Roman d’entreprise au tournant du XXIe siècle. Presses Sorbonne Nouvelle, coll. Fiction/Non-fiction XXI, 2016.

LAUNIUS, Christie, « The Three Rs: Reading, (W)riting, and Romance in Class Mobility Narratives by Yezierska, Smedley and Saxton ». College Literature, n°34, 2007, p. 125-147.

LENNON, John et NILSSON, Magnus (dir.), Working-Class Literature(s): Historical and International Perspectives, Abuja, White House Press Limited, 2017.

LEPORT, Éliane, Écrire sa vie, devenir auteur. Le témoignage ouvrier depuis 1945. EHESS, coll. En temps & lieux, 2021. 

LÓPEZ, Dolores Romero (dir.), La mujer moderna de la Edad de Plata (1868-1936): disidencias, invenciones y utopías. Feminismo/s, n°37, janvier 2021.

MARTINET, Jean-Luc, « Comment lire les textes prolétariens ? De l’instabilité générique à l’unité de ton : l’exemple de Constant Malva ». Roman 20-50, no 61, juin 2016.

- « La malédiction de l’écrivain prolétarien : Constant Malva ». Textyles [En ligne], no 53, 2018. URL : http://journals.openedition.org/textyles/2887; DOI : https://doi.org/10.4000/textyles.2887.

- « Un usage politique du conte : les écrivains prolétariens et le conte (Neel Doff, René Bonnet et Henry Poulaille) ». L’épanchement du conte dans la littérature, Christiane Connan-Pintado et al. (dir.), Pessac : Presses Universitaires de Bordeaux, 2018, https://doi.org/10.4000/books.pub.7781.

MYERS, Samia, Plumes ouvrières, littératures en action : travail et mondes du travail dans les écrits littéraires d’ouvriers et d’ouvrières de la première moitié du XXe siècle, thèse soutenue à l’Université de Strasbourg le 25 octobre 2024.

PERROT, Michelle, Mélancolie ouvrière. Grasset, coll. Nos héroïnes, 2012.

PLEUCHOT, Victoria, Littérature romanesque et travail précaire. 1918-1939, thèse soutenue à l’Université d’Artois le 15 novembre 2023. À paraître en 2026, Classiques Garnier, coll. Perspectives comparatistes. 

RABINOWITZ, Paula, Labor and Desire: Women’s Revolutionary Fiction in Depression America, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1991.

VIGNA, Xavier, L’Espoir et l’effroi. Luttes d’écriture et luttes de classes en France au XXe siècle. La Découverte, 2016. 

ZANDY, Janet (ed.), Calling Home: Working-Class Women’s Writings. An Anthology, New Brunswick, Rutgers University Press, 1990. 

Fragments. Revue de littérature prolétarienne, 11 numéros parus.