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La percée culturelle et médiatique de l’IA (revue Hybrid)

La percée culturelle et médiatique de l’IA (revue Hybrid)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Laura Boisset)

APPEL À PROPOSITIONS 

La percée culturelle et médiatique de l’IA

Numéro 16 de la revue Hybrid

Direction : Marie Chagnoux & Christophe Magis

Si le sujet de l’intelligence artificielle (IA) sature actuellement les discours et les imaginaires économiques, politiques et sociaux des sociétés occidentales, le focus y est essentiellement mis sur la dimension « générative », ou « Gen AI ». Pourtant, les technologies s’appuyant sur l’intelligence artificielle colonisent en réalité notre quotidien — quand elles ne le guident pas — depuis déjà plus de trente ans. Mais c’est seulement à partir de l’émergence de cette IA dite « générative » et de son déploiement, à partir de 2022, dans le secteur de la production culturelle, que s’est mise en place une remarquable inflation discursive autour de l’IA accompagnant un ensemble de mouvements dans la socio-économie des industries culturelles, avec une course aux investissements de la part des géants du numérique et une survalorisation des activités associées. La diffusion de logiciels comme Midjourney, ChatGPT ou MusicLM semble avoir ébranlé l’idée, partagée aussi bien par les professionnel·les que par le grand public, selon laquelle le domaine de la création serait d’essence humaine et demeurerait inaccessible aux capacités d’une machine. Il s’ensuit une fébrilité, tour à tour euphorique et anxieuse, qui amplifie l’impression qu’un palier important vient d’être franchi dans le rapport de la société à la technique. L’expérimentation sauvage de la création d’images, de textes ou de chansons dans les sphères personnelles, et l’utilisation de plus en plus décomplexée des technologies génératives pour la génération de scripts, de prompts ou de documents dans divers secteurs de la culture, de l’enseignement ou, plus généralement, des services, ont considérablement nourri cet imaginaire.

Le présent dossier de la revue Hybrid se propose d’interroger cette percée culturelle et médiatique de l’intelligence artificielle. Il s’agit de questionner l’omniprésence actuelle de cette dernière, aussi bien dans les espaces publics (événements et émissions scientifiques, culturels et artistiques, etc.) que dans les conversations plus intimes, en la rattachant à l’histoire déjà longue des exaltations autour des innovations techniques dans le secteur médiatique. Pour ce faire, il s’organisera autour des 3 axes suivants : 

Axe 1 — L’IA générative comme nouvel avatar de la « société de l’information »

Les discours mythologiques sur les technologies médiatiques ont accompagné la réorientation des appareils de production des économies occidentales depuis l’entrée en crise du capitalisme industriel. Prophétisant à chaque fois la sortie de crise en s’appuyant sur telle ou telle particularité du fonctionnement socio-économique des médias, ces discours — quelles qu’aient pu être leurs contradictions internes — ont entretenu l’imaginaire de la « société de l’information », qui a accompagné les transformations néolibérales du capitalisme depuis une cinquantaine d’années. Après l’essor des « autoroutes de l’information », du « cyberespace » ou, plus récemment, du « Web 2.0 » puis du « Web3 », il apparaît que l’« IA » (syntagme désormais employé par métonymie pour « IA générative ») est devenue le nouvel avatar de la société de l’information ainsi, en conséquence, que la technologie médiatique dans laquelle le capitalisme tardif concentre actuellement ses investissements comme ses espoirs de relance. Ce premier axe propose d’explorer cette hypothèse. Il pourra donner lieu à l’étude des emballements spéculatifs autour de l’IA, notamment de la part des géants du numérique, ainsi qu’à l’analyse de la manière dont les différents acteurs socioéconomiques justifient leurs stratégies actuelles d’investissement. D’une manière plus générale, il s’agira également de documenter la façon dont l’intelligence artificielle rejoue les différents thèmes récurrents des discours autour de la « société de l’information », voire en amplifie certains tout en en délaissant d’autres.

Axe 2 — L’IA générative comme « moment discursif »

Du point de vue discursif, les discours experts et profanes consacrés à l’IA générative à partir de 2022 peuvent être abordés suivant une double perspective. D’une part, ces discours permettent d’appréhender et de qualifier l’IA générative comme une réalité éprouvée et extérieure. II s’agira alors d’étudier les éléments langagiers, rhétoriques, sémiotiques et communicationnels, les cristallisations lexicales ou stylistiques qui la définissent et caractérisent les imaginaires qui lui sont associés. D’autre part, il est possible d’étudier le moment discursif comme un fait social pour lui-même, de son émergence à son déploiement, en s’interrogeant sur les formes et les dynamiques dans lesquelles il s’incarne. Il s’agira alors d’étudier par exemple la dynamique temporelle de cette saturation thématique dans les médias et les espaces de discussion en ligne, ou d’explorer les controverses qu’elle peut susciter. Il est également possible de proposer des analyses contrastives entre les espaces médiatiques pour montrer comment le champ discursif autour de l’IA générative se structure dans ces espaces.

Axe 3 — L’IA générative comme redéfinition anthropologique de la culture

En filigrane des emballements médiatiques et de la spéculation financière autour de l’IA générative se dessine une question fondamentale qui concerne le rapport des individus à la culture et à la création. Cette percée culturelle et médiatique de l’IA est, en effet, l’occasion d’une interrogation critique et réflexive aussi bien sur la création, notamment artistique, que sur les catégories au moyen desquelles on analyse habituellement la création. Parce qu’elle implique une redéfinition des frontières entre l’humain et le non-humain ou qu’elle déplace les limites de ce que comprend habituellement la catégorie d’art — par exemple, lorsqu’une œuvre générée par un logiciel est récompensée par des prix — elle pousse à un repositionnement du monde culturel et artistique, et plus généralement, des « travailleurs cognitifs » ou « travailleurs créatifs », qui doit aussi être interrogé. Ce troisième axe invite donc à des propositions abordant ces enjeux, qui pourront prendre la forme de créations ou de réflexions et élaborations théoriques, faisant appel aux champs de l’art, de la philosophie, de l’anthropologie ou de la psychologie. 

Contributions

2 formats d’intervention seront pris en considération : 

  • articles académiques (30 000 signes max chacun, paratexte compris) écrits en français ou en anglais ;
  • travaux de recherche-création présentant des œuvres, des comptes-rendus d’atelier ou des projets de création (une vidéo ou 12 images max ou 8 000 signes max ; la création doit être accompagnée du paratexte cité après et d’un court texte introductif afin de contextualiser l’œuvre).

Chaque contribution doit être accompagnée du paratexte suivant :

  • Une biographie de l’auteur ou l’autrice de la contribution de 800 signes maximum
  • Un minimum de 5 mots-clefs afin d’optimiser le référencement de l’article
  • Un résumé de 1500 signes max
  • Une bibliographie (pour les articles) aux normes APA 

Hybrid est une revue bilingue (français-anglais), numérique et bi-annuelle : https://journals.openedition.org/hybrid/

ArTeC prendra en charge la traduction de chacun des articles acceptés pour la publication (du français vers l’anglais ou vice-versa). La revue sera publiée sur OpenEdition Journals en open access par les Presses universitaires de Vincennes.

Remise des propositions

La proposition doit comporter le paratexte précité ainsi quʼun plan détaillé de l’article.

Dernier délai : 15 juillet 2025

Contact : edition@eur-artec.fr

Remise des contributions, si acceptation par la direction du numéro : novembre 2025

Parution : novembre 2026.