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Les traces d'un retour au temps cyclique

Les traces d'un retour au temps cyclique

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Marouene Souab)

L'association Rencontres d'Orléans organise son deuxième colloque international : "Les traces d'un retour au temps cyclique"

les 24 et 25 septembre 2025 à l'Unisson de Saint-Jean de La ruelle (45140)

Ce colloque se propose de revenir sur la question des "Traces d'un retour au temps cyclique et d'un recul de l'idée de Progrès", dans la littérature contemporaine de langue française.

Argumentaire :

Ce qui distingue l'homme de l'animal - et surtout l'homme des temps modernes - c'est la perception linéaire du temps. Depuis la révolution scientifique et industrielle, le temps est conçu comme une flèche irréversible, guidée par le progrès, l'innovation et l'accélération de la productivité (Hartog, 2003). Loin de cette vision, les sociétés traditionnelles, ainsi que le règne animal, vivent selon un temps cyclique, rythmé par les saisons et les âges de la vie (Eliade, 1949). La révolution industrielle et les avancées technologiques ont progressivement fragmenté le temps en unités de plus en plus réduites : les jours se sont morcelés en heures, en minutes, en secondes. Les hommes modernes, pris dans cet engrenage, peinent à suivre cette cadence effrénée, imposée par les horloges, les almanachs et les agendas numériques. La machine, d'abord, conçue comme un instrument d'émancipation, est devenue une contrainte, enfermant l'individu dans une logique de rentabilité et de consommation (Virilio, 1977).

Face à cette accélération du temps, de plus en plus de voix s'élèvent pour prôner un retour à la nature, une quête de simplicité et d'authenticité. Les préoccupations écologiques, la décroissance et le développement des mouvements alternatifs témoignent de cette volonté de renouer avec des modes de vie plus frugaux et en harmonie avec le rythme naturel (Latour, 1991). Ce besoin de ralentissement rappelle la conception traditionne du temps, où les cycles de la germination, des saisons et des générations structuraient la vie humaine.

Par ailleurs, la crise du progrès s'accompagne d'une quête de spiritualité. Deux générations après le mouvement hippie, on observe chez de nombreux jeunes une volonté de s'extraire du temps des machines au profit de l'aventure ou d'un dialogue avec le divin (Duvignaud, 1977). Le succès des philosophies orientales, du yoga, de la méditation, ou encore des communautés néo-rurales, illustre cette tentative de réconciliation entre l'individu et un temps plus naturel et sacré.

Comment la littérature témoigne-t-elle de cette crise du progrès et de la recherche d'un autre rapport au temps? Si le XXe siècle a été marqué par des récits exaltant la modernité et ses promesses, la littérature contemporaine semble davantage habitée par la nostalgie d'une temps plus lent et harmonieux. Des auteurs comme Pierre Rabhi (Vers la sobriété heureuse, 2010) ou Michel Serres (Petite Poucette, 2012) dénoncent l'aliénation du temps moderne et appellent à un retour à la simplicité.

De nombreux romans récents mettent en scène des personnages en rupture avec le temps accéléré de la ville, cherchent refuge dans des espaces naturels ou spirituels. On peut penser aux oeuvres de Sylvain Tesson avec son Dans les forêts de Sibérie (2011) qui raconte son retrait volontaire dans une cabine isolée, ou encore aux récits de Paolo Cognetti dans Les Huit Montagnes (2016) qui explorent la quête de sens à travers les lien avec la nature et la montagne.

La littérature reflète-t-elle cette tension entre le temps linéaire du progrès et la nostalgie du temps cyclique?

Dates importantes :

Les propositions de communication, de 300 à 500 mots accompagnées d'une notice bibliographique de quelques lignes, seront reçues jusqu'au 1er juillet 2025 à l'adresse mail suivante : rencontres.orleanaises@gmail.com

Le programme du colloque sera publié le 15 juillet 2025.

Le colloque se tiendra sur deux journées à Orléans.

Bibliographie indicative :

  • Bousenna Youness et Giroux Matthieu, dir. Résister à la modernité, "Philitt" 2014-2020
  • Caillois Roger (1958), Le mythe et l'homme, Paris, Gallimard
  • Cioran Emil (1973), De l'inconvénient d'être né, Paris, Gallimard
  • Duvignaud, Jean (1977), Sociologie de l'art, Paris, PUF
  • Eliade, Mircea (1949), Le Mythe de l'éternel retour, Paris, Gallimard
  • Giono, Jean (1938), Les Vraies richesses
  • Hartog, François (2003), Régimes d'historicité : Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil
  • Jarrige Français (2014), Technocritiques : Du refus des machines à la contestation des technosciences, Paris, La Découverte
  • Latour, Bruno (1991), Nous n'avons jamais été modernes, Paris, La Découverte
  • Quignard, Pascal (2012), Boutès, Paris, Grasset
  • Rabhi, Pierre (2012), Vers la sobrité heureuse, Paris, Actes Sud
  • Serres, Michel (2012), Petite Poucette, Paris, Le Pommier
  • Tesson, Sylvain (2011), Dans les forêts de Sibérie, Paris, Galllimard
  • Virilio, Paul (1977), Vitesse et politique, Paris, Galilée

Comité scientifique

Farah Zaïem, Université de la Manouba, Tunisie

Amélie Auzoux, Sorbonne Université, CNRS France

Allahchokr Assadolahi Tejarragh, Université de Tabriz, Iran

Khalil Baba, Université Mohammed I, Oujda, Maroc

Marouene Souab, Université de la Manouba, Tunisie

François Le Guennec, Université d'Orléans, Tunisie